par Dominique Perrin,
éditions Téqui, 2008, 287 p., 22 €.
L’année Saint Paul est un excellent prétexte pour marcher sur les pas de cet athlète du Christ et aller (re)découvrir une ville marquée par sa présence et son martyre : Rome. En visitant les basiliques ainsi que les églises de la Ville sainte, chaque catholique s’imprègne de l’histoire de l’Église et de la foi des apôtres qui se transmet au cours des siècles.
Les monuments sont riches en passerelles de l’Ancien Testament aux Évangiles en passant par les Actes des Apôtres, l’Apocalypse et les différentes Lettres. Ainsi la richesse des mosaïques (de Saint-Clément par exemple), nous conduit à faire le va-et-vient entre l’Histoire du Peuple Élu préfigurant sans cesse la venue du Christ et l’Évangile. Méditant ainsi la vie du Christ par l’intermédiaire de ces itinéraires spirituels, le touriste est invité à faire place au pèlerin qui sommeille en chacun de nous. Car la visite des églises de Rome se fait rosaire que l’on égraine dans la ville, cœur de l’Église. Les interventions lumineuses de saint Grégoire le Grand, ce Pape romain, sont d’ailleurs offertes comme un outil méditatif des grandes étapes fixées par l’auteur. Ainsi, la contemplation des œuvres se prolonge dans la théologie.
Prenons l’exemple des mosaïques de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Sur l’une d’entre elles : « Quatre fleuves, comme au jardin d’Eden, viennent alimenter un long cours d’eau sur lequel sont représentés des hommes, des animaux et des embarcations. C’est une image du Jourdain dans lequel le Christ fut baptisé. » Voici l’additif de saint Grégoire : « Et que représente le Jourdain sinon les baptisés ? Puisque c’est dans le fleuve du Jourdain que l’auteur de notre rédemption a daigné se faire baptiser, le Jourdain désigne à bon droit l’ensemble de ceux qui ont reçu le sacrement de baptême ».
Ces textes de saint Grégoire le Grand ont d’ailleurs été prononcés dans les basiliques que nous visitons. Finalement, si nous ne sommes pas sur la Terre où le Christ a vécu, toutes les étapes de Sa vie marquent charnellement Rome.
Des catacombes aux basiliques, nous voyons l’Église grandir continuellement. Ce guide nous donne l’occasion de rencontrer de nombreux témoins : les premiers martyrs, nos grands saints qui furent nombreux à passer par Rome et y jouer un rôle important (François d’Assise, Jean Bosco, Dominique, Maximilien Kolbe…). En visitant les différentes églises, nous comprenons aussi que l’Église est le fruit d’une construction patiente, de beaucoup d’amour (« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », le prix de l’amour étant souvent celui du sang à Rome : Laurent, Lin, Clet, Clément, Sébastien, Cécile…) et d’une maturation lente mais sûre (comme un arbre enraciné dans le Ciel et qui se déploie toujours plus).
Visiter Rome c’est aussi découvrir des miracles et leurs fruits. Parmi d’autres, on trouve le miracle du Regina Coeli (cette si belle prière) qui, selon l’histoire, fut révélé, lors d’une procession, par un chœur céleste et protégea Rome de la peste (en 590). Rome nous donne la chance de nous réapproprier notre catéchisme de manière interactive et ce guide en témoigne. En effet, les artistes qui ont bâti les monuments religieux de la ville éternelle n’ont cessé de vouloir représenter les dogmes tenant à cœur aux autorités ecclésiales des différentes époques. L’art Baroque offre une catéchèse très claire et complète dans la droite lignée du Concile de Trente (qui visait à réhabiliter les dogmes mis en cause par la Réforme).
Enfin, visiter Rome, c’est aussi découvrir ce que fut véritablement l’histoire de la papauté, les relations tendues avec les empereurs du Saint-Empire, la constitution et le démantèlement des États pontificaux, les grands papes (Grégoire le Grand, Clément, Pie V, Pie X, Léon XIII ou Jean-Paul II), les antipapes, etc. Bref, une histoire riche en couleur, tragique ou joyeuse, en filigrane de laquelle on lit le rôle prépondérant du Saint-Esprit.
Richesses de Rome est un bon outil d’évangélisation (qui bien ordonnée commence d’abord par soi-même), une évangélisation qui passe d’autant mieux par le biais culturel.
François TRANCHANT