L’Eglise met vraiment la pression sur la Nouvelle Évangélisation durant cette Année de la Foi. Après avoir enseigné un cours sur le décret sur l’apostolat des laïcs de Vatican II, il est clair, à mes yeux, au moins, que l’une des principales tâches de la Nouvelle Évangélisation sera de réorienter la perception des gens sur la manière dont fonctionne l’Eglise.
Lorsque beaucoup de personnes réfléchissent sur l’Eglise, elles semblent penser au Pape et à la hiérarchie, ou au Prêtre local, ce qui bien et juste, car il est vrai que le clergé fait partie de l’Eglise. Mais un des résultats concrets de cette approche est que l’Eglise, d’une certaine manière, apparaît comme étant très au « là-bas ». Cependant l’Eglise, c’est son mystère, est une vaste communion spirituelle, où « tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ, qui est la Lumière du monde, par qui nous allons de l’avant, à travers lequel nous vivons, vers lequel notre vie tend » (Vatican II). L’expression « Tous les hommes » ne laisse pas de côté beaucoup de gens.
Ce passage signifie que l’Eglise est fondamentalement christologique . Et ceci doit être le point de départ de la Nouvelle Évangélisation. Aider les gens à apprécier qui est le Christ et ce qu’Il a fait, et ce qu’Il fait encore. Mais la formulation du Concile impose la conclusion (confirmée par le reste du document) que lorsque nous nous approchons du Christ, nous entrons en communion spirituelle avec les autres « dans le Christ ».
Ceci est la direction vers laquelle le Pape Francois nous mène. Le Christ nous attire à être « d’Eglise ». La Nouvelle Évangélisation doit faire mieux que ce que nous avons fait dans le passé pour nous apprendre à comprendre la Parole. Le Christ nous attire dans une nouvelle relation avec Dieu, c’est certain, mais aussi avec tous les autres êtres humains, même les pauvres. La plupart des gens ne reconnaissent pas cela pour toutes sortes de raisons. La Nouvelle Évangélisation devra agir dans de multiples directions pour communiquer cette vérité.
Premièrement, à chaque individu, en raison de ce que le Christ continue à être et à faire. Il est Celui « à travers lequel nous vivons » en tant qu’individu et communauté. (Ces deux dimensions de l’existence humaine ne sont pas séparables en pratique).
En second, Il est Celui « vers lequel toute notre vie tend », encore en tant qu’individu et communauté.
Et troisièmement, Il est Celui « par lequel nous allons de l’avant ». Ce sont les bases dynamiques de l’union spirituelle et physique avec le Christ. Concevoir une existence terrestre comme cela, va bien au-delà et au dessus l’appartenance à un parti politique – et d’avoir son mot à dire ou de donner son soutien à quelque projet humain.
Les classes politiques sont loin de fonctionner au niveau de l’union spirituelle et historique avec le Christ. Elles peuvent être généreuses et idéalistes, cependant elles sont nettement limitées , et ne sont que ce que la plupart des gens apportent autour de la table, à moins que la Nouvelle Évangélisation leur montre ce que St Paul appelle « un chemin meilleur ».
La culture matérialiste à tendance à « affadir » le Christ, même parmi les croyants, et d’en faire une simple figure historique à égalité avec des personnes qui ont lancé des mouvements ou des « religions ». C’est clair, le Catholicisme n’est pas une religion parmi d’autre religions. (Cf Benoît XVI). La Nouvelle Évangélisation devrait aider les gens à abandonner ces pauvres notions sur le Christ et les remplacer par un amour qui répond à l’Amour que nous avons déjà vu en Lui.
L’expérience de Saint Jean de « ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons regardé et palpé de nos mains touchant le Verbe de vie » devient également notre expérience aussi. Cela prend du temps pour découvrir tout ce qui parait et est ressenti, et cela implique, entre autres choses, de lire les Écritures. Cela implique d’aller à la Messe différemment (et je veux dire une Célébration bien orthodoxe avec une homélie sur les lectures). Cela signifie s’efforcer d’avoir une relation avec les autres pour le bien de l’autre. Et ainsi de suite. Marcher sur ce chemin signifie que la Nouvelle Évangélisation ne pourra pas se reposer sur ce qui s’est fait jusqu’à présent.
Enfin, pour revenir à notre point de départ, nous pouvons dire que « entendre », « voir », « regarder » et « toucher » impliquent, au moins partiellement, le Clergé. Notre expérience de Jésus Christ est historique, aussi elle a besoin du Clergé pour nous aider à arriver à certaines des expériences que le Pape François a énuméré récemment.
Avec les yeux de la Foi, nous rencontrons souvent le Seigneur ressuscité à travers de nombreux signes de sa présence : dans les Écritures, dans l’Eucharistie et les autres sacrements et, aussi, dans les actes de charité, de bonté, de pardon et de miséricorde, qui apportent un rayon de sa Résurrection dans notre monde.
Mais comme vous pouvez le voir, la part du lion de ces expériences implique simplement que les laïcs se rencontrent les uns et les autres, qu’ils soient religieux ou non-Catholiques. Ainsi alors que le Clergé a un rôle sacramental privilégié et doit diriger et enseigner de façon à nourrir ce vaste maillage d’expériences humaines dont la plupart des interactions ont lieu sans eux, alors que, cependant chacune devrait être remplie de la présence du Christ.
L’appartenance à de pieuses associations ne remplace pas ce devoir fondamental. En fait une telle appartenance peut, paradoxalement, être un obstacle – et faire du Catholicisme une simple religion.
La Nouvelle Évangélisation devra rétablir le sens des proportions dans notre notion de l’Eglise pour faire que chaque rencontre avec un autre être humain soit une expérience de Jésus Christ – ce qui est ce à quoi tous les baptisés sont appelés.
Comme le Concile l’a affirmé, « toute fidélité au Christ, quelles que soient les conditions, les devoirs et les circonstances de leur vie – et vraiment à travers tout cela – augmentera chaque jour leur sainteté, s’ils reçoivent chaque chose, avec Foi, des mains de leur Père du Ciel, et, s’ils coopèrent à sa Volonté Divine. Dans ce service temporel, ils manifesteront à tous les hommes l’Amour avec lequel Dieu a aimé le monde. »
Père Bevil Bramwell est membre des Oblat de Marie Immaculée, et doyen des Étudiants de la « Catholic Distance University ». Il a publié Laity , Beautiful, Good and True et The Worldwide of the Sacraments.