Retour sur les derniers conclaves - France Catholique
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Ces Papes qui ont fait l'histoire
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Retour sur les derniers conclaves

L’élection du pape Léon XIV marque le onzième conclave depuis le début du XXe siècle. Dans des contextes souvent complexes, ces conclaves ont donné naissance à des pontificats singuliers, révélant la force des personnalités appelées à la tête de l’Église universelle. Ils illustrent, par leur déroulement comme par leurs résultats, la profonde continuité d’une institution bimillénaire.
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Le premier conclave du siècle dernier, en l’occurrence le conclave de 1903 qui voit saint Pie X succéder à Léon XIII, est sans doute l’un des plus important au regard de son impact sur le mode de désignation du Souverain Pontife : quelques mois après son élection, le nouveau pape publie en 1904 la constitution apostolique Commissum Nobis qui met fin au droit d’exclusive, lequel permettait à l’Autriche, à la France ou à l’Espagne d’opposer un véto à la nomination d’un pape. Une vraie révolution ! Le conclave de 1914, quant à lui, est bien sûr marqué par le contexte dans lequel il se déroule puisque Pie X est mort le 20 août 1914, moins de trois semaines après le déclenchement de la Première guerre mondiale. Les cardinaux se réunissent le 31 août, alors que les armées russes viennent d’être écrasées à Tannenberg et que les forces du Kaiser s’approchent de Paris. Mais la tragédie qui frappe l’Europe n’influence que peu le conclave – peut-être grâce à la suppression du droit d’exclusive ? – et Benoît XV est élu le 3 septembre au bout de dix tours.

Le conclave de 1922 ne compte que 53 votants (contre 57 en 1914 et 62 en 1903). C’est un des plus disputés de la période contemporaine puisqu’il dure cinq jours et exige quatorze tours de scrutin. Il débouche sur l’élection de l’archevêque de Milan, Achille Ratti, considéré comme un candidat de compromis, et qui prend le nom de Pie XI. Le conclave de 1939 reste comme l’un des plus brefs de l’histoire : il voit en effet Eugenio Pacelli accéder au trône de Saint Pierre sous le nom de Pie XII en seulement trois tours de scrutin. Sans doute avait-il bénéficier du soutien presque explicite que Pie XI lui avait donné de son vivant, et de l’étroite proximité que les deux hommes affichaient. Le conclave de 1958, comme celui de 1922, est marqué par le faible nombre de votants : seulement 51. Il n’y a cette année-là pas de successeur évident. Angelo Roncalli est élu au bout de onze tours et prend le nom de Jean XXIII. Souriant et bonhomme, à la différence de Pie XII, il justifie l’adage suivant lequel il faut un « pape rond » après un « pape long ». C’est néanmoins à ce pape, rapidement considéré comme « de transition », que reste associé l’ouverture du concile Vatican II. Le collège cardinalice s’est considérablement étoffé pour le conclave de 1963 : ils sont en tout 80 à se réunir sous les fresques de la chapelle Sixtine pour procéder à l’élection du successeur du « bon pape Jean ». C’est chose faite en deux jours et six tours : Giovanni Battista Montini est élu et prend le nom de Paul VI. Charge à lui de mener à son terme le concile.

Le conclave d’août 1978 voit le record de Pie XII sur le point d’être égalé, voire battu. Albino Luciani est en effet élu en quatre tous seulement sous le nom de Jean-Paul Ier. Sa « performance » est particulièrement remarquable puisque le collège qui l’a élu compte 111 votants contre 62 pour Pie XII ! Comme on le sait, la mort prématurée du Saint Père ne lui permet pas de mettre cette belle légitimité au service de l’Église : il meurt au bout de 33 jours de règne. Dès lors, le conclave d’octobre 1978 est scruté avec une attention toute particulière. Au bout de deux jours et de huit tours de scrutin, il désigne l’archevêque de Cracovie, le Polonais Karol Wojtyla. La surprise est immense. Ce pape est premier non-italien depuis cinq siècles. « Je ne sais si je peux bien m’expliquer dans votre…, dans notre langue italienne. Si je me trompe, vous me corrigerez », déclare-t-il au balcon à 19h15, s’attirant la sympathie de la foule.

On passera enfin rapidement sur le conclave de 2005, suffisamment proche pour n’avoir pas encore basculé dans l’histoire, qui conduit l’Allemand Joseph Ratzinger, fidèle entre les fidèles du pape polonais, accéder au trône pétrinien sous le nom de Benoît XVI en quatre tours. Et sur le conclave de 2013 et l’élection en cinq tours de l’Argentin Jorge Bergoglio – François – premier pape d’origine extra-européenne, et premier pape élu du vivant de son prédécesseur, démissionnaire. Le monde tourne, l’Église demeure.