La belle amour humaine, Lyonel Trouillot, Actes Sud, 170 pages, 17 euros.
La belle amour humaine, Lyonel Trouillot, Actes Sud, 170 pages, 17 euros.
par Brigitte Clavel
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Haïtien fier de son pays, Lyonel Trouillot a une écriture qui lui ressemble, violente quand il parle des hommes d’affaires, poétique quand il s’agit de sa terre ouverte sur la mer. Le narrateur, un autre lui-même, prénommé Thomas, a pour mission d’amener Anaïs, jeune Occidentale, à L’Anse-à-Fôleur. Dans ce coin d’utopie, la seule chose importante est le bonheur des habitants. Jadis le grand-père d’Anaïs, homme d’argent caricaturé à l’excès pour avoir rompu avec la tradition communautariste du village, est mort de façon énigmatique, laissant derrière lui une réputation sulfureuse et un fils destiné au voyage, « la belle amour humaine ».
Le trajet est long pour parvenir à Anse-à-Fôleur et Thomas a tout le temps nécessaire pour initier Anaïs aux habitudes des autochtones. Pas question pour ceux-ci de révéler leur mystère, ni de faire la moindre concession à des touristes prétentieux et encore moins à des résidents profiteurs, voire criminels. Et si Anaïs arrivait comme un réconciliateur entre passé et présent, un porteur de dons gratuits plutôt qu’un demandeur de comptes ? Et si Thomas parvenait à faire une fête d’un soir de funérailles ? Alors il atteindrait son but, leitmotiv du livre : faire bon usage de sa présence au monde en donnant à chacun sa place dans le beau tableau de l’existence.
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