16 octobre – J’ouvre avec une sorte de délectation cette nouvelle année que je fais débuter au milieu du mois d’octobre, ce vrai commencement de l’automne. La nuit d’hiver s’avance avec obstination, nous la voyons s’élever à l’est tandis qu’à l’ouest le soleil semble s’endormir dans des éblouissements radieux.
Je parle de l’obstination du soleil à être fidèle à lui-même, allant ainsi et toujours sur le chemin qui lui est attribué dans la vaste étendue de l’univers. Et moi je marche comme lui roule à travers l’éther, avec une obstination que parfois je juge stupide, que parfois je pratique comme un illuminé hagard, que parfois je découvre être (ou non ?) une nécessité intérieure.
Il est facile de se leurrer, je n’en disconviens pas. Même quand on s’égare et il me semble que mes passions politiques ne sont pas aussi nécessaires que d’autres, quoique l’amour de mon pays me met au pilori tant il s’obstine sur la voie du désastre, c’est-à-dire l’impasse de l’athéisme qui fait le lit de l’islam.
Au pèlerin qui va vers un sanctuaire afin d’y faire découvrir à Dieu quelque chose de son âme, à Lui qui sait tout d’elle comme de tout son être, n’arrive-t-il pas quelquefois, je l’imagine, qu’il se trompe de sentier ?… Quand il s’en aperçoit il se met en colère contre lui-même au point soudain de se rendre compte qu’il est stupide et qu’il n’a qu’à déposer au pied de la Croix du Christ, comme il le fait pour ses douleurs et ses souffrances, à la fois son erreur et sa fatigue inutile.
Inutile ? Sa joie est tout à coup de se dire que non, elle ne l’est pas… Elle lui a permis d’intégrer davantage au cœur le plus secret de son cœur quelque chose d’un silence qui lui a été seulement après révélé.
Obstiné donc, et il convient d’être un obstiné ! Inconscient ? Sans doute, ne serait-ce que pour continuer à tenir, en ces temps de fin du monde, cette sorte de journal, à noircir « virtuellement » tant de pages. Je le fais pensant porter un témoignage vivant, non tout au long, ce serait admirable, mais parfois et sans être juge des passages où ce témoignage est en vérité rendu. Pour être entendu, cela n’est pas de mon ressort…
Mais quel lecteur tiendrait jusqu’à cette page 1417 ? Jusqu’à 1000 ce serait édifiant… Peut-être quelqu’un aura-t-il la patience de lire jusqu’à la page 500 ? Moins encore, pauvre homme, me dit je ne sais qui au creux de mes neurones. Tant pis ? J’écris comme d’autres marchent. Il ne leur vient pas à l’esprit de compter leurs pas, ils marchent et vont jusqu’à Compostelle, ou Rome, ou même Jérusalem…
Ce matin, écoutant le Cantique d’Ézéchias, je me disais que nous autres chrétiens de France, nous sommes des témoins pleins d’hésitations, de quant à nous-mêmes, si j’ose écrire ainsi l’expression normale ; pudiques quant à notre foi (jusqu’à la lâcheté ?), timides quant à notre amour de Dieu, si abusivement que nous cachons l’amour et la foi au plus secret de nos maisons, de nos pensées muettes : nous avons si souvent peur d’afficher le signe de notre appartenance, nommant notre silence des doux noms de délicatesse, respect du prochain. Et tolérance ! bel abri pour nos frilosités qui nous rendent stériles.
Mais notre prochain attend peut-être de nous la confidence de l’amour de Dieu pour lui alors qu’il porte en lui un désespoir qui glace son âme et la rend livide.
Pour aller plus loin :
- Saint-Suaire : « Science et Avenir », l’obstination à ne rien comprendre
- Prix Nobel de Médecine et cellules souches - La France doit choisir : obstination délétère ou réussite éthique ?
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Le prêtre du printemps
- Charlie - Que penser ? Que dire ? 3/3