Comme prêtre, une partie de mes attributions consiste à être un agent de la Nouvelle Évangélisation qui a été proclamée par le bienheureux Jean-Paul le Grand. Quelques années seulement après qu’il ait introduit l’Église dans le troisième millénaire au cours de l’Année Jubilaire 2000, son manteau est passé au pape Benoît XVI, qui lui aussi proclame avec beaucoup de sérieux la mission évangélique de l’Église. Je suppose que la grande majorité de mes lecteurs sont des catholiques réfléchis qui, dans ces temps difficiles, sont aussi désireux que moi de voir la vision du bienheureux Jean-Paul se réaliser et être poursuivie par le pape Benoît XVI : voir l’Église se ressaisir, croître en nombre et fidélité, en particulier dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde occidental.
Ce qui me ramène au cas Steve Jobs. Laissez-moi être clair, je ne défend pas la cause de la canonisation de Steve Job. Sa biographie convaincra le lecteur qu’il souffrait de blessures émotionnelles venant de sa plus tendre enfance et de son statut d’enfant adopté et, pour le dire gentiment, la délicatesse, la générosité et la compassion ne comptaient pas au rang de ses vertus principales. A son crédit, il n’était pas particulièrement cupide et vivait modestement. Il s’est engagé tardivement dans un mariage qui lui a donné plusieurs rejetons. Ayons pitié de lui, après tout, il était un pur produit de la Californie des années 60, laquelle n’était pas exactement un terreau apte à l’éclosion de saints.
Cependant, nous, les évangélisateurs ou apôtres des temps modernes, si nous le voulons, pouvons apprendre beaucoup de lui. Les citations suivantes sont de Steve Jobs. Les phrases suivant chaque citation sont mes commentaires.
* « Les gens qui sont assez fous pour croire qu’ils peuvent changer le monde sont ceux qui le changent effectivement ». N’est-ce pas notre but ? Changer le monde pour le Christ ?
* « Soyez un critère de qualité. Certains ne sont pas habitués à un milieu recherchant l’excellence. » N’est-il pas vrai que si nous sommes bons sur le plan professionnel et familial, les gens feront plus attention quand nous leur parlerons du Christ et de son Église ?
* « Nous n’avons pas une chance de faire toutes ces choses, et chacun devrait être vraiment excellent. Parce que c’est notre vie. La vie est brève, et ensuite nous mourons, vous savez ? Alors c’est mieux d’être sacrément bon. C’est mieux d’en prendre la peine. » Est-ce que nous nous préoccupons de notre vie spirituelle, est-ce que nous essayons d’approfondir notre connaissance de la Foi, est-ce que nous la mettons en pratique ?
* « La qualité est plus importante que la quantité. Un ‘home run’ est préférable à deux ‘doubles’ « 1 Avons-nous l’ambition d’aborder les meilleures personnes pour les amener au Christ, sans crainte ni défaillance ?
*« Je suis persuadé que ce qui sépare les entrepreneurs qui réussissent de ceux qui ne réussissent pas est pour moitié la persévérance. » Étant donné que Dieu est de notre côté, comment pouvons-nous nous permettre de nous laisser aller au découragement ?
* « Je ne l’ai pas vu alors, mais il est apparu qu’être viré d’Apple était la meilleure chose qui pouvait m’arriver. La pesanteur de la réussite a été remplacée par la légèreté d’être de nouveau un débutant, moins sûr de tout. Cela m’a permis d’entrer dans la période la plus créative de ma vie. » Dans notre vie spirituelle et apostolique, nous sommes toujours, comme le déclarait saint Josemaria, « des débutants et redébutants ».
* « Voulez-vous passer le reste de votre vie à vendre de l’eau sucrée ou voulez-vous une chance de changer le monde ? » La fameuse question de Steve Jobs à John Sculley, ancien chef de la direction d’Apple. Comme Steve, nous devrions accueillir favorablement le défi. Après tout, nous avons le seul produit — la Foi — dont chacun a véritablement besoin.
* « Etre le plus riche mort du cimetière ne m’intéresse pas… aller me coucher le soir en me disant nous avons réussi quelque chose de formidable… c’est ce qui me botte. »
* « Presque tout – toutes les attentes extérieures, toutes les fiertés, toutes les craintes de confusion ou d’échec – toutes ces choses s’évanouissent devant la mort, vivre est la seule chose vraiment importante. Se souvenir qu’on est mortel est le meilleur moyen que je connaisse pour éviter le piège de croire que nous avons quelque chose à perdre. Nous sommes déjà dépouillés. Il n’y a pas de raison de ne pas suivre notre cœur. » Nous devrions envisager la mort, méditer sur elle fréquemment, comme des chrétiens qui regardent vers leur récompense, mais savent quand même que nous sommes responsables du don de la foi que nous avons reçu et que nous devons maintenant partager avec les autres, en paroles et en actes.
Jobs, qui a un jour décrit la mort de façon mémorable, comme « très probablement la meilleure invention de la vie » a quitté ce monde avec un regard insistant vers sa famille et ce simple mais mystérieux commentaire : « Oh, sensass !, sensass !, sensass ! ». Savez-vous ce qu’il a vu ? Après tout, il est mort à 3 heures de l’après-midi (l’heure de l’espoir), le jour de la fête de sainte Faustine.
Puisse Dieu avoir pitié de son âme, à l’heure où nous utilisons certaines de ses vues et façons de faire pour assurer la Nouvelle Évangélisation, qui va changer le monde dans un sens jamais imaginé par Steve Jobs quand il a dit « Je veux mettre un nouveau son dans l’univers. »
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Le frère John Mc Closkey est historien de l’Église et chercheur à l’institut Foi et Raison de Washington.