Ombres et Lumières sur Shanghai - France Catholique
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Ombres et Lumières sur Shanghai

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Une Exposition universelle ce sont d’abord des symboles, c’est même sa principale raison d’être. Parfois même s’y ajoute un peu de prophétie. Nous avons tous entendu parler de l’Exposition universelle de Paris en 1889 qui nous a laissé la Tour Eiffel. L’ »Expo » de 1900 (toujours à Paris) fut celle de l’électricité triomphante, mais aussi de la suprématie européenne.

L’Exposition universelle de Shanghai ne fait pas exception à la règle. Le lieu même n’est pas neutre. Shanghai n’est pas seulement une ville ultra-moderne, elle a aussi été pendant des décennies le symbole de la domination occidentale avec son partage en concessions étrangères si précisément décrit par Hergé dans « Le Lotus bleu ». Aujourd’hui encore, on peut se promener dans l’ancienne concession française à l’architecture préservée, et y retrouver les platanes qui furent plantés en même temps que ceux des Champs Elysées parisiens.

En choisissant Shanghai, le gouvernement chinois, à l’évidence, a voulu signifier la fin d’une longue et humiliante parenthèse, celle d’une Chine sinon vassalisée, du moins dépendante. Les dimensions colossales du pavillon chinois ne sont pas un hasard.

Derrière la carte postale, il y a donc l’entrée définitive du « Pays du Milieu » dans le club des superpuissances. Riche, bénéficiant d’une croissance ininterrompue, la Chine prétend peser de tout son poids, sans prendre avis de personne. On l’a vu avec la visite récente du dictateur nord-coréen Kim Jong-il. On le voit encore avec le refus obstiné de réévaluer la monnaie chinoise (le yuan) en dépit des objurgations américaines.

Cette nouvelle suprématie chinoise, dont Nicolas Sarkozy semble avoir pris acte, ne va pas sans risques importants. En dépit des années de dictature maoïstes (ou peut-être à cause d’elles), la Chine semble toujours hermétique aux valeurs de la démocratie occidentale, et notamment à la liberté individuelle. Avec toute sa modernité agressive, ce vieux pays garde encore intacts les réflexes impériaux. On le voit au Tibet, mais aussi dans le poids d’un Parti communiste à l’idéologie morte, nouvelle Cité interdite. Et puis, à côté de l’incroyable richesse d’une ville comme Shanghai, il y a l’effroyable misère des campagnes chinoises. Il n’est pas sûr que tant de contrastes donnent quelque chose de durable.

L’Exposition universelle de Shanghai marque sans doute l’ouverture du siècle de la Chine, pour le meilleur, on veut le croire, ou – on peut le craindre – pour le pire.