Controversés… mais Papes quand même - France Catholique
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Léon XIV un pape spirituel et missionnaire
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Controversés… mais Papes quand même

La papauté n’a pas été exempte de Papes sulfureux. Pourtant, l’Église a tenu bon, comme l’enseignent ces trois exemples.
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Jules II (détail), 1511, Raphaël, National Gallery, Londres.

Formose (891-896)
et le « concile cadavérique »

Si le procès posthume était une possibilité en ce VIIe siècle, jamais il n’avait atteint, pour un tel prévenu, une aussi sordide mise en scène. Tiré par les pieds – pratique réservée aux excommuniés –, le corps du pape Formose fut exhumé par son successeur, Étienne VI, qui l’accusait d’avoir manigancé pour être Pape, cherchant la gloire des hommes plutôt que celle de Dieu. Officieusement, l’empereur Lambert de Spolète reprochait au défunt Pape d’avoir couronné son rival Arnulf et voulait se venger. Pendant trois jours, un diacre se fait l’avocat de la dépouille. Condamné, le corps de Formose voit s’abattre sur lui un véritable contre-
rituel de consécration pontificale : on lui enlève les habits pontificaux dont il avait été revêtu, il est extirpé de son siège – symbole de la chaire de saint Pierre – et on lui sectionne les doigts de sa main droite, traditionnellement utilisés pour bénir. Ironie de l’histoire : le pape Jean IX, finit par réintégrer Formose à la liste des papes légitimes, deux ans plus tard, à la 138e position, tandis qu’Étienne VI ne survivra que quelques mois au « concile cadavérique », emprisonné et étranglé lors d’une insurrection.

Alexandre VI Borgia (1492-1503),
un cas d’école


De tous les Papes controversés, Alexandre VI est sans doute celui qui éprouve le plus la dualité entre l’homme et la fonction, comme le montre la coutume d’accoler son nom de famille à son nom de Pape. Né Rodrigue Borgia, le jeune homme est adopté par son oncle, le cardinal Alonso Borgia – futur Calixte III –, qui le crée cardinal une fois devenu Pape. Jouisseur invétéré, père de plusieurs enfants, il se livre à toutes sortes de combines pour réussir à se faire élire sur le trône de Pierre, en 1492, avant de chercher à modeler le Sacré Collège pour assurer son pouvoir et sa succession. Les scandales sont tels – il s’affichait publiquement avec Giulia Farnèse, dont il avait de surcroît célébré le mariage ! –, que l’empereur Maximilien de Habsbourg et Charles VIII le menacent de la convocation d’un concile. Et pourtant… comme Pape, Alexandre VI n’a jamais touché à l’orthodoxie de la foi. C’est sous son pontificat qu’Espagne et Portugal eurent l’obligation d’évangéliser les indigènes en même temps qu’ils découvrent les Amériques et que Rome s’embellit sensiblement. « Borgia » certes, mais « Alexandre VI » malgré tout…

Jules II (1503-1512),
entre beauté et scandales


Jules II ne tenait pas son prédécesseur Alexandre VI en haute estime : il avait fait murer ses appartements et ne pouvait l’évoquer sans se mettre en colère. Il faut dire que sa dénonciation du népotisme d’Alexandre VI avait eu une lourde conséquence : il avait dû s’exiler de Rome pour ne revenir qu’à la mort du pape Borgia. L’ironie est qu’il était lui-même neveu de pape – Sixte VI – et qu’il devait à son oncle sa barrette de cardinal. Si Jules II mène lui aussi une vie personnelle proprement scandaleuse, il n’en reste pas moins Pape. Ainsi, pendant dix ans, il combat la France en Italie pour affirmer son pouvoir sur les États pontificaux. Surtout, c’est sous son pontificat que parmi les plus grandes œuvres de Rome voient le jour : il lance le chantier d’une nouvelle basilique à Saint-Pierre de Rome, confie à Raphaël la décoration des chambres pontificales et à Michel-Ange la chapelle Sixtine.