Carlo Acutis, un saint pour notre temps - France Catholique
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Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati canonisés
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Carlo Acutis, un saint pour notre temps

La popularité de Carlo Acutis, qui ne cesse de grandir depuis sa mort d’une leucémie foudroyante à l’âge de 15 ans, témoigne de la fécondité spirituelle du jeune Italien dans une époque où la ferveur eucharistique s’est affadie.
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Depuis la béatification de Carlo Acutis en 2020, son exposition sur les miracles eucharistiques est demandée quotidiennement.

« N’oubliez jamais que vous aussi, vous pouvez devenir saint » peut-on lire inscrit au dos du sweat de ces jeunes catholiques de la région de Lisieux (Calvados). La phrase, tirée du « kit sainteté » que Carlo Acutis donnait aux enfants à qui il enseignait le catéchisme, a un écho d’autant plus fort que le futur saint est très apprécié par la jeunesse. Responsable de l’équipe d’animation de cette communauté locale, et surtout « passionné par Carlo », Timothée Bélanger, père de famille, s’enthousiasme : « Carlo va nous marquer, il va être un saint majeur parce qu’il est de notre époque. Il a connu des situations que nul autre saint n’a connues : le divorce des parents d’un de ses amis, la désertification des messes, etc. Il a vécu tout cela et son message est particulièrement adapté à notre temps. » Dans son église Saint-François-Xavier, une chapelle est en cours de construction pour accueillir la relique de Carlo Acutis en leur possession ; celle-ci porte déjà du fruit. Depuis son arrivée, elle a été l’occasion de relancer l’adoration et le chapelet hebdomadaires. « Nous avons commencé l’adoration eucharistique à deux, il y a neuf semaines, et là, nous étions sept à la dernière. C’est très humble, cela démarre, mais le temps du Ciel n’est pas le nôtre », abonde-t-il, confiant, et sûr que dans cinq ans, tout le monde connaîtra la devise que Carlo reçut de son ange gardien : « Pas l’amour-propre, mais la gloire de Dieu. »

Des jeunes très réceptifs

À Notre-Dame de Boulogne (Hauts-de-Seine), l’abbé Blaise Patier, aumônier de plusieurs établissements scolaires, raconte que sa paroisse accueille elle aussi une relique de Carlo Acutis. Toute la semaine précédant les Rameaux, collégiens et lycéens sont venus se recueillir devant elle. « Ils n’ont pas d’a priori idéologiques, ils sont très heureux de voir des reliques et très réceptifs, témoigne le prêtre Légionnaire du Christ, insistant sur leurs belles dispositions intérieures : petit à petit, ils prennent l’habitude d’aimer l’Eucharistie. » L’occasion pour l’aumônier de s’appuyer sur la vie du futur saint pour expliquer à ses jeunes ouailles que « le jour de sa Première communion, quelque chose s’est passé, Jésus est devenu son ami ». Regrettant que la catéchèse soit « encore très peu sacramentelle », l’abbé Blaise Patier estime qu’un des fruit de Carlo « consiste à parler de l’Eucharistie et des sacrements sous l’aspect de la vie de grâce, de l’amitié avec Jésus ».

Une demande par jour

Un témoignage que confirme Sœur Beata Véronique, en charge de l’organisation de l’exposition sur les miracles eucharistiques réalisée par Carlo : « Quand on présente Carlo, il parle directement aux jeunes, car il leur ressemble. Il n’y a pas besoin d’en rajouter, beaucoup s’y retrouvent. Il remet au centre l’amour de Jésus, la prière, les sacrements. » Signe de sa popularité et de l’attrait de son exposition : la Sœur Beata Véronique reçoit pratiquement une demande par jour, contre une à deux par an avant sa béatification en 2020.

Accueillir l’exposition est aussi la première chose faite par l’abbé Simon de Violet, arrivant dans sa paroisse du Saint-Esprit dans le XIIe à Paris, lors de sa première nomination en 2020. Le jeune ordonné se souvient : « Il y avait une chapelle qui n’avait pas la Présence réelle et s’appelait l’oratoire des Frères de Tibhirine. Nous avons installé le Saint-Sacrement et renommé la chapelle Carlo-Acutis. » Quels ont été les fruits de cette arrivée de Carlo Acutis ? L’abbé, qui est aussi influenceur sur les réseaux sociaux avec sa chaîne Catholand, répond qu’« il y a un côté culturel avec Carlo : il renouvelle des choses figées depuis 20-30 ans. Évidemment, je ne pouvais pas ne pas mettre le Saint-Sacrement à l’intérieur de cet oratoire, puisque Carlo Acutis avait une très grande dévotion eucharistique. Les fruits sont donc tous ceux qui peuvent découler de l’Eucharistie, “source et sommet de toute vie chrétienne” comme le dit la constitution Sacrosanctum Concilium. Nous avons dans notre petit oratoire sans fenêtre, caché au fond d’un immeuble, la porte de la grâce qui s’ouvre ; une structure qui empêche la dérive, un garde-fou pour la tradition, un moteur pour la pastorale. »

Outre cette capacité à avoir, par Carlo, un lien incarné avec le sacrement le plus important des sept, l’abbé Simon de Violet insiste sur un autre point qu’il aime à transmettre aux jeunes âmes, celui de la dignité humaine. Rappelant cette phrase : « Nous sommes tous nés comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies », le prêtre estime qu’elle « résonne particulièrement bien à l’époque de l’euthanasie. Elle nous dit que tout le monde est désiré, pensé, voulu, aimé par Dieu, tout le monde est appelé à être soi-même. » Un discours particulièrement adapté à l’adolescence abonde-t-il. Aussi, leur conseille-t-il : « Vous cherchez votre indépendance ? C’est bien, car pour Carlo, c’était un chemin de sainteté, chacun était unique. Vous possédez tous la dignité humaine, car vous êtes tous à l’image de Dieu. »

Évangélisation sur internet

Si Carlo est habituellement érigé en modèle pour la jeunesse, c’est qu’il appréciait ce qu’on appelle aujourd’hui « les écrans », jusqu’à user d’ingéniosité pour enquêter : « Il a fait du catéchisme, il a trouvé que les jeunes s’ennuyaient à mourir et il a cherché comment les intéresser. Et c’est ainsi qu’il a commencé à répertorier les miracles eucharistiques, afin de faire connaître Jésus présent dans l’Eucharistie » raconte Sœur Beata Véronique. « Le surnaturel et la science étaient des arguments que Carlo voulait porter à ces jeunes. Beaucoup nous disent qu’ils ne vivront pas la messe de la même manière » ajoute l’abbé Blaise Patier. Pour autant, ce « geek de Dieu » s’adresse-t-il seulement aux jeunes générations ?

Certes, « en anticipant l’évangélisation sur internet, pour nous, réseau Acutis, il est un modèle » affirme l’abbé Simon de Violet, qui décrit ce réseau comme un moyen pour les influenceurs cathos de « se rencontrer, et s’accompagner mutuellement et spirituellement ». Mais gare à celui qui réduirait le jeune Italien à sa maîtrise de la technologie. « Il a surtout une spiritualité très profonde et exigeante » insiste l’abbé de Violet. Et en cela, Carlo s’adresse à tous. « J’aimerais que toutes les personnes âgées prient Carlo pour leurs enfants et leurs petits-enfants, car il les connaît bien et peut intercéder pour eux. Il faut cesser d’insister sur cette histoire de “jeunesse”, même si de fait, ce sont les jeunes qui reviennent à la messe aujourd’hui. »

La place qu’occupent les influenceurs catholiques sur les réseaux sociaux n’y est certainement pas pour rien. L’abbé Patier témoigne : « Grâce aux réseaux sociaux, un jeune s’est rapproché du Seigneur, il a vu des influenceurs, il s’est mis à prier, a ressenti une profonde joie et maintenant, il va à la messe. Il m’a demandé de faire sa Première communion. Des jeunes comme cela, il y en a beaucoup. » Cependant, « les vues et les clics c’est bien, mais reste à transformer l’essai, prévient l’abbé de Violet, pour qu’ils ne restent pas derrière l’écran, mais viennent à la messe. » Tous soulignent l’exigence du message de Carlo, et en cela, tout fidèle qui a vocation à la sainteté peut et doit s’en inspirer.

Timothée Bélanger insiste : « Carlo touche tout le monde. Alors qu’on ne parle pratiquement plus du Ciel, du purgatoire, de l’enfer, des péchés, lui en parle. Et avec son polo rouge, son sourire et sa bonne tête, ses quatre chiens et ses deux chats, son message, d’une radicalité et d’un retour aux fondamentaux inouïs, passe crème parce que c’est Carlo ! Mais c’est génial ! s’enflamme le père de famille. Essayez d’aller à la messe tous les jours, confessez-vous toutes les semaines, c’est le kit de sainteté et avec cela, vous pouvez devenir saint. »

« À la source du Cœur de Jésus »

Enfin, preuve s’il en est que ce futur saint italien a vocation à réveiller tous les fidèles dans la pratique de la foi, ce constat que dresse en conclusion Sœur Beata Véronique : « Ce n’est pas parce que l’on va à la messe tous les dimanches, que l’on a une foi fervente en la Présence réelle de Jésus. Regarder l’exposition et aller voir des miracles eucharistiques nous renouvelle sans cesse. » Et de rappeler l’essentiel : « La fécondité de Carlo Acutis vient du fait qu’il a choisi d’aller à la messe et de prendre un temps d’adoration eucharistique tous les jours. Tous les jours, il va puiser à la source du cœur de Jésus son amour, et après il va le déverser sur les autres. » En somme, une sainteté faite d’exigence et de simplicité : Carlo nous conduit vers le Ciel, suivons-le en ce Jubilé de l’Espérance.