LA PAROLE EST AU CAMARADE SIEYÈS - France Catholique
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LA PAROLE EST AU CAMARADE SIEYÈS

Chronique n° 456 parue dans France Catholique − N° 2188 − 06 janvier 1989

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Dernière histoire venue de là-bas (pardon si vous la connaissez déjà)1. Gorbatchev, ne sachant plus à quel saint se vouer, descend en enfer pour expliquer ses difficultés à Staline. − Camarade généralissime, dit-il, c’est à propos de la glasnost et de la perestroïka. J’ai beau publier des lois, prendre des décrets, obtenir votes unanimes et pleins pouvoirs, cela ne marche pas. − Diable ! et pourquoi ? − Je n’en sais rien. Le fait est que rien ne se passe. Tout le monde traîne les pieds. − Je vois, dit Staline. Heureusement le problème est simple. Voici la solution, en deux points. Premier point, vous fusillez le bureau politique et le praesidium. Deuxième point… Vous me suivez Gorbatchev ? − Je vous suis. Deuxième point… − ….Deuxième point, vous faites repeindre en vert le mausolée de Lénine. Gorbatchev, stupéfait : − En vert? pourquoi en vert ? Staline, après un silence : − Je constate, camarade Gorbatchev, que vous n’avez élevé aucune objection au premier point. Zinoviev, ce pessimiste impénitent et grandiose2, prétend que le crétinisme des soviétologues et dirigeants occidentaux est insondable et irrémédiable. Selon lui, à part peut-être une vaine agitation intellectuelle, rien n’est changé en URSS. Le seul vrai changement, dit-il, c’est l’applaudissement nourri qui accompagne en Occident toute initiative annoncée par M. Gorbatchev, toute parole tombée de ses lèvres. Parfois je me demande si Zinoviev n’a pas raison. Non que je doute comme lui de la bonne volonté de M. Gorbatchev et de ceux qui le soutiennent. Mais le résultat ? Considérons les informations, si l’on peut dire, qui nous parviennent de la malheureuse Arménie3. D’après l’agence Tass, une poignée de démagogues et de profiteurs ont saisi l’occasion de la catastrophe, les uns pour propager le nationalisme et la xénophobie et tenter d’agiter des pauvres gens décimés par le séisme, les autres pour détourner à leur profit une part de l’aide nationale et internationale. Ces voyous ont été arrêtés, jugés, envoyés en prison grâce à la vigilance des autorités. Là-dessus une discussion s’élève en Occident. Les uns (nous les connaissons depuis longtemps et ils n’étonnent plus personne) félicitent les autorités soviétiques d’avoir si promptement réagi. D’autres protestent, affirmant que ces autorités ont saisi l’occasion du drame pour accuser et mettre à l’ombre ceux qui leur déplaisent, sans autre considération. D’autre enfin s’interrogent : Où est la vérité ? J’ai lu la presse, écouté les ondes. Voilà, sauf omission, ce que j’ai lu et entendu. Or de quoi s’agit-il ? Evidemment on aimerait savoir s’il y a eu des démagogues, des opportunistes et des profiteurs. Il y en a toujours. Mais s’agissant de glasnost et de perestroïka4 une question toute autre se pose, et la réponse, hélas, est claire et donne à Zinoviev un argument malheureusement massif : M. Gorbatchev nous dit que la perestroïka vise entre autres choses à établir un état de droit, et la glasnost la possibilité de contrôler cet état de droit. Admettons que ces condamnations- minute aient frappé juste et que ceux qu’on a jeté en prison soient bien ce que Tass affirme. Un état de droit accorde la parole à l’accusé, ce me semble. Il y a des avocats, qui se débattent, font du bruit, ameutent la presse. Qu’avons-nous vu de tout cela ? Rien. Des démagogues, disent Tass et les médias soviétiques. Mais ni Radio Moscou ni aucun moyen public d’expression ne supporte ce que disent les démagogues. Il faut croire l’accusation. Que penserait-on de l’état de droit en France, si lors des récentes grèves, nous avions été informés, M. Krasucki n’étant même pas nommé5, que les meneurs avaient été arrêtés jugés et jetés en prison ? Chez nous, un avocat célèbre est inculpé sous divers motifs peu reluisants dont les journaux ne nous épargnent aucun détail, non plus que de ses déclarations et celles de sa défense6. Que penserait-on si l’on était informé qu’il a été arrêté, jugé et jeté en prison, point final ? Avec éventuellement ses défenseurs ? − Je constate, camarade Gorbatchev, que sur le premier point… Depuis le départ de M. Gromyko7, M. Gorbatchev est investi de plus de pouvoirs que personne chez lui depuis Staline. On nous disait que c’était pour établir l’état de droit. Où est cet état ? Que l’exclusion de Gromyko à l’unanimité, c’est-à-dire y compris son propre vote ait été la dernière des comédies du stalinisme, une sorte de juste conclusion de toutes les comédies jouées par M. Nyet lui-même, soit. On espérait que ce fut la dernière, je ne sais quelle application finale un peu dérisoire de la loi du talion. Plus sourdes que jamais sont les prisons de la malheureuse Arménie ? Voilà hélas le fait. Les seules protestations s’élèvent des Arméniens de la diaspora protégés par la liberté « bourgeoise ». Si glasnost il y a, alors, puisque les condamnés d’Erevan ne disent rien, il faut croire qu’ils ont voté comme M. Nyet leur propre condamnation. Si nous sommes requis d’avaler cela, oui, je me demande si Zinoviev n’a pas raison. Rendons à M. Gorbatchev cette justice : il n’y a jusqu’ici pas d’exemple d’une révolution réussie par le haut. Ce qu’a fait le roi d’Espagne existait déjà dans les esprits de la majorité des Espagnols. Ce qui ne diminue en rien son mérite. Mais enfin Juan Carlos avait, sauf l’armée, tout le monde derrière lui8. Soljenitsyne9 a plusieurs fois souligné qu’un premier palier, le plus important, serait franchi en URSS quand un régime de type franquiste y remplacerait la dictature universelle du parti unique. Voilà de quoi M. Gorbatchev essaie sans doute de sortir, et personne au monde n’a rien de valable à lui suggérer. On ne peut que prier. Puisse, Ô paradoxe, l’URSS évoluer vers une sorte de franquisme. Il semble que lui-même en ait conscience, car sinon on ne voit pas dans quel but il aurait imaginé cette nouvelle assemblée qui, le printemps prochain, doit être un peu élue10. Un peu, c’est-à-dire, pour la première fois, peut-être pas entièrement nommée par le parti. D’après ce qui en a été dit, un tiers de ses délégués représenteront le PC, un tiers on ne sait pas trop qui, et un tiers le suffrage universel. Est-ce un fantasme français ? Cette bizarre assemblée me fait espérer je ne sais quel Serment du Jeu de Paume, et alors, pourquoi pas ? Une Nuit du Quatre Août où l’on voterait dans l’enthousiasme l’« abolition des privilèges ». On peut rêver là-dessus, mais sur qui le PC US pourrait-il se décharger de son privilège essentiel, la propriété universelle ? Comme le remarquait l’ultra gorbatchevien Boris Eltsine11, destitué pour ses idées excessives, « tout ce que nous avons réussi depuis 1917 ? c’est la socialisation de la propriété » entendez l’accaparement de la nation par le Parti. L’URSS de 1988 n’est pas la France de 1788, car la France alors n’était pas la propriété du roi et de sa cour. Il y avait un tiers-état avec de longues dents, ses éminentes capacités ; tout prêt à remplacer les deux autres classes périmées. Le fameux petit libellé de Sieyès sur le tiers-état était d’une clarté merveilleuse et portait en lui-même la réponse aux questions qu’il posait. On attend un camarade Sieyès. Mais que pourrait-il dire en trois questions et trois réponses intelligibles à tout un peuple ? C’est là le drame : rien. Si c’était possible, ce serait fait. En URSS il y a le Parti, et puis rien. Comment donner la parole à ce rien ? Attendons l’assemblée un peu élue. Encore quelques mois. Aimé MICHEL PS 1) Dans quelques lignes consacrées récemment au « verdict du carbone 14 » sur le Saint Suaire, je contestais le mot « verdict », soulignant qu’en science il n’est pas prudent de se hâter. Ceux qui contestent ce « verdict » trouveront une excellente réfutation dans Le Linceul de Turin n’est pas un faux, de MM. Clercq et Tassot (Edition Œil, 4 rue Cassette à Paris). Les auteurs n’apportent aucun fait nouveau, mais argumentent très bien l’état de la question, même s’ils cognent un peu large. Le choix n’est pas, Dieu merci, entre l’authenticité du Suaire et la validité du test, dont la relativité (et l’utilité) sont bien connues et des archéologues et des physiciens. Il faut simplement dire que du point de vue scientifique, l’affaire n’est pas réglée tant que subsistent de graves contradictions. La relique garde tout son mystère12. 2) Radio Moscou émet en français. Essayer à 19 heures (heure française) sur 9 610 kHz, bande de 31 mètres ; ou à 15 h 30 sur 17 560 kHz, bande des 16 mètres. Les longueurs d’ondes les plus favorables varient selon les lieux de réception. Chronique n° 456 parue dans France Catholique − N° 2188 − 06 janvier 1989 Capture_d_e_cran_2014-11-10_a_12-28-10.png
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 18 février 2019

 

  1. En cette année 1989, cruciale pour l’avenir du bloc communiste, de l’Europe et du monde, Aimé Michel écrit seize chroniques (n° 456 à 471) dont sept traitent des évènements qui se déroulent en URSS. Cet intérêt se justifie aisément par la portée historique de ces évènements. Ce qui est en jeu ce n’est pas seulement le sort des 290 millions de citoyens soviétiques et de la centaine de millions d’habitants des pays d’Europe centrale et orientale, c’est le sort de la doctrine marxiste-léniniste, doctrine porteuse d’une conception de l’homme, de l’histoire, de la société et du monde, longtemps porteuse d’un espoir de vie meilleure pour lesquelles des millions d’hommes se sont sacrifiés ou ont été sacrifiés. Cet arrière-plan doctrinal et philosophique avec ses conséquences bien concrètes sur la vie de générations entières, Aimé Michel l’analyse depuis longtemps de manière critique. Les premières chroniques à ce sujet, parues en septembre et octobre 1975, traitent de La crise économique à l’Est (n° 217 et n° 220) à une époque où le Parti communiste est encore puissant en France et où le marxisme reste la philosophie dominante dans l’intelligentsia. Il n’y aura guère d’années par la suite sans qu’Aimé Michel n’évoque les difficultés économiques, sociales, politiques en URSS, les abus de pouvoir du régime et leur origine doctrinale. Les réformes annoncées par Mikhaïl Gorbatchev, qui est arrivé au pouvoir en 1985, suscitent l’intérêt passionné d’Aimé Michel car il voit bien que toute réforme ne peut qu’entrer en conflit avec les fondements mêmes du marxisme-léninisme (cinq chroniques sur le « surprenant M. Gorbatchev » et la société soviétique en 1987, à partir de n° 433). Avec Gorbatchev, l’échec sinon de la doctrine du moins de son application, est maintenant reconnu officiellement par les dirigeants soviétiques mais que va-t-il advenir des réformes entreprises ? Au cours de tous ces mois, A. Michel est resté à l’écoute quotidienne de Radio Moscou (voir les deux chroniques précédentes n° 451 et n° 454) pour tenter de suivre au plus près une actualité dont on ne sait pas encore sur quoi elle va déboucher et donc lourde de menaces. Cette série de chroniques inquiètes peut se lire encore aujourd’hui comme un feuilleton à suspense alors que les détails se perdent déjà dans les brumes d’une histoire qui jamais ne s’arrête. Elle sera mise en ligne au cours de l’année à raison d’une tous les mois. Je respecterai leur ordre de parution initiale mais j’intercalerai entre elles des chroniques portant sur d’autres sujets.
  2. Aimé Michel tenait le dissident Alexandre Zinoviev (1922-2006) en grande estime à la fois comme observateur de la société soviétique et comme romancier. Il en a parlé dans deux chroniques (n° 396, où il écrit qu’il est « le plus formidable écrivain de ce temps » et n° 441). Sur la vie de Zinoviev, voir la note 7 de n° 396).
  3. Le 7 décembre 1988 à 11h41, heure locale, l’Arménie est frappée par un séisme : deux secousses de 20-30 secondes se produisent à 4 minutes d’intervalle, la première de magnitude 6,9 sur l’échelle de Richter et la seconde de magnitude 5,8. Une faille préexistante s’ouvre sur une longueur d’une vingtaine de kilomètres dans la région de Spitak, à 100 km au Nord-Ouest d’Erevan. Cette faille résulte de la collision qui dure depuis plusieurs millions d’années des plaques tectoniques d’Afrique-Arabie et d’Eurasie. Dans la zone sinistrée de 70 km de long sur 40 de large vivent 700 000 personnes. L’effondrement des bâtiments provoque la mort de 25 à 30 000 personnes (environ 4% de la population de la région), plus de 15 000 blessés et 530 000 sans-abris. Au début c’est la confusion, les uns fuient les lieux tandis que d’autres viennent d’Erevan pour secourir leur famille, ce qui crée d’énormes embouteillages. Gorbatchev en visite aux États-Unis revient de manière précipitée. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’URSS accepte une aide étrangère. Après quelques dizaines d’heures, des secours massifs arrivent mais seules 80 personnes sont sorties vivantes des décombres. Aujourd’hui encore on peut voir à Gyumri (ex-Léninakan) les ruines des bâtiments effondrés et 2500 familles habitent toujours dans des conteneurs transformés en abris de fortune (https://papiers-armenie.fr/2018/02/14/domiks-de-gyumri-gloire-perdue-de-larmenie/)
  4. C’est-à-dire transparence et restructuration.
  5. Krasucki (1924-2003), est secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992, alors que ce syndicat est encore la « courroie de transmission » du Parti communiste (voir note 4 de n° 426). Il y a eu plusieurs grèves au cours du premier semestre 1988 dans le secteur concurrentiel (privé et nationalisé) mais ce sont sans doute les grèves du secteur public dans le second semestre auxquelles A. Michel fait ici allusion. Ces mouvements sociaux se produisent chez les gardiens de prison, puis chez les infirmières (29 septembre au 24 octobre) et à La Poste. Les revendications portent sur les salaires mais aussi sur la précarité de l’emploi (voir https://travail-emploi.gouv.fr/publications/Revue_Travail-et-Emploi/pdf/42_3284.pdf).
  6. L’avocat Paul Lombard (1927-2017), ténor du barreau de Marseille et de Paris, auteur de nombreux livres, est intervenu dans plusieurs procès concernant des personnalités (Gaston Deferre, Jean-Luc Lagardère, Albertine Sarrazin, Liliane Bettencourt) ou des affaires célèbres (Christian Ranucci, Monique et Albert Villemin, Michel Fourniret et Monique Olivier). Sa plaidoirie au procès de Christian Ranucci, meurtrier d’une petite fille et un des derniers guillotinés en 1976, est restée dans les mémoires : « N’écoutez pas l’opinion publique qui frappe à la porte de cette salle. Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche, il faut la chasser de nos prétoires car, lorsqu’elle entre par une porte, la justice sort par l’autre. » Sa carrière est brisée en décembre 1988 lorsque le juge Jean-Pierre Bernard l’accuse de recel, complicité et usage de faux concernant la vente d’un tableau de Murillo dans la triste affaire Suzanne Canson. De quoi s’agit-il ? Suzanne Barou de la Lombardière de Canson, née en janvier 1910, hérite en 1958 de son père antiquaire, de la célèbre maison de papier à dessin Canson, une collection d’œuvres d’art qu’elle revend au gré de ses besoins, « promenant son hédonisme flamboyant, de palace en palace, Watteau et Fragonard sous le bras, en bordure de Méditerranée ou de lac Léman, son garde-meuble ambulant pour tout portefeuille » (François Dessy, Défendre : Paul Lombard – Conversations, Éditions du Panthéon, Paris, 2017). En janvier 1986, sa dernière compagne, Joëlle Pesnel, ex-Miss Toulon et ancienne tenancière de bar de nuit qui se dit artiste-peintre, la séquestre dans une villa du midi, la prive de nourriture, et lui fait signer un testament qui la désigne comme sa légataire universelle. En septembre 1986, elle la laisse mourir de faim et de gangrène dans des conditions sordides et, peu après, vend un tableau de Murillo au Louvre. Me Lombard intervient dans cette transaction. La plainte de la sœur de Suzanne déclenche une enquête qui révèle les sévices, l’escroquerie et la vente frauduleuse du tableau. Le procès fait grand bruit de 1987 à 1991. Finalement, Joëlle Pesnel est condamnée à 13 ans de prison et son avocat Me Boissonet à 4 ans ; Me Lombard et Pierre Rosenberg, du Musée du Louvre, bénéficient d’un non-lieu. (http://www.bernard-guinard.com/Genealogie/fiches/fiche1618.htm) (Le tableau de Murillo qui suscita ces convoitises et ces drames, « Le Gentilhomme sévillan », aujourd’hui renommé « Portrait de Fernandez de Velasco », est visible au Musée du Louvre, salle 26 au premier étage de l’aile Denon).
  7. André Gromyko (1909-1989), né dans une famille paysanne de Biélorussie, perd la foi en Dieu à l’adolescence et entre au parti communiste. Il étudie l’agriculture puis l’économie tout en enseignant dans une école primaire. Le parti lui ayant donné la possibilité de faire des études supérieures, il entre à l’Académie des Sciences (où il publie plusieurs livres sur l’économie américaine). En 1939, il passe au ministère des Affaires étrangères en profitant des places laissées vacantes par la grande purge stalinienne de 1938. D’abord conseiller à l’ambassade d’URSS, il devient ambassadeur dès 1943, d’abord à Washington puis au Conseil de sécurité de l’ONU en 1946 (où on l’appelle Monsieur Niet en raison de ses fréquents vetos), et à Londres en 1952. On se souvient surtout de lui comme ministre des Affaires étrangères, car il reste à ce poste pendant 38 ans, de 1957 à 1985. Cette longévité exceptionnelle atteste de ses talents de diplomate et de ferme défenseur des intérêts soviétiques sous quatre premiers secrétaires successifs du Parti communiste : Khrouchtchev (1953-1964), Brejnev (1964-1982), Andropov (1982-1984) et Tchernenko (1984-1985). Il défend tout particulièrement la position soviétique pendant la crise des euromissiles (à partir de 1979, voir n° 382 et 396) mais son intransigeance provoque sa chute. En effet, Gorbatchev, lorsqu’il accède au pouvoir en 1985, le remplace par Édouard Chevardnadze car il souhaite mettre un terme à la confrontation ruineuse avec l’Occident (voir note 4 de n° 441). Aimé Michel note à ce propos : « Radio Moscou a répété plusieurs fois le jour de son “départ” qu’il avait “remercié ses collègues d’avoir accédé à sa demande de départ en retraite”. J’aurais bien voulu entendre ces remerciements de sa propre voix. » (n° 454). Gromyko, nommé président du Praesidium du Soviet Suprême (poste situé en principe à la tête de l’État soviétique mais en pratique purement honorifique), doit accepter sans mot dire ce renversement de politique et le démantèlement des euromissiles SS20. En 1988, il cède ses fonctions à Gorbatchev et est exclu du Politburo, où il siégeait depuis 1973, car il représente l’aile conservatrice du Parti communiste. Il meurt l’année suivante à Moscou.
  8. Déjà nommé chef de l’État par intérim en 1974 en raison de la maladie de Franco, Juan Carlos est proclamé roi d’Espagne deux jours après la mort de Franco, le 30 octobre 1975. Il commence alors la transition démocratique. La Loi pour la Réforme politique est adoptée par le Parlement et ratifiée par référendum en décembre 1976 (94 % de oui). Elle ouvre la voie aux élections des députés et des sénateurs de juin 1977, les premières élections démocratiques depuis l’instauration de la dictature franquiste. Les deux Chambres élaborent une constitution (l’Espagne n’en n’avait plus depuis 1936) qui est approuvée en décembre 1978.
  9. Sur Alexandre Soljenitsyne, le plus célèbre des dissidents russes, prix Nobel de littérature en 1970, voir les chroniques n° 224, 228 (note 5), 439 et 454.
  10. Ces élections législatives auront lieu le 26 mars et le 9 avril. Ce sont les premières autorisant des candidatures d’opposition au Parti communiste et les dernières avant la dissolution de l’URSS.
  11. Il est un peu question de Boris Eltsine dans la note 4 de la chronique n° 451, mais nous y reviendrons plus longuement dans une prochaine chronique.
  12. Cette conclusion reste valide aujourd’hui. Les données scientifiques disponibles étant contradictoires on ne sait toujours pas de façon sûre si le linceul de Turin date de l’antiquité ou du Moyen Âge. Sur cet étonnant imbroglio historico-scientifique, voir la chronique n° 455.