Après 12 jours de négociations, les représentants des 193 Etats réunis à Copenhague par l’Organisation des Nations-Unies pour prendre des mesures destinées à ralentir le réchauffement climatique, dont 119 Chefs d’Etat ou de gouvernement, se sont séparés le 18 décembre sur un accord a minima.
Seul l’objectif recommandé par le Groupe international des experts sur le climat (GIEC) de limiter la hausse des températures à 2° en 2020 a été retenu mais sans pourcentage de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour y parvenir. Dans ces conditions, les 20% que les Européens étaient prêts à faire passer à 30% en cas de succès de la conférence, ont été remisés aux oubliettes. Il faudra attendre le 31 janvier pour que les Etats industrialisés fassent connaître leurs ambitions en la matière mais on sait que celle des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre est bien modeste.
Mais un autre résultat était également attendu, celui de l’aide que les pays riches étaient prêts à consentir aux pays pauvres pour que ceux-ci s’adaptent à la nouvelle donne énergétique. C’est finalement la création d’un fonds de 30 milliards de dollars (21 milliards d’euros) qui a été décidé à l’horizon 2013 (à titre de comparaison, le grand emprunt français porte sur 35 milliards d’euros ), montant qui pourrait être réévalué à 100 milliards de dollars à l’horizon 2020-2030. De manière générale, les négociateurs, quand ils se sont senti contraints de fixer des dates, ont préféré les situer loin dans le temps. Les observateurs ont donc beau jeu de dire que le Sommet de Copenhague n’a pas apporté de conclusions à la hauteur des enjeux qui avaient motivé sa tenue. Il n’est pourtant pas sans enseignements, même si ce ne sont pas ceux qu’on attendait.
Tout d’abord, et c’est ce que les optimistes veulent retenir, c’est le plus grand sommet mondial tenu à ce jour et sans doute pour longtemps et qui a été capable de déboucher sur une déclaration, fût-elle plus d’intention que de réalisation. La porte n’est donc pas fermée et d’autres échéances sont attendues l’année prochaine, à Bonn en juin et à Mexico en décembre qui permettront peut être de passer du principe à la réalité. On s’est donc certainement trompé d’enceinte en pensant qu’un sommet de cette nature allait conduire à des résultats concrets alors que le niveau politique des intervenants les condamnait à rester dans les grandes généralités.
Mais l’enseignement le plus important est le nouvel équilibre intern
ational qui semble résulter de ce sommet. Le résultat de la conférence a été obtenu par un accord entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont su entraîner dans leurs sillage les principaux pays émergents, Brésil, Inde et Afrique-du-Sud, dans une sorte de coalition des Etats les moins désireux de s’appliquer des contraintes en termes de réduction des pollutions et donc de développement de leur économie. Et la Chine a d’autant mieux verrouillé le système qu’elle continue a siéger au sein du Groupe des 77 qui rassemble les pays en voie de développement. Tout d’un coup, le monde semble ainsi moins multipolaire qu’auparavant, même s’il s’agit sans doute d’une entente de circonstance.
En tout état de cause, celle qui ressort, sinon battue, du moins affaiblie de cette rencontre, est l’Europe. Hôte de la conférence par l’intermédiaire d’un de ses Etats-membres, se voulant très vertueuse dans ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre alors même qu’elle ne contribue qu’à 1% de leur émission, toujours très généreuse à l’égard du tiers-monde, l’Union européenne se retrouve très isolée à l’issue de ce sommet qu’elle n’a pas su ou pu contrôler. Même si c’est sans doute un peu injuste, on a le sentiment que les Européens sont plus perçus comme donneurs de leçons que comme l’avant-garde d’un avenir meilleur. Cela devrait inciter nos dirigeants à regarder le monde tel qu’il est et non pas tel qu’ils l’imaginent. Prenons garde en effet à ce que la nouvelle césure politique et économique de notre planète, qui n’était déjà plus entre l’Est et l’Ouest et qui semblait s’être positionnée entre le Nord et le Sud, ne le soit désormais entre le Nouveau Monde (pays émergents compris) et le Vieux Monde (Russie hors-jeu incluse), abandonné à lui-même. Et tant pis si cette conclusion n’est pas écologiquement correcte.