Comment expliquez-vous le succès de votre docu-fiction ?
Sabrina et Steven. J. Gunnell : La sortie officielle de Sacré-Cœur remonte au 1er octobre mais, dès le début du mois de septembre, lorsque nous avons assisté à une dizaine d’avant-premières, nous avons compris qu’il se passait quelque chose. à Lille, au Kinepolis de Lomme qui comporte 600 places, nous nous sommes pris une vraie « gifle » : non seulement la salle était pleine, mais les spectateurs ne partaient pas à la fin de la séance… Ils restaient plus d’une heure pour poser des questions. Certains avaient les yeux humides et la voix tremblante d’émotion en nous parlant : ils étaient bouleversés de découvrir qu’ils étaient aimés d’un amour inimaginable par le Christ. Le succès provient du bouche-à-oreille. Les spectateurs en parlent à leur entourage, une personne nous a dit avoir fait 300 kilomètres pour assister à une projection ! Le plus émouvant, désormais, est de voir des gens qui se parlent à l’issue de la séance et vont prendre un verre ensemble pour poursuivre la conversation sur ce qu’ils ont appris du Sacré-Cœur dans un esprit de communion. C’est magnifique ! Et Sacré-Cœur s’apprête à conquérir des âmes à l’étranger.
Comment est née l’idée de réaliser un docu-fiction sur la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus ?
Sabrina Gunnell : Nous nous sommes consacrés au Sacré-Cœur de Jésus en août 2023, alors que nous étions en famille au sanctuaire marial de Notre-Dame du Laus, près de Gap (Hautes-Alpes). Steven avait envie de faire un film sur le colonel Arnaud Beltrame mais les portes ne s’ouvraient pas. Au Laus, j’ai été marquée par la conférence donnée par deux missionnaires du Sacré-Cœur : la Salvadorienne Alicia Beauvisage et le Père Édouard Marot. Par la suite, en rentrant à Paris, nous avons vu le Sacré-Cœur partout, dans la décoration, dans les bijoux. Cependant, malgré ces « clins Dieu », nous étions dans le doute : nos amis catholiques jugeaient notre projet de réaliser un film sur le Sacré-Cœur ringard et trouvaient la dévotion poussiéreuse…
Steven. J. Gunnell : J’ai alors prié en disant : « Seigneur, que veux-tu vraiment de moi ? » J’ai eu à ce moment-là une vision où je voyais l’affiche du film dans le métro, sur les bus et l’Esprit Saint me disait en substance : « C’est facile : tu poses ta caméra à Paray-le-Monial, et des témoins te racontent comment ils ont rencontré ce Cœur qui a tant aimé les hommes. » Très vite, j’ai soumis l’idée au Père Étienne Kern, le recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial. Il l’a jugée providentielle puisqu’il s’apprêtait à fêter les 350 ans des apparitions de Jésus à la religieuse visitandine Marguerite-Marie Alacoque, devenue l’apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur. Le 25 juin 2025, nous avons présenté le docu-fiction à Paray-le-Monial devant toutes les congrégations du monde consacrées au Sacré-Cœur… Puis le Ciel s’est occupé de sa diffusion : les 3 400 ambassadeurs présents à Paray-le-Monial pour la fête du Sacré-Cœur, le 27 juin, ont parlé du film aux quatre coins de la France.
Avez-vous été témoins de grâces suscitées par Sacré-Cœur ?
S. et S. Gunnell : Des prêtres nous appellent pour nous raconter qu’ils ont la queue au confessionnal, ce qui ne leur était pas arrivé depuis longtemps ! À Paray-le-Monial, des personnes viennent demander comment prier le chapelet. Nous avons aussi reçu des messages de mamans qui nous racontent que leurs enfants se mettent sur le chemin de la foi. Nous sentons qu’il se passe quelque chose dans le cœur des gens. Le mot qui revient souvent dans les conversations est « réparation ». Réparation dans les familles et dans les couples. Des catéchumènes ont aussi témoigné du fait que Sacré-Cœur les renforçait dans leur chemin de conversion et les rendait fiers d’être chrétiens. Des musulmans et des juifs nous ont également apporté leur soutien, lorsque nous avons été boycottés par la RATP qui ne voulait pas diffuser l’affiche du film dans les transports en commun parisiens.
Pourquoi Sacré-Cœur a-t-il suscité certaines controverses ? Y voyez-vous la marque d’un combat spirituel ?
S. et S. Gunnell : Assurément. C’est fou de constater que, lorsque tu mets le Christ au centre du débat ou de la connaissance, Il crée aussitôt une adhésion ou un rejet. Ce n’est jamais neutre ! Ainsi, des personnes sont parfois sorties de la salle de cinéma au bout de 10 minutes… En les voyant, nous avons pensé à saint François d’Assise qui souffrait que « l’amour ne soit pas aimé ».
Quant aux villes censées nous accueillir, nous avons subi de la part de certaines de véritables attaques. À Melun, 43 personnes encartées LFI ont demandé que le film ne soit pas diffusé. À Sarlat, en Dordogne, le maire n’a pas voulu de Sacré-Cœur. Dans le Gers, un cinéma d’Auch a écrit aux autres cinémas de la commune et alentour pour leur demander de refuser la diffusion du docu-fiction car il serait prosélyte et « d’extrême droite » ! Heureusement, l’archevêque d’Auch, Mgr Bertrand Lacombe, a publié un communiqué pour nous apporter son soutien. À Marseille, le maire Benoît Payan nous avait promis de venir voir Sacré-Cœur, après la polémique suscitée par l’interdiction de projeter le docu-fiction dans une salle municipale du château de La Buzine, mais nous l’attendons toujours…
Avec du recul, nous nous rendons compte que chacun de nos films – Sacré-Cœur est le neuvième – est un rosaire. Chacun comporte une part de gloire, surtout ce dernier avec le succès, une part de joie, la joie d’être allés au bout d’une telle aventure, une part lumineuse car nous contemplons la vie du Christ à travers des témoins, et une part douloureuse car la Croix est là avec les attaques, les incompréhensions, et le message parfois non reçu…
Vous vous dites en mission avec Sacré-Cœur. Qu’a-t-il changé dans votre propre vie ?
Steven Gunnell : J’apprends à prier pour toutes les personnes qui sont sorties de la salle et n’ont pas accueilli le film. Jésus me demande de les aimer malgré tout. C’est nouveau pour moi de porter les autres dans la prière. Par ailleurs, j’ai toujours eu un grand amour de l’Eucharistie et je prie plus intensément ce Cœur qui se donne à la Messe.
Sabrina Gunnell : Sacré-Cœur m’a ouvert les yeux sur la solitude qui remplit la vie de nos contemporains, y compris chez les catholiques. Le docu-fiction est une bouffée d’air. La France souffre. J’ai vu trop de gens à qui il manque Dieu. Il n’est nul besoin d’aller au bout du monde pour évangéliser, la France est toujours une terre de mission.













