Hans-Peter Kerkeling, Paris, les arènes, 2006
Traduction 2008 Antoine Robin
ISBN9 782352 040521, 256p, 21€
Un récit de pèlerinage affecté d’un bandeau rouge annonçant qu’il a été déjà vendu à 2,5 millions d’exemplaires ! Réalité ou publicité ? Voila de quoi pousser à l’achat d’une unité supplémentaire et surtout de quoi faire pâlir de jalousie les multiples auteurs de récits qui n’ont jamais dépassé les 500 exemplaires et ne sont pas rentrés dans leurs frais car, bien sûr, ils ont édité à compte d’auteur.
On ouvre le livre, curieux. Pourquoi cette traduction d’un récit d’un pèlerin allemand ? Les Allemands auraient-ils une manière tellement spéciale de vivre le pèlerinage à Compostelle ? Serions-nous en présence d’un nouveau Paolo Coelho ? La raison apparaît vite, l’auteur est un acteur comique à succès.
Il n’écrit pas mal, il est sympathique, amusant et sincère : il avoue qu’il refuse tous les gîtes, prend le train, fait du stop ou fait porter ses bagages (pas souvent, il est vrai). Ses portraits de pèlerins montrent le professionnel (comique) capable d’écrire des sketches. A Triacastela, il ose parler de « prison pour pèlerins » en voyant à travers la verrière cassée d’un gymnase délabré, « des centaines de gens qui grelottent… ayant établi leur campement à même le plancher maculé de boue ».
Sous sa plume, on dirait que les nouveaux chemins ont été dessinés exprès pour être conformes à l’idée du Moyen Age que se font aujourd’hui les pèlerins. Comme d’autres, il s’indigne de la laideur des zones industrielles. Quand les Galiciens vont-ils enfin comprendre qu’il faut les raser pour plaire à davantage de pèlerins ? Ailleurs, il prétend que le chemin est plein de papillons et que, si on se perd, on ne les voit plus. A quand un zoologiste pèlerin qui pourra confirmer ce miracle permanent ?
Les dernières pages présentent la philosophie habituelle des récits de pèlerins et sont moins alertes. Quelques photos en noir et blanc agrémentent le livre dont le succès aurait justifié des illustrations en couleur. Il n’est sans doute pas nécessaire d’acheter un exemplaire de plus.
Louis MOLLARET