L’hystérie et la passion - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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L’hystérie et la passion

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Dans quel climat va se dérouler à la rentrée le débat sur la bioéthique, et singulièrement sur la PMA pour toutes les femmes ? Notre ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pense que la discussion au parlement se déroulera de la façon la plus apaisée. Christiane Taubira, qui comme garde des Sceaux sous le quinquennat de François Hollande, fut en charge de la loi sur le mariage pour tous, est d’avis que l’on ne retrouvera pas en septembre l’hystérie qu’elle avait constatée à son encontre. Car cette hystérie, à l’en croire, touchait moins le fond du débat que sa propre personne. On pourrait lui répondre que l’hystérique, c’est toujours l’autre, l’adversaire. Et sans doute, chacun a son propre décompte, concernant l’hystérie du camp d’en face. Interrogez Agnès Thill, cette parlementaire exclue de sa formation politique pour avoir exprimé sa conviction sur la PMA et vous apprendrez des choses intéressantes à propos de la tolérance, dès lors que certains sujets sont abordés.

Mais il est possible aux uns et aux autres d’admettre qu’ils peuvent être intolérants et qu’ils ne rêvent qu’à empêcher de parler celui ou celle qui ne partage pas ses convictions. Reconnaissons au moins qu’il y a un motif aux empoignades et aux excommunications réciproques. C’est la passion. Et la passion n’est pas forcément quelque chose de négatif et de détestable. Elle peut ressembler à une vertu noble et chevaleresque dès lors qu’elle s’attache à des causes qui vous dépassent. On le constate aussi, en ce moment, avec l’affaire Vincent Lambert, entrée dans une nouvelle phase critique.

La passion est de tous les temps. Sans vouloir refaire toute l’histoire du monde, on peut rappeler que la période contemporaine a été marquée par la montée de ce que Raymond Aron appelait les religions séculières et que lesdites religions étaient issues de singulières passions et productrices d’engouement totalitaire. Certes, nous avons changé d’époque, mais lorsque notre nouvel âge correspond à l’avènement de ce qu’on appelle le sociétal, qui a pris la place du social, les passions revêtent une teneur particulière qui est d’ordre métaphysique, car ce sont les catégories existentielles qui se trouvent remises en cause : le sexe, la famille, les identités personnelles. Ces catégories se trouvent bousculées notamment par un scientisme utilitariste qui chamboule tout et qui produit, c’est vrai, de l’hystérie.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 2 juillet 2019.

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