Les dix tribus perdues d'Israël – et nous - France Catholique
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Les dix tribus perdues d’Israël – et nous

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Quand j’avais une vingtaine d’années, confronté à l’affirmation que les protestants sont plus assidus à la lecture de la Bible que les catholiques, j’ai pris la résolution de lire entièrement la Bible pour prouver (au moins à moi-même) que ce n’était pas vrai. J’ai tenu cette résolution vaille que vaille au long des années. Je ne sais pas le nombre exact, mais je pense que j’ai lu toute la Bible du début à la fin environ sept ou huit fois – dans différentes traductions. (je dois cependant admettre que j’ai lu en diagonale plusieurs des interminables généalogies dans certains endroits du Pentateuque.) Je suis en train de relire les Macchabée ; j’espère arriver à l’Apocalypse en 2020.

Nous avons tendance à penser qu’il y a beaucoup sur les Juifs dans l’Ancien Testament. Mais jusqu’aux royautés de David, Salomon et Roboam, fils de Salomon, les développements historiques sont tous au sujet des douze tribus descendant de Jacob, libérées un jour de l’esclavage en Egypte, formant un confédération menée par des juges et devenant finalement une royauté.

Dans les Nombres (1:5-15), les douze tribus sont réparties en Ruben, Siméon, Juda, Issachar, Zébulon, Dan, Nephtali, Gad, Aser, Ephraïm, Manassé et Benjamin. Mais il y a aussi Lévi, une presque tribu composée de prêtres, tolérée dans certaines villes, qui deviendra plus tard principalement un groupe de spécialistes religieux réparti dans tout Israël.

Il y avait aussi des différences dans les listes, notées par les biblistes. Certains associent Ephraïm et Manassé en l’unique tribu de Joseph ; d’autres enlèvent Ruben ou Siméon ; d’autres encore incluent Siméon dans Juda, etc.

Mais après que Roboam, fils de Salomon, soit devenu roi du « Royaume du Nord » (=Israël), l’histoire est toute entière au sujet de la révolte du « Royaume du Sud » (=Juda) avec Jéroboam comme premier roi.

Les deux royaumes se sont à l’occasion réunis à nouveau contre des ennemis communs, comme Babylone et la Perse, mais furent souvent vaincus ou déportés. L’histoire finit avec les Juifs, le royaume de Juda, perpétuant les traditions mosaïques et pratiquant une religions centrée sur Jérusalem, couronnée par son temple.

Certains membres réfugiés des autres tribus ont fait leur chemin vers Juda, y compris les Samaritains des environs, proclamant être de la tribu de Joseph et des observants rigoureux de la Torah. Mais en général, les dix autres tribus furent largement dispersées en Syrie et dans d’autres pays du Moyen-Orient et même en Europe.

Quand les musulmans ont commencé à prendre le contrôle, pays après pays, nombre des dix tribus perdues se sont probablement converties à l’islam. Après une période où comme « gens du livre » ils étaient soumis à des taxes et des réglementations spéciales, beaucoup – coupés à ce moment-là de leurs racines religieuses – ont vraisemblablement décidé de se convertir et de s’assimiler.

Mohammed à Médine s’opposait souvent aux Juifs et avait l’intention de les convertir. Nombre de ses plus violentes escarmouches étaient contre des Juifs. Ses successeurs, à de rares exceptions près, ont continué cette pratique, pour laquelle ils ont reçu d’innombrables incitations dans le Coran.

Comme la violence islamique contre les Juifs se poursuivait, il est ironique de penser que beaucoup des oppresseurs musulmans ont été des descendants de « tribus perdues » – des Juifs et des Israélites qui ont été transformés en musulmans ! Cela s’est poursuivi alors que les musulmans se répandaient à travers la Syrie, l’Irak, Constantinople, l’Egypte, l’Espagne, l’Inde, la Palestine, présentant la conversion comme une question de vie ou de mort.

Il est fort probable que les forces anti-juives actuelles en Palestine, Iran, Egypte et ailleurs sont constituées de gens en partie issus des douze tribus ! Les chefs du Fatah et du Hamas en Palestine, les ayatollahs en Iran pourraient descendre des tribus israélites de Juda ou d’Issachar, d’Ephraïm ou de Zabulon. De même certains de nos lecteurs ayant des ancêtres espagnols, d’Europe de l’Est ou de Méditerranée pourraient descendre d’une de ces tribus perdues.

Mais un développement similaire n’a-t-il pas pris place parmi les chrétiens ?

Les Douze Apôtres, comme les tribus d’Israël, se sont dispersés dans l’ensemble du monde connu alors. Il n’y a que de maigres informations quant à la destination finale de la plupart d’entre eux. Mais nous savons que Saint Thomas s’est rendu en Inde, Saint Jacques en Espagne, Saint Jean à Patmos en Grèce et Saint Pierre à Ephèse et finalement à Rome.

Les traditions sur les martyrs nous donnent souvent une indication sur leur destination finale. Dans chacun de ces lieux, les Apôtres ont nommé des successeurs, ou des successeurs ont été nommés par différentes méthodes, mais l’épiscopat de Rome a toujours eu une certaine prééminence en raison des paroles du Christ à Pierre (Matthieu 16:18 et Jean 21:17).

L’analogie chrétienne avec les Dix Tribus Perdues d’Israël vient des différentes ruptures après les hérésies qui ont émergé, siècle après siècle – des évêques ayant apostasié pour embrasser l’Arianisme, le Monophysisme, le Gnosticisme, le Montanisme, le Pélagianisme, etc. – pour ne pas mentionner le Protestantisme ! L’autorité de l’évêque de Rome est devenue analogue à la tribu de Juda conservant l’enseignement orthodoxe et les rites de la Loi de Moïse.

Constantinople et Moscou, qui ne voulaient rien avoir en commun avec Pierre, ont échoué à établir leur titre comme « deuxième » ou « troisième » Rome.

Les hérésies chrétiennes, avec des citations de la Bible, sont intégrées dans telle ou telle dénomination protestante, ou dans le culte massif de l’Islam, qui fait usage des idées et personnages juifs et chrétiens pour établir sa prétention à être la nouvelle – et meilleure – religion. Ces hérésies n’ont pas disparu à l’égal des tribus perdues d’Israël, mais sont présentes partout dans le monde, unies contre le centre proclamé de la tradition chrétienne (à l’image du « Royaume du Sud d’Israël), l’évêque de Rome.

Roboam et les chefs successifs du Royaume du Nord ont perpétué un mélange de fidélité et d’idolâtrie mais ont été protégés par les promesse de Yahweh jusqu’à la venue du Messie. Les Pharisiens, les Sadducéens, les scribes et les grands prêtres ont souvent failli à perpétuer les traditions mosaïques, mais de nombreux Juifs ont gardé la foi, croyant durant des siècles à la promesse d’un Sauveur issu de la maison de David et l’ont accepté quand il est enfin arrivé.

De la même manière, les successeurs romains de Pierre ont compté au long de deux millénaires tout autant de pécheurs que de saints et ont souvent mis à l’épreuve la patience et la foi de leurs ouailles ; mais, fort heureusement, ils ont reçu l’assurance du Christ d’une protection contre les « portes de l’Enfer ».

L’histoire de la papauté, tout comme les règnes erratiques des successeurs de Roboam nous offre une preuve de la pensée consolante que « Dieu écrit droit avec des lignes courbes ».


Howard Kainz, professeur émérite à l’université de Marquette, est l’auteur de vingt-cinq livres sur la philosophie allemande, l’éthique, la philosophie politique, la religion et de plus d’une centaine d’articles dans des publications savantes, des magazines imprimés ou en ligne, des tribunes libres.

Illustration : « Roboam » par Hans Holbein le Jeune, vers 1520 [Musée d’Art de Bâle, Suisse]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/05/04/the-ten-lost-tribes-of-israel-and-us/