Réponse surnaturelle à la violence inouïe de ces temps de crises, de révoltes sociales et d’agressions quotidiennes, cet événement cinématographique tombe à point nommé. « Seul son amour rendra possible une nouvelle humanité », rappelait le pape François dans son encyclique Dilexit nos sur « l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ » (2024).
Sacré-Cœur arrive sur grand écran grâce au talent et à l’intuition de Steven et Sabrina Gunnell, ce couple de vidéastes inspirés qui s’est donné pour vocation l’annonce du beau, du bien et du vrai. En surtitre, l’affiche annonce clairement la couleur : « Son règne n’a pas de fin. » Missionnaire s’il en est, le film sortira à la Sainte-Thérèse dans 150 salles, partout en France. « C’est une date symbolique pour nous qui aimons beaucoup la petite Thérèse », confie Sabrina, qui ajoute, dans un sourire : « C’est aussi la date de notre anniversaire de mariage. »
Des vies transformées
Sous la forme d’un documentaire « augmenté », c’est-à-dire d’une succession de témoignages illustrés de belles reconstitutions historiques, Steven et Sabrina ont voulu montrer « l’actualité du message des apparitions du Christ à sainte Marguerite-Marie Alacoque » (cf. FC n° 3839). Démarrant en 1673 avec les premières apparitions de Jésus à cette jeune religieuse de la Visitation de Paray-le-Monial, ce film traverse 350 ans d’histoire pour se terminer de nos jours. Habitées d’une paix visible, les personnes interrogées rayonnent, évoquant leur expérience de l’amour du Christ et comment cette rencontre a définitivement bouleversé leur vie. Tous ont été touchés par le Cœur de Jésus en allant à Paray-le-Monial. L’expression de leurs conversions et leur message de consolation ne laissent pas indifférent.
Ainsi, l’émouvante Zoé, qui n’avait jamais été à la messe et qui en enchaîne deux d’affilée durant trois heures, sans voir le temps passer : « Mon cœur savait que Jésus était là à côté de moi. » Ou Vinz qui déclare : « Jésus donne ses propres blessures pour nos guérisons. Si je ne m’étais pas plongé dans ce Sacré-Cœur, je ne m’en serais pas sorti. » Rodrigue, l’ancien dealer de Bondy, qui tombe à genoux et pleure à chaudes larmes devant le Saint-Sacrement : « Je n’avais plus peur de rien, je me suis confessé comme jamais. »
Plusieurs prêtres interviennent également – les pères Guibert, Potez, Kern, Marot, Pradère et Raffray – pour illustrer, expliquer, approfondir les questions abordées. « Il est fondamental de le répéter au monde, rien n’est irréparable, souligne le Père François Potez. La miséricorde, c’est un flot d’amour qui recouvre le mal. » Le Père Joël Guibert fait le lien entre le culte du Sacré-Cœur et l’Eucharistie, entre le dernier repas du Christ et le mystère de la Croix : « Jésus donne son corps et son sang. Toutes les manifestations du Sacré-Cœur ont lieu en présence de l’Eucharistie. Donc blasphémer l’Hostie, c’est atteindre le Cœur de Jésus », prévient-il.
« Un acte d’amour »
« Notre monde ultra-connecté meurt de ne pas se savoir aimé, résume Sabrina Gunnell. Nous espérons que les spectateurs ressortiront de la salle avec le cœur brûlant. » À ses côtés, Steven s’enflamme et abonde : « Ce film s’adresse à tout le monde. C’est un acte de foi, un acte d’amour. Nous avons voulu rendre amour pour amour. »
Comme toujours dans ces cas-là, ce film suscite du combat. « Quand tu fais un film sur le Sacré-Cœur, tu n’es pas épargné en épreuves », confirme Steven. Sans surprise, la RATP s’est opposée à ce que l’affiche, jugée trop prosélyte, soit placardée sur ses murs et ses bus. « Les croix à l’envers, comme dans Conjuring, ça passe… mais le Sacré-Cœur, ça les choque », ironise Sabrina. Qu’à cela ne tienne, « ce sont les gens qui mettront eux-mêmes l’affiche dans leurs commerces ou leurs paroisses pour faire de la pub. Cela passe par les petits et c’est très bien », conclut-elle.
Finalement, sans le savoir, les cinéastes anticipaient cette exhortation du pape Léon XIV aux évêques de France en mai dernier : « Il ne saurait y avoir de plus beau et de plus simple programme d’évangélisation et de mission pour votre pays : faire découvrir à chacun l’amour de tendresse et de prédilection que Jésus a pour lui, au point d’en transformer la vie. »
« Il y a une soif de transcendance »
Selon Hubert de Torcy, président de SAJE, « les films chrétiens sont de plus en plus acceptés dans les salles ».
« Il y a dix ans, sortir un film chrétien au cinéma paraissait incongru. Aujourd’hui, il reste quelques îlots de résistance mais, globalement, nos films sont de plus en plus acceptés. Contrairement à ce que l’on voudrait parfois faire croire, les films chrétiens n’intéressent pas qu’une petite niche de “sachants”. Il y a une soif de transcendance, une soif de Dieu dans le cœur de chaque homme. En France, la réponse à cette soif reste compliquée, en raison d’un sécularisme exacerbé et d’une mauvaise compréhension de la laïcité. On croit que l’expression de la foi n’a pas lieu d’être dans l’espace public et que la seule “foi” tolérée, c’est l’athéisme ou l’apostasie…
Malgré tout, il y a des signes d’ouverture forts. À la manière impressionnante dont se remplissent les avant-premières du film Sacré-Cœur, nous mesurons l’appétence pour un sujet qui pourrait paraître désuet ou très spécialisé : il y a une vraie mobilisation du public. Et les salles nous font confiance, car nous avons prouvé que nous savions mobiliser des spectateurs en nombre. Petit à petit, les choses bougent. Le groupe Canal+ y a beaucoup contribué par son ouverture d’esprit, c’est certain. »
Propos recueillis par I. B.