La Vierge Marie secours fidèle des Papes - France Catholique
Edit Template
Chez nous, soyez Reine !
Edit Template

La Vierge Marie secours fidèle des Papes

La Vierge Marie a toujours volé au secours des Papes qui l’invoquaient. Mais encore faut-il que le peuple des fidèles manifeste la même dévotion…
Copier le lien

L’un des premiers déplacements de Léon XIV, le 10 mai 2025, a été à Genazzano, au sanctuaire de Notre-Dame-du-Bon-Conseil. © Vatican Media

« Victorieuse des hérésies », « Reine des victoires » : ces titres que l’Église décerne à Marie dans les litanies ne sont pas gratuits. Ils rappellent qu’à travers toutes les circonstances tragiques, toutes les tempêtes, Marie a toujours représenté l’aide ultime et le suprême espoir d’une catholicité en péril. Les Papes le savent si bien qu’ils l’ont, en chacune de ces occasions, gratifiée d’une fête nouvelle ou honorée par la proclamation d’un nouveau dogme.

Jusqu’au début du XVIIIe siècle, l’islam fait peser sur l’Europe et la chrétienté une menace existentielle. Elle culmine en 1571 avec l’avancée ottomane en Méditerranée orientale qui expose directement Rome. Dominicain, Pie V confie le sort des armes chrétiennes à la Vierge invoquée par la récitation du Rosaire et c’est l’improbable victoire de Lépante, le 8 octobre 1571, suivie de l’instauration de la fête de Notre-Dame du Rosaire. L’islam encore, cette fois aux portes de Vienne en 1683, délivrée in extremis par l’arrivée que l’on n’espérait plus des renforts de Jean Sobieski. Innocent XI, répondant aux vœux des assiégés, étend à l’Église universelle la fête du Très Saint Nom de Marie en laquelle s’est produite la déroute turque.

L’erreur des pontifes, à l’époque des Lumières, sera sans doute de n’avoir pas compris le péril que représentait la pensée philosophique pour la foi chrétienne ni recouru à celle qui eût triomphé de cette nouvelle hérésie comme des précédentes, peut-être retenus par le mépris ricanant dans lequel jansénistes et libres-penseurs tenaient la dévotion mariale. Pie VII, après avoir regardé avec prudence les débordements d’une piété italienne contre-révolutionnaire, se décide finalement à invoquer Marie, « la toute-puissante Suppliante », quand il se retrouve prisonnier de Napoléon, et confie la défense de sa cause à Notre-Dame Auxiliatrice qui permet au « petit bénédictin entêté », comme disait l’empereur, de retourner à Rome et voir s’écrouler le trône de celui qui avait cru asservir la papauté.

Adhésion de l’opinion catholique

Il importe toutefois de noter que ces retournements de situation inespérés ont tous en commun une adhésion quasi unanime de l’opinion catholique à l’initiative du Pape, adhésion de plus en plus difficile à obtenir dans un monde en voie de déchristianisation et même au sein de l’Église. Pie IX peut encore se permettre, en 1854, après consultation de tous les évêques, de trancher définitivement la question de l’Immaculée Conception de Notre-Dame, faisant un dogme d’une vérité de foi par la publication d’Ineffabilis Deus. Dans cette constitution apostolique, il oppose au modèle révolutionnaire et au monde moderne sous l’emprise des anges révoltés, le fiat de celle qui a échappé au péché originel tel un remède à l’esprit de révolte contre Dieu. Mais Pie IX peine déjà à obtenir l’assentiment filial et confiant de tout le peuple de Dieu. Dès lors, le remède perd de sa force. Il faut que tous prient et obéissent pour arracher au Ciel la grâce demandée. Du moins pour l’arracher vite.

Léon XIII, après sa vision de 1884 au cours de laquelle il entend le démon réclamer et obtenir du Christ les moyens et le temps pour anéantir l’Église, ne voit d’autre recours aux calamités annoncées que Marie et saint Michel, consacrant au Rosaire, arme absolue, et à la dévotion mariale, onze encycliques, instaurant le mois du Rosaire et la fête du Cœur immaculé. Sont-ils reçus comme il le faudrait ? Périls et catastrophes s’accumulent tandis que les demandes de la Vierge à Fatima en 1917 ne reçoivent pas leur accomplissement. Dans ces conditions, à quoi sert à Pie XI d’appeler à réciter le Rosaire pour en finir avec les totalitarismes ?

Le Pape et les évêques

Pie XII, dont on a dit qu’il fut le Pape le plus marial, place son pontificat sous la protection de Notre-Dame du Bon Conseil, canonise Catherine Labouré et Grignion de Montfort, chante la royauté de Marie, fait en 1950 un dogme de son Assomption, et consacre enfin la Russie au Cœur immaculé, mais il semble qu’une grande partie des évêques dont la participation est requise, s’abstient. Le même courant est encore à l’œuvre au moment de Vatican II, qui s’oppose à laisser proclamer Notre-Dame Co-rédemptrice, titre dont elle est pourtant honorée de longue date, sous prétexte que cela déplairait à nos frères séparés et que certains pourraient mal interpréter cette appellation alors que le temps se veut christocentrique… Paul VI, quand il prend conscience que les fumées de Satan sont entrées dans l’Église, proclame en 1964 Marie Mère de l’Église et publie dans les années 1970 Marialis cultus et Signum magnum, encycliques qui veulent rendre sa place à un culte marial que certains ont voulu chasser tel une superstition populaire. Jean-Paul II, à la devise montfortaine Totus tuus, persuadé d’avoir bénéficié de la protection de Notre-Dame de Fatima lors de l’attentat du 13 mai 1981, procède à une nouvelle consécration de la Russie, explication probable de la chute de l’URSS mais « il est tard » comme l’avait dit le Christ à Sœur Lucie en 1931. En bon Polonais, Jean-Paul II répétera pourtant jusqu’au bout cette certitude de sa patrie meurtrie : « La victoire, si elle vient, viendra par Marie. » Reste à se souvenir du conseil de Notre-Dame à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira. » C’est le grand défi qui attend Léon XIV et une Église à vues humaines mal en point.