Vers Compostelle dans les livres - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Vers Compostelle dans les livres

Copier le lien

Avec la fin de l’hiver les départs pour Compostelle ont repris. Occasion de présenter des ouvrages traitant de ce thème inépuisable, récits de pèlerins et ouvrages généraux.
Les récits témoignent du profond impact de la marche vers Compostelle sur ceux qui prennent le risque de marcher longtemps. La lecture répétée de pèlerins qui retrouvent leur « être profond », sont « dévorés de passion », voire « parlent avec Dieu », ou autres affirmations de ce genre, fait repenser à saint Bernard qui disait qu’on arrive à l’extase en jeûnant. La marche au long cours vers Compostelle a un effet comparable. N’est-ce pas à une sorte d’extase que sont parvenus les pèlerins qui font partager leur expérience ? Au fait de moins manger et différemment des habitudes, s’ajoutent des contraintes « monastiques » : le travail physique (la marche forcée), le manque de sommeil (dans les gîtes et même à l’hôtel en Espagne où on dort tard), le port du cilice (les chaussures qui donnent des ampoules). Succès assuré. Cela est moins dangereux et moins coûteux que carburer à l’héroïne, moins loin que Katmandou, passé de mode, et moins durable que d’entrer au monastère.
Le pèlerinage à Compostelle apporte une autre expérience, celle des rencontres. Les pèlerins aiment rencontrer d’autres pèlerins et peu se soucient des personnes qui vivent le long des chemins. Mais pour qui ignore souvent son voisin de palier ou de voyage dans les transports en commun ces rencontres sont exaltantes. Certaines sont éphémères, comme la brume du matin, d’autres se transforment en amitiés durables. C’est la magie du chemin. Tous les récits présentés la manifestent.
A côté des récits de pèlerins, reflets d’expériences personnelles fortes, les ouvrages généraux, sont le plus souvent décevants, même quand il s’agit de beaux livres. Peu d’auteurs présentent des idées neuves ou originales. La plupart reprennent les poncifs et les erreurs habituels. En témoignent l’Abécédaire des chemins de Saint-Jacques paru chez RANDO éditions et le dernier album de Sélection du Readers Digest dont la qualité des photos ne peut compenser le manque d’imagination du texte. Moins riche en illustrations, le Compostelle, paru chez Edisud a tenté, lui, de rendre compte de recherches récentes mais il en a confié la rédaction à un compilateur et non à un chercheur pour un résultat décevant.

Voici, pour les lecteurs de France Catholique, un aperçu de la production des derniers mois

Par Louis Mollaret

L’épopée de Compostelle
François Taillandier, L’Instant durable, Clermont Ferrand, 2006
ISBN 978-2-220-05842-9, 296 pages, 24€

Ce petit ouvrage illustré contient une traduction du dernier Livre du Codex Calixtinus, le manuscrit de Compostelle qui contient les textes de la légende de saint Jacques. Il en fait la base de ce qu’il appelle l’épopée de Compostelle, développant les mythes et légendes construits au XIXe siècle à partir du moment où ce livre, édité en latin en 1882, a été connu. Des dessins simples le rendent attrayant. Un seul reproche, faire croire que la légende est réalité alors qu’il aurait été si simple de laisser rêver. Toutes les erreurs historiques se retrouvent dans cet ouvrage. Le sachant on pourra le faire lire aux enfants en les mettant en garde. Ils lisent des légendes pas de l’histoire.

Les pèlerinages dans le monde, à travers le temps et l’espace
Sous la direction de Jean Chélini, éditions Picard, Paris, 2008
ISBN 978-2-7084-0815-9, 136 pages, 27€

Cet ouvrage apparaît comme un hommage posthume aux travaux engagés par Monseigneur Henri Branthomme qui fut longtemps responsable de l’association des directeurs de pèlerinage. Après avoir publié Pèlerins comme nos pères en 1950 à la suite de son pèlerinage à Compostelle en 1949, il avait entrepris une vaste étude des pèlerinages en collaboration avec le professeur Jean Chélini. Le colloque a repris et enrichi les conclusions de leur dernier volume Les pèlerinages dans le monde (Hachette 2005) montrant l’universalité de la démarche pèlerine. L’ouvrage évoque l’existence possible de formes de pèlerinages dès la préhistoire, il présente les pèlerinages chrétiens d’Orient et d’Occident du IVe au VIIe siècles et au Moyen Age avant d’aborder les pèlerinages du Judaïsme et de l’Islam, celui d’Ise au Japon et les pèlerinages d’Egypte. Une étude des pèlerinages contemporains en particulier en Europe aurait donné à cet ouvrage une autre ampleur et aurait justifié son sous-titre « à travers le temps ». C’est d’autant plus dommage que Monseigneur Branthomme a contribué à leur renouveau.

Conseils aux pèlerins, Jean Geiler de Kaysersberg
Florilège des sermons prononcés en 1500, adapté par Louis Mollaret
Avec reproduction de bois gravés colorés
Atlantica, Biarritz, 2008, 16€, ISBN : 978-2-7588-0164-1

Ces conseils aux pèlerins remontent au XVe siècle. Ils reflètent la pensée d’un prédicateur célèbre de la cathédrale de Strasbourg. Mais leur intérêt demeure car ils sont enracinés dans la Bible et les Evangiles et enrichis d’une grande connaissance de l’homme. Ce livre résume 50 sermons sur le pèlerinage, en un langage accessible à tous. Il conserve leur caractère d’invitation à un pèlerinage dans un esprit de foi et de conversion. Ces conseils seront utiles à tous les chercheurs de sens, à tous ceux pour qui un pèlerinage offre un espoir de guérison et de changement. Car le cœur de l’homme est resté le même qu’au XVe siècle, assoiffé de bonheur et du besoin d’un ailleurs que symbolise le pèlerinage.
Né en Alsace en 1445, Jean Geiler est élevé à Kaysersberg. Diplômé de l’université de Fribourg (Allemagne), il y enseigne la philosophie. Prêtre en 1470 il fait des études de théologie à Bâle. En 1477, il devient recteur de l’université de théologie de Fribourg Mais sa passion est la prédication. En 1478, Peter Schott, bourgmestre de Strasbourg lui propose d’être prédicateur à la cathédrale. Il y reste jusqu’à sa mort en 1510. Ses talents d’orateur attiraient des foules. La chaire qui existe encore dans la cathédrale a été construite pour lui. En bon théologien, il prêche la doctrine de l’Eglise de son temps, mais n’hésite pas à en critiquer certaines pratiques.

Compostelle de la Reconquista à la réconciliation
Gabrielle Nanchen, éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice, Suisse, 2008
ISBN : 978-2-88011-427-5, 270 p., 23€
Rédigé par une pèlerine, ce livre est plus qu’un récit de pèlerinage. C’est un appel d’une femme engagée dans la société découvrant Compostelle d’abord en touriste puis en pèlerine et cherchant à comprendre l’histoire et la réalité contemporaine du pèlerinage. Pour rallier Compostelle, elle n’a pas parcouru le Camino francés comme le lui conseillaient ses amis. Elle a pris le chemin le moins confortable, celui du Nord. Mais ne cherchez pas sous sa plume des indications pratiques sur le chemin. Son livre guide à travers l’histoire du pèlerinage. Une histoire racontée d’une plume alerte et vivante. Une histoire qui remonte au tout au début de la légende de Compostelle mais qui se poursuit jusque dans l’actualité des derniers mois de l’année 2007.
Cette histoire débouche sur une proposition « faire des chemins de Compostelle le ferment de la réconciliation entre Chrétiens et Musulmans ». Que saint Jacques redevienne un messager de paix après avoir été le porte-drapeau de la lutte contre les Maures. Cette proposition, Gabrielle Nanchen l’enracine dans son expérience pèlerine. Elle en a vécu la nécessité et éprouvé la faisabilité au cours de sa marche vers Compostelle. Il reste à la mettre en œuvre. Elle sait que ce sera long. L’année sainte 2010 pourrait offrir l’occasion de « faire émerger des projets que Chrétiens et Musulmans réaliseraient en commun ». La prochaine année sainte est en 2021, offrant un temps suffisant pour que des réalisations voient le jour dans l’intervalle. Quels organismes, quelles initiatives apporteront leur aide à la réalisation de ce projet ? La lecture de ce livre en fera comprendre l’importance.

Sur nos chemins de Jérusalem, Jean Grenapin, (texte de James Massé),
publié par l’Association Vendéenne des pèlerins de Saint-Jacques,
23 rue de la Marquiserie, 85770 VIX, 15 € + port, ISBN : 978-2-9532654-0-8

Il en est qui mettent en scène leur voyage de noce après avoir provoqué la Providence. Jean, lui, a cédé à la pression de ses amis pour raconter son aventure vers la même destination Jérusalem. Mais « les voies du Seigneur ne sont pas nos voies », les premiers ont réussi là où lui a du rebrousser chemin dans une grande déception. Mais cet échec apparent a eu des conséquences qu’il n’a pas regrettées.
Nous vous invitons donc sans réserve à lire le récit du voyage de Jean et de son âne Boubou et à partager leurs aventures. Jean est un grand bonhomme modeste, à la foi bien ancrée, entouré de pleins d’amis grâce auxquels il a pu réaliser ses rêves et infléchir le sort que la médecine lui réservait. Son livre, édité grâce à eux et non à grand renfort de publicité mérite d’être lu. Il est le témoignage d’un vrai pauvre.

Sur le chemin du cœur, pour un pas de plus, Préface de Marie de Hennezel
Textes de membres de l’association Bernard Dutant
éditions L’Harmattan, 250p., 21,50€, ISBN : 2-296-01434-8

Fondée en 1992, l’association « Bernard Dutant, Sida et ressourcement » propose des activités aux personnes concernées directement ou indirectement par le VIH. Ce livre rend compte d’expériences vécues sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il manifeste l’importance de relations humaines vécues dans la simplicité d’une démarche commune, dans un esprit de tolérance et d’ouverture qui permet de rompre les barrières de la solitude. Cette dimension du collectif est importante, les témoignages sont des « je » qui s’expriment au sein d’un « nous », cela contribue fortement aux soins.
Il est important de noter que cet accompagnement se fait dans la durée, certaines personnes ont marché une année, d’autres plusieurs années, quelques-unes marchent tous les ans. Les témoignages du livre font référence selon les personnes aux marches des différentes années. Il y a cependant une unicité qui se dégage des textes.
Cette année 2009 la marche aura lieu à l’Ascension en Mai
L’association propose à ses membres un ressourcement rendu possible par ces expériences. Après des marches dans le désert et en d’autres lieux, c’est en 1997 que l’association s’est tournée vers les chemins de Compostelle. Leur fort contenu symbolique est un élément essentiel de la démarche thérapeutique. Un livre qui change agréablement des récits habituels et manifeste l’intérêt de la marche vers Compostelle.

L’ombre des montagnes, Etienne Eimer
Edilivre, 2008, 194 p., 16€ ISBN : 978-2-35607-972-5

Au seuil de la retraite, Etienne Eimer fit comme beaucoup ; il prit le chemin de Compostelle pour « faire le ménage » après une vie bien remplie de cadre financier. Le chemin des étoiles lui a ouvert les chemins des rêves. Il lui a donné la grâce de savoir libérer son imagination et le don de le faire de façon captivante. Imagination certes mais qui reste ancrée dans des souvenirs qu’elle permet de revivre et de faire revivre. Car les souvenirs d’Etienne ne lui appartiennent pas en propre. Ceux qui comme lui ont passé la soixantaine en partagent beaucoup. Mais gageons que beaucoup de plus jeunes se feront prendre également avec plaisir par le merveilleux des histoires d’Etienne, par son humour et ses trouvailles inattendues. De petites histoires à rêver, faciles à lire dans le désordre.

Shikoku les 88 temples de la Sagesse Léo Gantelet
Editions de l’Astronome, août 2008, 208p., 18€, ISBN : 978-2-916147-34-5

Pourquoi Compostelle ? Parce que l’auteur fut pèlerin de Compostelle en 1999. Et parce que, quels que soient le terrain ou les traditions, la recherche du pèlerin reste la même : retrouver les voies de la Sagesse et son propre épanouissement. Léo Gantelet nous fait partager avec bonheur son expérience d’un pèlerinage exotique, pèlerinage circulaire qui s’apparenterait plus au Tro-Breiz qu’à Compostelle dans sa géographie mais peut-être proche de Compostelle dans la tradition.

J’en ai parlé à mon cheval et il m’a répondu, Claude Bonnot,
Editions du Gars Mino, 26 rue du Bois, 68500 Bergholtz-Zell,
ISBN : 978-2-9530291-1-6

Titre curieux pour un récit de pèlerinage qui sort de l’ordinaire. Claude est parti avec son cheval. Il fut son confident, son conseiller, parfois son confesseur pendant ces mois de voyage qui les ont conduits des Vosges au cap Finisterre. Récit attachant, sortant du conventionnel, cachant sous l’humour les réflexions profondes d’un homme tout en émotions. Une fois de plus il s’avère que la compagnie d’un animal ouvre à plus d’humanité et favorise les rencontres. Ce livre plaira aux pèlerins cavaliers mais rappellera aussi beaucoup de bons souvenirs aux piétons.