Viterbe, l’autre cité des papes… et de sainte Rose - France Catholique
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Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati canonisés
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Viterbe, l’autre cité des papes… et de sainte Rose

Viterbe fut la résidence officielle de neuf papes au XIIIe siècle. C’est dans cette ville qu’a été inventé le conclave. Et que naquit sainte Rose, que les habitants célèbrent début septembre de manière spectaculaire.
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Palais des Papes au 13ème siècle, construit de 1255 à 1266, aujourd'hui la résidence de l'évêque de Viterbe. © Wolfgang Pehlemann / CC by-sa

Déambuler dans les ruelles de Viterbe, 67 000 habitants, revient à remonter le temps. Le lacis de rues du centre historique, habillé de pierres grises typiques de la région, mène invariablement au Palais des papes, surplombant les campagnes alentour. À quelque 80 kilomètres de la ville de Rome, ce palais témoigne de l’histoire mouvementée de la papauté au XIIIe siècle, en lutte avec les influences des souverains étrangers et des familles romaines.

Un Palais des papes

Dans le conflit entre les guelfes – pro-pape – et les gibelins – pro-empereur germanique –, les Viterbois hésitent. Ainsi, en 1164, Viterbe accueille l’anti-pape Pascal III sur ordre de l’empereur Frédéric Barberousse. Puis la cité prend position en faveur du Pape légitime au milieu du XIIIe siècle. Élu en 1254, Alexandre IV s’installe alors à Viterbe pour fuir les intrigues romaines. Il fait restaurer le palais épiscopal qui prend alors le nom de Palais des papes et accueillera les pontifes jusqu’en 1280.

En 1268, à la mort de Clément IV, 18 cardinaux se réunissent à Viterbe pour lui choisir un successeur. Or, aucun accord n’est trouvé. Les divisions se multiplient entre les cardinaux sous la coupe du royaume de France, ceux favorables à l’empereur et ceux loyaux aux grandes familles aristocratiques romaines. Les mois passent, et les cardinaux continuent de se promener en ville, leur subsistance assurée par la cité. Trois ans plus tard, la population, lassée de devoir satisfaire les besoins et désirs des cardinaux, envoie le capitaine du peuple enfermer les prélats « avec une clé », ou en latin cum clave. Un procédé soufflé par le grand théologien franciscain saint Bonaventure de Bagnoregio. Réduits au pain et à l’eau, sans toit au-dessus de leur tête, 16 cardinaux choisissent Grégoire X. Ce dernier, ni cardinal ni même prêtre, édictera les règles des futurs conclaves, qui subsisteront dans leur principe jusqu’à aujourd’hui.

La ville de Viterbe, siège papal au XIIIe siècle, sera chantée dans La Divine Comédie de Dante, qui place à son gré les papes ayant résidé à Viterbe en enfer, au purgatoire ou au paradis. Nicolas III, avant-dernier des papes viterbois, ayant régné de 1277 à 1280, se retrouve ainsi dans le chant XIX de L’Enfer, accusé de simonie.

La courte vie de sainte Rose

Mais à Viterbe, les Souverains pontifes n’ont pas écrit seuls l’histoire de l’Église au XIIIe siècle. Jeune demoiselle à la santé fragile et d’une famille pauvre, sainte Rose y est particulièrement vénérée. Elle exhorta les habitants à la pénitence et à la charité au cours de sa courte vie – elle meurt à l’âge de 18 ans, en 1252. Ses exhortations avaient tant de force que les autorités viterboises, sous domination impériale, la condamnèrent à l’exil. Premier des papes résidant à Viterbe, Alexandre IV – qui occupera le trône de saint Pierre de 1254 à 1261 – demandera la translation de son corps vers un sanctuaire, alors que les miracles se multiplient.

Souvenir de cette translation il y a presque 700 ans, chaque soir du 3 septembre, une statue de la patronne de la ville est placée sur un char d’environ 30 mètres de haut et de 5 tonnes. Elle est portée sur les épaules d’une centaine d’hommes appelés les facchini, dans les rues étroites de la ville, au milieu d’une foule enthousiaste, heureuse de célébrer sa sainte et son histoire passée.