Séminariste et aumônier militaire, l’auteur nous propose un historique et une justification de la présence monastique en Afrique du Nord.
La partie historique rappelle ce que furent les grandes figures du christianisme, de Tertullien à Cyprien et St Augustin, ce dernier promoteur du monachisme au Maghreb. L’islam ayant éliminé toute présence chrétienne, c’est la colonisation qui a permis en 1843, l’installation du monastère cistercien de Staoueli, sur une exploitation agricole de 1.000 hectares, devenue prospère en dix ans, mais abandonnée en 1904 par manque de recrutement local. Ce sont en 1952 les Bénédictins d’En Calcat qui s’installent à Toumliline au Maroc, d’où la décolonisation les incite au départ en 1968. Les Cisterciens ont créé ND de l’Atlas à Tibhirine en 1938 ; ils renoncent en 1963 à appliquer un décret de fermeture, se maintiennent en prieuré autonome sur intervention du cardinal Duval ; sept sont enlevés le 26 mars 1996 (leurs têtes retrouvées le 21 mai). Deux moines de Tibhirine se sont installés en 1988 à l’hôtel Bellevue de Fès, puis en mars 2000 dans l’orphelinat des sœurs franciscaines à Midelt ; restent six moines soumis au devoir de réserve, sans travail ; deux sont permanents, les autres contraints de sortir tous les 3 mois pour renouveler leur visa touristique.
Héritiers spirituels de Charles de Foucauld, évangélisateur silencieux, du penseur Louis Massignon, admirateur de l’ Islam, et du pasteur Albert Peyriguère, (1927-1959 chez les Berbères de Taroudant), ils se recommandent de la politique d’ouverture de Paul VI (Nostra Aetate), prônent une vie monastique immergée dans l’Islam (sic) à l’image de Christian de Chergé. Ressourcement pour une Eglise de la diversité culturelle qui survit au Maroc, leur rayonnement paraît cependant bien compromis, de même que l’enrichissement mutuel qu’ils attendent de l’Islam. Au-delà de la raison, reste l’espérance.
Maurice Faivre, le 25 mars 2011