Lors de leur assemblée du 16 au 18 avril à Paris, le président de la conférence des évêques de France, Mgr André Vingt-Trois, a lancé mardi un appel clair et complet à la sagesse des décideurs politiques, à l’engagement des chrétiens dans les débats de la société et à la nécessité pour eux de donner un « exemple vécu » de leurs déclarations. Malgré les incompréhensions d’un monde sécularisé, le président des évêques français souhaite que les catholiques ne restent pas muets « quand les plus fragiles de notre société sont menacés » : « les enfants et les adolescents formatés au libertarisme sexuel, les embryons instrumentalisés dans des recherches au mépris des derniers résultats internationaux, des personnes en fin de vie dévalorisées dans leurs handicaps et leur souffrance et encouragées au suicide assisté, les lenteurs ou les incohérences de la prise en charge des demandeurs d’emploi, des familles dans la misère soumises aux rigueurs des expulsions sans alternative, les camps de Roms démantelés en nombre croissant, etc. »
A propos de la « mobilisation impressionnante » manifestée contre le projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe, le Cardinal a observé au sein de la population française « une inquiétude réelle sur l’avenir qui se prépare ». Des « préoccupations » largement partagées, et qu’il serait absurde de réduire « à une manie confessionnelle rétrograde et homophobe »…
Cependant, se référant à « l’insistance du Pape pour appeler l’Eglise à se porter à la « périphérie » de notre monde », le cardinal Vingt-Trois a souligné que cet appel vise non seulement à nous faire rejoindre « ceux que la vie malmène », mais « les drames intérieurs de la liberté humaine », dans un monde bien prompt à « dénoncer les coupables qui ne se soumettent pas à la loi commune »…
Le Cardinal regrette en particulier « l’invasion organisée et militante de la théorie du Genre particulièrement dans le secteur éducatif », avec « la tentation de refuser toute différence entre les sexes », et celle du « refus de la différence comme mode d’indentification humaine », comme « incapacité à assumer qu’il y ait des différences entre les gens »… Une incapacité qui contredit fâcheusement « le principe incontournable de la vie sociale », qui est de « faire vive ensemble des gens qui ne sont pas identiques », et cela « sur un mode pacifique ».
Le président de la Conférence des évêques de France a mis en garde contre une « uniformité officielle », dans notre société, « qui a perdu sa capacité d’intégration et surtout sa capacité d’homogénéiser des différences dans un projet commun », et qui risque à l’inverse de provoquer des réactions de rejet avec un regain de violence.
Concernant le thème du « mariage homosexuel », Mgr Vingt-Trois a regretté la précipitation de ses partisans : « Que tous les moyens aient été mis en œuvre pour éviter le débat public, y compris dans le processus parlementaire, peut difficilement masquer l’embarras des promoteurs du projet de loi. Passer en force peut simplifier la vie un moment. Cela ne résout aucun des problèmes réels qu’il faudra affronter de toute façon. »
Selon lui, à l’heure où on doit mesurer « de graves décisions économiques et sociales, il eût été plus raisonnable et plus simple de ne pas mettre ce processus en route ». Le président des évêques a constaté que « la conception de la dignité humaine » héritée « de la sagesse grecque, de la révélation judéo-chrétienne et de la philosophie des Lumières n’est plus reconnue chez nous comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique ». En outre, l’Espérance chrétienne « est de moins en moins reconnue comme une référence commune, et, comme toujours, ce sont les plus petits qui en font les frais »…
Dans ce contexte, le président des évêques de France a appelé chacun à réfléchir sur les conditions de la « nouvelle évangélisation ». Sans tomber dans le piège d’une « organisation en ghetto ou en contre-culture », chaque chrétien doit se poser ces questions : « A quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l’éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? A quoi bon nous battre pour défendre la dignité des embryons humains, si les chrétiens eux-mêmes tolèrent l’avortement dans leur propre vie ? A quoi bon nous battre contre l’euthanasie si nous n’accompagnons pas humainement nos frères en fin de vie ? » le cardinal Vingt-Trois a souligné que loin des simples théories ou des philosophies, « c’est l’exemple vécu que nous donnons qui sera l’attestation du bien-fondé des principes. »
A ses yeux, « la pointe du combat que nous avons à mener » est « une conversion permanente pour que nos pratiques soient conformes à ce que nous disons ». Ceci en s’impliquant « dans les actions qui peuvent changer la situation à long terme ». Ainsi, « l’écart qui doit apparaître entre notre manière de vivre et les conformismes de la société ne pourra pas être perçu comme un jugement pharisien, mais comme un espace d’appel et comme une espérance ».
Les données du problème de l’influence possible des chrétiens dans la société actuelle ont été exposées ainsi d’une façon à la fois exhaustive et exigeante. A l’heure de défis fondamentaux, un tel appel à la conversion et à l’engagement était nécessaire, dans cette France devenue plus que jamais « pays de mission ».
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Les évêques appellent à poursuivre la résistance pacifique contre le mariage pour tous
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Les-eveques-appellent-a-poursuivre-la-resistance-pacifique-contre-le-mariage-pour-tous-2013-04-16-948534
Pour le cardinal André Vingt-Trois, « une société de violence se prépare »
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/Pour-le-cardinal-Andre-Vingt-Trois-une-societe-de-violence-se-prepare-2013-04-16-945131
