Michaël Darmon et Yves Derai, Belle-Amie, Éditions du Moment, Paris, 2009, 192 pages - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Michaël Darmon et Yves Derai, Belle-Amie, Éditions du Moment, Paris, 2009, 192 pages

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L’ambiguë Rachida Dati

Le site web du garde des Sceaux s’avère assez décevant. Les rubriques, conventionnelles, donnent peu d’informations et il ne s’en dégage pas de lignes directrices permettant de caractériser l’action de l’actuelle ministre, comme si n’existaient pas les réformes engagées depuis au moins deux ans — on pense notamment à la carte judiciaire et à la suppression du juge d’instruction. En revanche, l’examen de sa biographie permet de comprendre comment, depuis sept ans, elle a lié son sort à celui de Nicolas Sarkozy dans ses diverses fonctions : « En 2002, elle devient conseillère technique au cabinet du ministre l’Intérieur et des Libertés locales, puis conseillère au cabinet du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie en 2004 et directeur général adjoint au conseil général des Hauts-de-Seine de 2004 à 2005. Elle rejoint à nouveau, de 2005 à début 2007, le cabinet du ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire en qualité de conseillère chargée du projet de loi sur la délinquance. »
Pourtant, cette jeune femme qui a eu 43 ans à la fin de l’année dernière a beaucoup fait parler d’elle et a su retenir l’attention non seulement des médias et de l’opinion publique mais d’un grand nombre de décideurs, dont elle a sollicité et obtenu le coup de pouce aux moments décisifs jusqu’à son installation au cœur de la Sarkozie. C’est une des principales conclusions qui ressort du livre de deux journalistes spécialisés, Michaël Darmon et Yves Derai, où ils la montrent se dépensant sans compter pour parvenir à ses fins. Ils l’ont titré Belle-Amie, par référence au personnage de Maupassant à propos duquel ils rappellent « son intelligence des situations, son pouvoir de séduction et d’intrigue et un incomparable instinct de survie ». On se trouve loin de la légende.

Le portrait n’apparaît donc pas très flatteur. Malgré une écriture rapide et un manque évident de relecture, les auteurs font pénétrer le lecteur au sein du monde des cabinets, des ministères et de l’entourage de Nicolas Sarkozy, où l’entregent, les manœuvres et les coups bas semblent souvent l’emporter sur la compétence, la rigueur et le travail, trois qualités pourtant appréciées du chef de l’État. Celui-ci, d’un naturel plutôt bienveillant, doit alors recadrer ses collaborateurs.

Dans ces conditions, on comprend que le président de la République ait programmé le départ de Rachida Dati pour le printemps. Ayant soigneusement pris soin, lors de son intervention du 5 février, de préciser qu’elle reviendrait « un jour au gouvernement » et qu’elle gardait toute sa « confiance », il a néanmoins dû penser qu’il était temps de remettre un peu d’huile dans les rouages d’un ministère qui ne l’avait jamais vraiment acceptée et où les relations humaines avaient pris un tour essentiellement caractériel.

Jean Étèvenaux