Entre Orient et Occident - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Entre Orient et Occident

Évangélisée au IVe siècle, la Roumanie connaît un vrai renouveau chrétien depuis la chute du communisme, en 1990.
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Messe du 15 août en plein air, au monastère orthodoxe de Moisei, dans les Carpates.

Messe du 15 août en plein air, au monastère orthodoxe de Moisei, dans les Carpates.

© John Pole

Le voyageur qui se rend en Roumanie de nos jours est frappé par l’importance du sentiment religieux dans le pays, surtout en venant de France. Cela se traduit par mille détails : omniprésence d’églises continuellement fréquentées, églises en construction partout, points de vente d’objets religieux en ville… La Roumanie est considérée comme un des pays les plus religieux d’Europe avec la Pologne, même si la pratique peut être, pour une partie de la population, concentrée sur les grandes fêtes et le suivi scrupuleux des carêmes au long de l’année.

Sur 21 millions de Roumains, 85 % se déclarent orthodoxes, 5 % catholiques et 5 % protestants. C’est le seul pays de langue latine en Europe de l’Est et le seul pays latin majoritairement orthodoxe.

Les catholiques de rite latin sont regroupés à l’est de la Moldavie, et en Transylvanie où ce sont surtout des Hongrois. Les gréco-catholiques sont présents uniquement en Transylvanie et tout au nord, au Maramures.

Le nombre de musulmans est minime : environ 40 000. La Roumanie a gardé un très mauvais souvenir de la domination ottomane de 1538 à 1859 et n’est pas enthousiaste à l’idée d’accueillir des musulmans. D’autre part, le pays n’est pas assez riche pour séduire les ressortissants des pays musulmans.

Martyrisée par les communistes

Selon la tradition, la Dacie – les Daces sont les ancêtres des Roumains, comme les Gaulois des Français – fut évangélisée par l’apôtre saint André puis, au IVe siècle, par saint Nicétas. Dans l’orbite de Byzance, la région adopte le slavon comme langue liturgique. La civilisation orthodoxe qui s’épanouit en Moldavie à la fin du Moyen Âge est une des plus brillantes d’Europe, avec les fameux monastères peints de fresques extérieures. Aux XVe et XVIe siècles, les Valaques et les Moldaves combattent les Turcs et retardent leur avancée en Europe.

En 1865, l’Église orthodoxe devient autocéphale. Elle est gouvernée depuis 1925 par le patriarche de Bucarest, en relation avec le patriarcat de Constantinople. Elle a commencé à célébrer la messe en roumain dès la fin du XVIIIe siècle, et abandonné l’écriture cyrillique dans les années 1820 pour bien marquer la distance avec Moscou.

En 1948, le pouvoir communiste abolit l’Église gréco-catholique de rite byzantin. Le martyre sera le lot de son clergé. Leurs églises sont données à l’Église orthodoxe, qui n’en a rendu qu’une faible partie, bien que certains évêques orthodoxes, comme le métropolite Corneanu, leur ait rendu leurs biens dans son diocèse. L’attitude du clergé orthodoxe sous le communisme varie de la collaboration au martyre : des milliers d’orthodoxes roumains ont été emprisonnés et torturés. Aujourd’hui, les gréco-catholiques se sont construit des églises neuves.

Un changement d’époque

Une grande ferveur religieuse s’est manifestée à la chute du communisme en 1990. Plus de 4 000 églises orthodoxes ont été bâties dans le pays. Les anciennes églises étant trop petites, les villages tiennent à avoir une grande église ornée de fresques : la Roumanie est le pays où s’élabore le plus un art chrétien de grande valeur.

Les vocations monastiques ont explosé à partir de 1990 : il y a eu jusqu’à 700 moniales à Agapia et 400 à Varatec, grands monastères de Moldavie roumaine. Les Roumains assistent en grand nombre à la messe dominicale dans les monastères, y font baptiser les bébés. Les gréco-catholiques ont, eux, très peu de monastères, ils vivent surtout leur foi en paroisses, lesquelles sont très vivantes.

Signe d’un changement d’époque, la construction de la grande cathédrale nationale orthodoxe sur le terrain du gigantesque palais de Ceauşescu, devenu palais du Parlement, est presque achevée. Le patriarche orthodoxe Daniel, depuis 2007, était très œcuménique lorsqu’il était métropolite, mais cette attitude a été freinée par le synode des évêques roumains. Si l’on constatait une grande ouverture d’esprit à l’égard des catholiques dans les années 1990-2005 environ, les choses se sont beaucoup refermées depuis, et l’œcuménisme a régressé.