L’envie d’écrire pour écrire de Claire Moyrand est indéniable et elle le fait avec art et subtilité. Si son héroïne, Suzanne Moisson, est « un personnage », elle n’est qu’un prétexte. Sa silhouette est changeante selon qu’elle se trouve en Provence à cultiver miel et lavande ou à Paris à dépenser son argent. Son cœur aussi fluctue selon qu’elle est « la très belle » de Weber, la femme déshabillée par Apollinaire ou la femme protectrice et patronne de Gustin le Résistant. L’important réside dans son goût pour l’existence qu’elle prend plaisir à savourer et qui donne envie de goûter à ses tartines ou de s’asseoir à ses généreux repas de la Saint-Sylvestre.
Écrivain en herbe, Claire Moyrand semble avoir la même indépendance d’esprit que Suzanne Moisson pour qui l’amour de la vie est plus fort que tous les « ragots » du monde. Et si c’était elle, la vraie protagoniste ? Digne descendante de R.-M. Gattefossé, inventeur de l’aromathérapie, et de la douce Suzon qui a « si peu en commun » avec Suzanne Moisson, Claire Moyrand ne serait-elle pas hantée par l’idée de « ne laisser aucune trace » derrière elle, si ce n’est sa très jolie écriture ?
Pour aller plus loin :
- Marie-Madeleine Martinie, "Le port d'attache, Le Mané à Lanester", éditions du Jubilé, 302 pages, 19 euros.
- Quand la vie prend corps, Éric de Rus et Mirelle Nègre, Éditions du Cerf, 139 pages, 13 euros.
- Occupe-toi des autres ! Guy Gilbert, Éditions Philippe Rey, 93 pages, 8 euros.
- DERRIÈRE LES APPARENCES, Sophie Lutz, éditions de l'Emmanuel, 160 pages, 15 euros
- LE VERTIGE DU SUICIDE, Lettre aux proches désemparés, du Père Joël Pralong, éditions des Béatitudes, 128 pages, 11 euros.