En Normandie et plus particulièrement dans l’Orne, la ville de Sées ne brille plus aujourd’hui de l’éclat qui fut le sien pendant des siècles. Cette cité au carrefour des routes vers le Mont Saint-Michel, Rennes, Le Mans, Chartres, Paris et Rouen n’avait rien à envier aux merveilles architecturales que le Moyen Âge chrétien avait produites au nord de la Loire. Aujourd’hui encore, sa cathédrale atteste de loin, un peu à la manière de Chartres, la magnificence de la foi d’alors et le visiteur, croyant ou pas, ne peut qu’être ébloui par les très fines beautés qu’elle renferme. En outre, depuis trente ans, l’association Art et cathédrale organise une série de manifestations qui aident à la découverte et à l’intelligence de ces merveilles.
L’association se compose de professionnels bénévoles au fait des meilleures techniques du son, de la lumière et de la projection d’images. Elle est soutenue très activement non seulement par les responsables religieux et politiques — de la ville à l’Europe —, mais aussi par l’ensemble des commerçants — qui, en retour, disposent d’invitations pour leurs clients. Elle décline ses activités en expositions, conférences et entreprises diverses, jusqu’à la restauration de la roue de levage qui, au niveau de la voûte, permettait à l’homme qui la faisait fonctionner en marchant de hisser jusqu’à une tonne. Surtout, tous les trois ans, elle renouvelle un spectacle qui, pendant une petite heure, permet de remonter le temps en retrouvant les couleurs qui, autrefois, faisaient miroiter les pierres.
En attendant que soit célébré l’an prochain le septième centenaire de la consécration de l’actuel édifice — en fait, le cinquième —, on peut voir, lors des soirées des vendredis et samedis jusqu’au 19 septembre, l’envoûtante scénographie intitulée « Bâtisseurs de cathédrale ». Douze tableaux font ainsi revivre la famille des Plet-Beaupré à travers un conteur, un tailleur de pierre, un charpentier, un verrier, un fondeur de cloche, un musicien, un sculpteur, un orfèvre, un doreur, un facteur d’orgue et une brodeuse. Les notes, entre autres, de Vivaldi, de Desprez, de Bach, de Poulenc et de Fauré s’ajoutent aux chants grégorien, italien ou issu d’un jeu médiéval. Grâce aux lasers, on se retrouve aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment.
Ainsi revit la longue et lente histoire de ces hommes et de ces femmes qui, depuis le IVe siècle — saint Martin de Tours y vint —, ont animé et développé ce qui avait été fondé sur les reliques de deux martyrs de Ravenne. On comprend alors mieux que, au XIXe siècle, le grand restaurateur du patrimoine que fut Viollet-le-Duc se soit extasié devant ce qui « est peut-être le chef d’œuvre du XIIIe siècle français ».
Tous renseignements à l’Office de tourisme de Sées, au 02 33 28 74 79, et sur www.musilumieres.org