Les brebis perdues et les bergers hésitants - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Les brebis perdues et les bergers hésitants

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Quel est le devoir d’un évêque catholique en ce qui concerne l’enseignement moral de l’Eglise au sujet de l’attraction homosexuelle et des actes homosexuels ? Pas autre chose que le devoir qu’il a en ce qui concerne la totalité de l’enseignement moral de l’Eglise : prêcher et défendre les vérités que l’on trouve dans la révélation de Dieu et dans la loi naturelle, et qui nous sont proposées officiellement par l’Eglise pour que nous les acceptions et y adhérions en vue de notre salut.

Les vérités naturelles nous enseignent comment vivre dans ce monde afin de vivre pour toujours dans le monde à venir. L’évêque, conscient des doutes et des difficultés qui harcèlent les croyants dans notre société agressivement sécularisée doit répondre à ces difficultés avec les vérités éternelles de l’Evangile.

Comme Vatican II l’enseigne, « les évêques devraient présenter la doctrine chrétienne d’une manière adaptée aux besoins de l’époque, c’est-à-dire d’une manière qui réponde aux difficultés et aux questions qui pèsent sur les gens et les inquiètent. Ils devraient également préserver cette doctrine, enseignant aux fidèles à la défendre et à la propager. (Christus Dominus 13)

Cette responsabilité a été réaffirmée dans les Directives pour le ministère pastoral des évêques de 2004, approuvée par Saint Jean-Paul II :

« Comme enseignant de la foi faisant autorité, l’évêque place la vérité révélée au cœur de son action pastorale, comme le critère primordial pour évaluer les opinions et les idées émergeant dans la communauté chrétienne et dans la société civile. En même temps, il propose l’espérance et la certitude en apportant l’éclairage de la vérité sur le voyage des gens à travers la vie… Son activité pastorale est authentique quand elle est ancrée dans la vérité. » [57]

Notre voyage à travers la vie sera périlleux si nous empruntons la mauvaise voie. Le christianisme nous enseigne ce qui nous a été donné par le Christ, « le Chemin, la Vérité et la Vie. » Cette voie doit être proclamée avec assurance par les bergers s’il est nécessaire que les fidèles trouvent et suivent le chemin vers la vie éternelle.

Hélas, deux de nos pasteurs se sont exprimés récemment d’une manière qui sape l’enseignement de l’Eglise sur l’immoralité du mode de vie homosexuel, prétendant que les sentiments dépités de certaines personnes qui se sentent « offensées » sont des signes que l’Eglise devrait changer son enseignement.

L’évêque de San Diego, Robert McElroy, a parlé au magazine America cet été. Le journaliste Kevin Clarke rapporte cette conversation :

Alors que le catéchisme de l’Eglise Catholique, au chapitre de l’homosexualité, et d’autres enseignements sur la conduite pastorale à tenir envers les catholiques homosexuels déplore la violence et les discriminations injustes dont les homosexuels font l’objet, ils décrivent les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés. » Mgr McElroy pense que cette formulation devrait être revue. Il explique :

« pour beaucoup de gens, le terme ‘désordonné’ est un terme psychologique. Dans la théologie morale catholique, c’est un terme philosophique qui est automatiquement interprété à tort dans notre société comme un jugement psychologique. »

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il pense que le terme est un exemple « du langage très destructeur que nous ne devrions pas utiliser pastoralement. »

Mgr McElroy omet de se demander si cet enseignement est vrai. S’il l’est, tout désaveu du langage concernant les actes intrinsèquement désordonnés conduira probablement les gens à conclure – faussement mais de façon bien compréhensible – que l’Eglise ne considère plus la sodomie comme un péché mortel.

Un second prélat, l’évêque Vincent Long, de Parramatta, en Australie, a rejoint Mgr McElroy. Il a donné une conférence en août dans laquelle il a dit :

Nous ne pouvons pas être une solide force morale et une voix prophétique efficace dans la société si nous sommes seulement sur la défensive, incohérents et clivant concernant certains problèmes sociaux. Nous ne pouvons pas parler de l’intégrité de la création, de l’amour de Dieu universel et inclusif pendant que dans le même temps nous sommes de connivence avec les forces d’oppression dans le traitement néfaste des minorités raciales, des femmes et des personnes homosexuelles. Cela ne marchera pas avec les jeunes, spécialement quand nous prétendons traiter les homosexuels avec amour et compassion et que cependant nous définissons leur sexualité comme « intrinsèquement désordonnée. »

Nous avons donc deux évêques catholiques qui affirment publiquement que c’est destructeur, sur la défensive, diviseur et manquant d’amour et de compassion de prêcher cette simple vérité que la sodomie est l’usage désordonné des facultés sexuelles et est de ce fait un péché mortel. Ou de dire que tout penchant à commettre des actes de sodomie est pareillement désordonné et qu’il faut y résister car il est en désaccord avec le plan de Dieu pour l’humanité.

Nous sommes reconnaissants pour la beauté de la Création de Dieu quand nous agissons en accord avec notre nature et en accord avec les commandements positifs de Dieu concernant l’usage de nos corps. Violer l’ordre voulu par Dieu en matière sexuelle est grave, et devient encore plus grave quand ces actes sont intrinsèquement désordonnés, car ils contrecarrent la finalité procréative de la sexualité et ne promeuvent pas l’assistance mutuelle, mais plutôt le préjudice mutuel, en coopérant avec l’autre personne dans une conduite pécheresse.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a réaffirmé l’enseignement de l’Eglise dans un document de 2003 approuvé par Saint Jean-Paul II :

« Les unions homosexuelles manquent également de la dimension conjugale qui est la forme ordonnée de la sexualité humaine. Les relations sexuelles sont pleinement humaines si et seulement si elles expriment et promeuvent l’assistance mutuelle des deux sexes dans le mariage et sont ouvertes à la transmission d’une nouvelle vie. »

Le pape François va dans le même sens avec Amoris Laetitia :

« il n’y a absolument aucun fondement pour considérer que les unions homosexuelles puissent être de quelque manière similaire ou même vaguement analogue au plan de Dieu pour le mariage et la famille. » [251]

Les personnes contrariées par l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité devraient tout spécialement faire l’objet de notre soin et de notre sollicitude et devraient être guidées afin qu’elles découvrent que la véritable racine de l’insatisfaction dans leur vie n’est pas la loi de Dieu mais plutôt leur refus d’embrasser cette loi, même au milieu des turbulences et des tentations. Le réconfort et la joie sont des dons de Dieu – et nous en faisons l’expérience quand nous nous tournons vers Lui au lieu de Le fuir.

Les vrais pasteurs savent tout cela et devraient aider leurs ouailles à le découvrir plutôt que mettre des obstacles supplémentaires sur leur route.

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Le père Murray est curé de la Sainte Famille à New-York et spécialiste du Droit Canon.

Illustration : « le mauvais berger » par Pierre Brueghel le Jeune, vers 1616 [collection particulière]

source : https://www.thecatholicthing.org/2016/09/22/of-lost-sheep-and-wavering-shepherds/