Histoire : Quand Shanghai accueillait les Juifs - France Catholique
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Histoire : Quand Shanghai accueillait les Juifs

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Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la présence des Juifs en Chine apparaît comme ancienne et constante. Les récits d’Ibn Battuta, de Marco Polo et de Matteo Ricci montrent une population juive plus ou moins importante ainsi que plusieurs synagogues. La communauté la plus connue, à Kaifeng, a duré jusqu’au XIXe siècle et a compté 5 000 membres au Moyen Âge. Aujourd’hui, il y aurait entre 200 et 300 descendants de ces Juifs, mais ils ne se connaissent pas les uns les autres ; sept d’entre eux ont émigré en octobre 2009 en Israël, où ils ont dû apprendre l’hébreu avant d’être officiellement convertis au judaïsme. On disait aussi que Mme Tchang Kaï-chek et sa sœur étaient d’origine juive ; de nombreuses photos les montrent en tout cas effectuant de la propagande pour le Keren Hayesod — le fonds national de construction en Israël et l’organisme central financier du mouvement sioniste mondial et de l’Agence juive fondé à Londres en 1920 — ou pour d’autres œuvres sionistes. De même, parmi les anciens dirigeants du Parti communiste chinois, on aurait compté quelques Juifs. Mais leur existence a pris à Shanghai une place particulière. Encore aujourd’hui, y existe un Centre d’études juives et on peut visiter, dans l’ancienne concession française, le Musée des réfugiés juifs établi dans l’ancienne synagogue Ohel Moishe ainsi que celle dénommée Ohel Rachel, les deux seules demeurant des sept d’autrefois.

À la fin du XIXe siècle, de nombreux Juifs ont trouvé refuge à Harbin où, dans les années 1920, on en dénombrait quelque 25 000. Mais c’est surtout à Shanghai qu’on les rencontrait. À l’origine, c’étaient des sépharades venus d’Irak ou des Indes, arrivés dans les années 1840 au début de l’expansion de la ville. Puis il y en eut de Russie, fuyant les pogroms et constituant ainsi une classe moyenne. Enfin, les ashkénazes : les premiers, en 1933-1934, ont eu le temps d’emporter leurs biens depuis l’Allemagne ; les deuxièmes, en 1938-1939, se composaient d’Allemands et d’Autrichiens fuyant les massacres et laissant pratiquement tout derrière eux, rejoints en 1939 par près de 4000 venus de Russie, de Lituanie et de Pologne.

L’attitude ambiguë des Japonais aura finalement épargné les réfugiés, jusqu’à la mise en place du ghetto. De son côté, le consul du Japon à Kaunas, Chiune Sugihara (1900-1986), en passant outre aux consignes de son ministère, a sauvé quelque 6 000 personnes, qui ont pu quitter la Lituanie — tout comme le fit He Fengshan (1901-1997), consul général de Chine à Vienne. En tout cas, la ville, où l’on n’exigeait pas de visas du fait d’une situation compliquée avec les présences chinoise, japonaise, anglo-américaine et française, devint pour eux le seul refuge possible quand les pays occidentaux, États-Unis compris, décidèrent de limiter l’immigration juive. En outre, le vice-consul du Japon Shibota avait secrètement alerté la communauté juive locale qu’un projet de création d’un ghetto sur une île du Yangzi était à l’étude, ce qui permit un accord pour le maintenir à Shanghai sur 2,5km2 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.