La conversion des époux Hahn, une longue marche vers l’Église - France Catholique
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La conversion des époux Hahn, une longue marche vers l’Église

Trente ans après sa parution, les Éditions Emmanuel republient le poignant récit de la conversion de Scott et Kimberly Hahn, amenés aux portes de la conversion par l’intelligence, puis saisis par leur cœur.
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© Nimrod Oren / Pixabay

De pasteur presbytérien farouchement hostile à l’Église catholique à défenseur ardent du Siège de Pierre : le parcours du théologien Scott Hahn et de sa femme Kimberly est pour le moins spectaculaire. Scott Hahn avait tourné le dos à la foi dans son adolescence. Sa première conversion est aux antipodes de Rome : pris de passion pour l’Écriture sainte, attiré par la radicalité de Luther et de Calvin, il embrasse à la fin des années 1970 une foi protestante presbytérienne si anticatholique qu’il se réjouit de dégoûter sa petite amie d’alors d’assister à la messe.

L’espace de la grâce

Étonnamment, c’est Humanæ vitæ, encyclique sur le mariage et la régulation des naissances écrite par Paul VI quelques années plus tôt, en 1968, qui joue le rôle de grain de sable venant gripper la machine. Découvrant que l’enseignement catholique rejoint son intuition – à rebours de l’esprit de l’époque – que les relations conjugales relèvent de « quelque chose de sacré », Scott Hahn est « de plus en plus troublé » : « L’Église catholique se retrouvait la seule et unique “confession” religieuse au monde à avoir le courage et l’intégrité d’enseigner cette vérité hautement impopulaire. »

Dès lors, le processus est enclenché et les époux Hahn – dont les points de vue alternent dans chaque chapitre, même si le livre est principalement écrit par Scott –, ne cachent rien de leur conversion, proposant ainsi un passionnant compte rendu de la démarche intellectuelle qui, labourant le terrain, laisse à la grâce de la conversion l’espace pour se déployer.

Aussi acharné que le combat de Jacob avec l’ange, Scott Hahn se retrouve aux prises avec les principes protestants de sola fide, « la foi seule », sola scriptura, « l’Écriture seule », qu’il interroge à tel point qu’il les pousse dans leurs retranchements, avant de les voir s’écrouler en laissant apparaître la véracité des arguments catholiques, provoquant chez lui une détresse immense. Car, dressant un parallèle avec le cardinal John Henry Newman, passé de l’anglicanisme à la foi catholique, Scott Hahn se trouve dans une situation intenable, tant les enjeux qui découlent de la « prétention » de l’Église catholique sont énormes. Car en se revendiquant unique Église du Christ, Rome ne laisse que deux hypothèses radicales : « [ou] l’Église catholique était dans l’erreur, alors elle ne pouvait être rien moins que diabolique. Mais, en contrepartie, si elle était dans la vérité, elle devait avoir été fondée et protégée par la volonté divine. »

Le corps et le sang du Seigneur

Il est intéressant de noter que le moment de bascule ne réside pas dans un raisonnement théologique, mais dans une messe à laquelle il assiste, en 1986. Depuis quelque temps, Scott Hahn raconte comment il butait sur l’Eucharistie et sur cette phrase du Christ : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6, 64). Lui qui a toujours appris qu’il s’agissait là d’un symbole, voit une pensée le troubler : pourquoi Jésus aurait-il parlé au sens figuré ? Alors, face au prêtre consacrant le pain et le vin surgit ce qui se tramait depuis le début : « Je ne sais pas comment l’exprimer, mais j’étais tombé éperdument amoureux du Seigneur dans l’Eucharistie » écrit simplement Scott Hahn, marquant le pas décisif du théologien dans la foi catholique. Il sera rejoint par sa femme, au prix d’une grande lutte qui faillit avoir raison de leur mariage.

Si, comme souvent avec les témoignages d’outre-Atlantique, le mélodrame n’est jamais loin, Rome Sweet Home n’a rien perdu de sa pertinence. Tout à la fois témoignage et ouvrage d’apologétique – Scott et Kimberly Hahn n’éludent en rien les difficultés que peut présenter la foi catholique et y répondent point par point –, il reste surtout une fine analyse de la complexité de la conversion, des larmes qu’elle peut causer, mais surtout de la joie qui vient les sécher. 

Rome Sweet Home, Scott et Kimberly Hahn, Éd. Emmanuel, 2024, 244 pages, 18 €.