« Pie VII, une figure spirituelle majeure » - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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« Pie VII, une figure spirituelle majeure »

Jean-Marc Ticchi est l’auteur d’une biographie du pape Pie VII. Un pontife à redécouvrir au moment où sort sur les écrans le film de Ridley Scott sur Napoléon. Entretien.
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Portrait du pape Pie VII, 1815, Vincenzo Camuccini.

Portrait du pape Pie VII, 1815, Vincenzo Camuccini.

© Collection particulière

Qui était Pie Barnaba Chiaramonti, qui régna de 1800 à 1823 ? Un pape finalement méconnu ? Jean-Marc Ticchi : Méconnu, c’est en effet ce que l’époque pense de lui. Ce point de vue correspond à l’air du temps, et sans doute à la crise actuelle de l’identité religieuse. Mais il faut savoir qu’au XIXe siècle, il bénéficiait d’une immense notoriété, comme en témoigne l’œuvre de Vigny, Servitude et Grandeur Militaires (1835) qui y fait allusion. On connaît l’expression « Comediante ! Tragediante ! », que Pie VII aurait prononcée au sujet de Napoléon. Au siècle dernier, Paul Claudel l’évoque aussi dans L’Otage (1911) et dans Le Père humilié (1920). Quels sont les traits forts de son caractère ? C’était un homme simple, devenu orphelin très jeune, entré dans les ordres à l’âge de 14 ans. Il est équilibré et endurant. C’est aussi un homme fondamentalement bienveillant. Les témoins de l’époque sont stupéfaits de constater sa simplicité. Il ne se départit jamais de son naturel. C’est le pape, certes, mais il est aussi par bien des aspects un « bon père de famille ». En écrivant ce livre, je n’étais pas parti pour écrire une hagiographie, mais je pense désormais que Pie VII est une figure spirituelle majeure. Quel genre de chrétien est Pie VII ? Il est très profondément inspiré par son expérience monastique. L’équilibre de la Règle de saint Benoît est très important pour lui. Il le manifestera comme professeur et comme évêque. Je parlerais à son sujet d’un « christianisme monastique ». Il faut aussi souligner un aspect majeur de sa spiritualité : son amour pour la Vierge Marie, comme en témoigne sa dévotion pour la Madonna di Misericordia, à Savone, le second grand sanctuaire marial après Lorette : on lui doit l’extension à l’Église universelle du culte de Notre-Dame des Sept Douleurs… Sa spiritualité revêt enfin une dimension pénitentielle : il n’est pas loin de considérer que la Révolution est survenue pour permettre à l’Église d’expier ses péchés. Comment s’accomplit l’arbitrage entre le temporel et le spirituel chez Pie VII ? La principale différence entre les chrétiens de l’époque et nous, c’est que ceux d’alors croyaient au surnaturel. C’est le cas du pape Pie VII qui place son expérience et ses responsabilités humaines sous le sceau de la Providence. C’est la raison pour laquelle il est assez indifférent aux formes de gouvernement – monarchie ou république. Et l’on ne manquera pas de noter, d’ailleurs, à quel point Louis XVIII avait été scandalisé par la signature du Concordat, ou par la célébration par Pie VII du sacre de Napoléon. Il n’accueille pas la Révolution avec hostilité ? À son regard, la Révolution est une circonstance à laquelle il faut faire face en chrétien. Dans la forme juridique d’un gouvernement républicain, pense-t-il, il faut que l’Église puisse se déployer : il est augustinien et songe à la « cité de Dieu » dont les linéaments existent sur terre. Dans l’Italie de l’époque, être catholique et républicain n’est pas forcément antinomique. Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.
—  pie_vii-napoleon_ticchi.jpgPie VII. Le pape vainqueur de Napoléon ? Jean-Marc Ticchi, éd. Perrin, 2022, 416 pages, 23 €.