Chine : l'évêque de Shanghai se repent - France Catholique
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Chine : l’évêque de Shanghai se repent

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Il est toujours très difficile de savoir exactement ce qui se déroule en Chine et, lorsqu’on apprend quelque chose, d’en discerner la signification, voire les significations. Ainsi en est-il de l’annonce que Mgr Ma Daqin, évêque de Shanghai, seul à porter ce titre depuis que l’évêque « clandestin », Mgr Fan Zhongliang, est décédé en 2014, mais en résidence surveillée depuis son ordination épiscopale il y a près de quatre ans, a affirmé regretter d’avoir quitté ses fonctions au sein de l’Association patriotique des catholiques chinois.

À la fin de son ordination, le 7 juillet 2012, Mgr Ma Daqin avait en effet déclaré qu’il démissionnait de l’Association patriotique, qui n’est autre que la courroie de transmission du parti communiste vis-à-vis de l’Église. Il avait été aussitôt placé en résidence surveillée dans une chambre du petit séminaire installé au bas de la colline surplombée par la basilique mariale de Sheshan, à une heure du centre de Shanghai. Âgé de 47 ans, devenu théoriquement titulaire du diocèse à la mort, l’année suivante, du rusé et prudent évêque « officiel », Mgr Jin Luxian (1916-2013), il n’a pu exercer son ministère. Le diocèse, l’un des plus importants du pays, a été d’autant plus pénalisé que le clergé semble l’avoir soutenu : petit et grand séminaires, noviciat des religieuses et maison d’édition fermés, tandis que les ordinations diaconales et sacerdotales étaient ajournées, qu’aucune messe chrismale n’était célébrée le jeudi saint et qu’aucune porte sainte n’était installée pour l’année de la Miséricorde. S’y sont ajoutées de graves rumeurs concernant la disparition de sommes importantes, équivalant à une douzaine de millions d’euros.

C’est sur son blog, resté ouvert, que l’évêque a écrit, le 12 juin, que sa démission avait été « rétrospectivement très peu avisée ». Et d’expliquer, dans le plus pur langage des confessions imposées en système communiste : « Pendant un certain temps, j’ai été trompé par certains, et j’ai prononcé certaines paroles et posé certains actes vis-à-vis de l’Association patriotique qui ne sont pas corrects. » Toutes les interprétations demeurent possibles, y compris celle qui voudrait que, dans la ligne de Mgr Jin Luxian, il ait estimé que c’était la moins mauvaise des solutions pour permettre à l’Église de retrouver une visibilité à Shanghai. Les fidèles du diocèse qui refusent tout contact avec l’Association patriotique sont évidemment désorientés. En outre, il semblerait que le Vatican — qui, par ailleurs, négocie depuis des années avec Pékin — a proposé à Mgr Ma de quitter la Chine sous un prétexte médical mais qu’il a préféré rester auprès de ses diocésains.

Pendant ce temps, les destructions de croix et d’églises, catholiques et protestantes, se poursuivent, notamment dans la province du Zhejiang, au sud de Shanghai. Aux dernières nouvelles, le drapeau chinois a été installé sur les 69 églises de la ville de Lanxi dont les croix ont été abattues. Ceux qui protestent contre cette campagne se retrouvent lourdement condamnés pour avoir « troublé l’ordre public » en incitant les fidèles à aller se plaindre auprès des autorités.