La France assure sa présence en Océanie de diverses manières. D’abord, elle y possède un certain nombre de territoires et, ensuite, elle est engagée dans une vaste coopération régionale. C’est ce que vient de rappeler le 3e sommet France-Océanie qui vient de se tenir à Nouméa le 31 juillet. Le choix de la Nouvelle-Calédonie est révélateur des apaisements auxquels on est parvenu une vingtaine d’années après les tragiques affrontements qui s’y étaient produits. D’abord, un modus vivendi est intervenu entre les diverses communautés, d’ailleurs loin d’être homogènes, et un équilibre institutionnel permet au territoire de fonctionner, non sans accrocs par rapport aux règles communément admises ailleurs et non sans mouvements syndicaux plus ou moins téléguidés. Ensuite, certains pays étrangers qui regardaient la France comme une puissance appelée à « décoloniser » ses possessions du Pacifique ont su devenir ses partenaires, en traitant soit directement avec Paris soit avec les capitales de ces « collectivités d’outre-mer » auxquelles des autonomies à géométrie variable ont été reconnues — et qui peuvent se voir encore accrues.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Collectivit%C3%A9s_d’outre-mer
En laissant de côté l’îlot de Clipperton qui, au large du Mexique, fait partie des propriétés domaniales de l’État français, ces communautés sont au nombre de trois :
– la Nouvelle-Calédonie, régie par le titre XIII de la Constitution remaniée en 2003 et qui constitue une collectivité sui generis simplement appelée par son nom ; son statut a été défini en 1999, sur la base de l’Accord de Nouméa de 1998 ;
– la Polynésie française, qui a la dénomination particulière de pays d’outre-mer ;
– Wallis-et-Futuna, ex-protectorat (depuis 1887) puis territoire d’outre-mer (1961), composé de trois royaumes reconnus par la République.
Il convient enfin de rappeler l’importance stratégique, militaire et économique, de cet ensemble océanien. Avec ses autres appendices en Amérique — Martinique, Guadeloupe et Guyane — et dans l’océan Indien — Mayotte, Réunion et Terres australes et antarctiques françaises —, la France dispose d’une zone économique exclusive de 11 035 000 km², qui la se situe au deuxième rang mondial tout juste après les États-Unis ; le droit d’exploitation des ressources de la mer, halieutiques, du sol et du sous-sol constitue en effet une extraordinaire source de richesse. C’est pourquoi on regrettera que, comme l’Afrique, ce continent attire moins l’attention du président Sarkozy que celle de ses prédécesseurs : sa présence a été décommandée il y a un mois — donc avant son malaise du dimanche matin — et François Fillon a également renoncé à s’y rendre. Heureusement, la présence de Bernard Kouchner, ministres des Affaires étrangères et européennes, et celle de Marie-Luce Penchard, la secrétaire d’État chargée de l’outre-mer, exprimaient la pérennité de sa présence.