Mgr Marc Aillet : « l'Église n'enseigne plus suffisamment l'importance de l’Eucharistie » - France Catholique
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Léon XIV et saint Augustin
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Mgr Marc Aillet : « l’Église n’enseigne plus suffisamment l’importance de l’Eucharistie »

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Le tabernacle a été forcé et le Saint-Sacrement profané à Sauveterre-de-Béarn.

Mgr Marc Aillet : « l’Église n’enseigne plus suffisamment l’importance de l’Eucharistie »

Mgr Marc Aillet : « l’Église n’enseigne plus suffisamment l’importance de l’Eucharistie »

Le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron a été particulièrement visé ces dernières semaines par des actes de vandalisme et de profanation dans certaines églises. Mgr Marc Aillet appelle les fidèles à redécouvrir l’amour de l’Eucharistie pour que les lieux de culte ne restent pas désespérément vides.
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Comment expliquez-vous les attaques contre les églises ?

Mgr Marc Aillet : Plusieurs lieux de culte du Pays basque et du Béarn ont été la cible de cambriolages au mois d’août : les églises de Mauléon, Abense-de-Bas, Espès-Undurein et Viodos en Soule, ainsi que Saint-Palais en Basse-Navarre et Bidache, et encore d’autres églises du Haut-Béarn ou de la région d’Orthez, début septembre. Les malfaiteurs recherchaient des objets de culte, comme des ciboires ou des calices. Le 1er septembre, trois personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête sur des vols commis dans 27 églises des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Là, le mobile semble financier et les auteurs n’expriment pas forcément d’animosité envers la religion catholique.

En revanche, à Sauveterre-de-Béarn et à Bidache, le Saint-Sacrement a été profané : la lunule contenant une hostie consacrée a disparu lorsque le tabernacle a été forcé, et des hosties qui se trouvaient dans un ciboire ont été retrouvées répandues à l’intérieur du tabernacle. À Bidache, une messe de réparation a été célébrée le 28 août, à Sauveterre le 30 août, mais je reste profondément affligé en pensant que le Corps du Christ présent dans la lunule a pu être jeté n’importe où. J’ai lancé un appel aux voleurs en leur demandant de nous restituer le Saint-Sacrement. Sans doute n’avaient-ils pas conscience de ce qu’ils faisaient. Par ailleurs, une plainte a été déposée à la gendarmerie. Le vol d’une hostie consacrée n’est pas seulement une infraction au Code pénal, il constitue une blessure spirituelle pour l’ensemble de l’Église.

Or ces actes se multiplient…

Nous constatons toujours plus d’irrespect pour la foi catholique. Nous pouvons y voir la marque d’un laïcisme rampant, d’un climat sécularisé qui pousse à l’irrévérence pour le sacré et qui, parfois, encourage le sacrilège. Souvenez-vous de la phrase du saint Curé d’Ars : « Laissez une paroisse dix ans sans prêtre et on y adorera les bêtes. » Cependant, j’estime que l’Église a aussi sa part de responsabilité. Elle n’enseigne plus suffisamment l’importance de l’Eucharistie et la Présence réelle de Jésus dans le tabernacle. Si les églises sont désespérément vides, devenant ainsi des proies pour des malfaiteurs, c’est parce que les fidèles n’ont plus l’habitude de venir prier le Christ qui, pourtant, les attend.

Ces attaques relèvent-elles aussi du combat spirituel ?

Bien sûr ! Les vrais satanistes sont rares, mais le démon se frotte les mains de nos abandons. Il ne peut que se réjouir de voir le peuple chrétien délaisser l’amour de l’Eucharistie ! Cette indifférence vis-à-vis de la Présence réelle de notre Seigneur fait en plus le lit de ceux qui veulent éradiquer la foi. « À quoi bon garder des églises si les fidèles ne viennent pas y prier ? » se disent-ils. Il faut un sursaut ! Ces attaques nous obligent à être à la hauteur du cœur de notre foi. Le Pape Léon XIV a parlé de l’Eucharistie comme du « Trésor de l’Église », le « Trésor des Trésors » en recevant les servants de messe pour leur jubilé à Rome, du 25 au 28 août. Il a insisté sur le fait que la célébration de la messe demeurait « l’événement le plus important de la vie du chrétien et de la vie de l’Église, car elle est le rendez-vous où Dieu se donne à nous par amour, encore et encore ». Lors du Jubilé des jeunes, le 2 août, le Saint-Père a prié à genoux pendant quarante minutes devant le Saint-Sacrement dans un silence extraordinaire. Quel exemple pour redonner aux fidèles le goût et le sens de la Présence réelle ! Pour réparer les outrages d’une extrême gravité commis dans plusieurs églises cet été, j’ai demandé à tous les curés du diocèse d’instaurer dans leur paroisse respective une heure d’Adoration réparatrice à laquelle tous les fidèles ont pu s’associer. Si nous voulons que nos lieux de culte soient respectés, commençons par offrir nous-mêmes des marques de respect à la Sainte Eucharistie.

Ne faudrait-il pas fermer certaines églises pour qu’elles ne soient pas l’objet de prédation ?

Surtout pas ! Cela ne dissuade pas les voleurs mais surtout cela détourne le lieu de prière de sa vocation. Il faut remettre l’amour de l’Eucharistie et l’adoration du Saint-Sacrement au cœur de la vie chrétienne. Autrefois, les églises de France n’étaient jamais vides. Il y avait toujours quelqu’un qui s’arrêtait pour venir prier cinq minutes devant le tabernacle. Si nos églises n’ont plus de priants, c’est parce que les fidèles ont perdu le goût de ce rendez-vous avec le Seigneur et le sens de l’Eucharistie. Dans mon diocèse, j’ai demandé à de courageux paroissiens « d’habiter » leurs églises en l’occupant durant un temps de prière, en s’inspirant du beau travail des Priants des campagnes.

La solution pour protéger les lieux de culte ne se trouve pas dans l’installation de caméras de vidéosurveillance ou dans le renforcement de la protection des tabernacles, même si cela peut être utile. Elle réside dans la réponse à cette question : « Traitons-nous l’Eucharistie avec respect ? Est-ce que nous le faisons savoir à travers des processions ou des adorations du Saint-Sacrement ? » Le défi est redoutable à relever mais je suis plein d’espérance : les nouveaux baptisés et les recommençants savent d’instinct où se trouve « le Trésor des Trésors » de l’Église.

Des églises vulnérables
Selon la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT), 770 faits antichrétiens ont été recensés l’an dernier – en baisse de 10 % par rapport à 2023, mais la tendance reste préoccupante puisque ces actes représentent près d’un tiers des faits antireligieux recensés. Au premier semestre 2025, selon le ministère de l’Intérieur, on comptabilise 322 actes antichrétiens contre 284 sur la même période de 2024, soit une hausse de 13 %. Les églises, en particulier en zone rurale, demeurent des cibles vulnérables. 
Véronique Jacquier