Lundi dernier, nous apprenions de sa propre bouche, au journal télévisé de TF1, que Christine Boutin renonçait à se présenter à l’élection présidentielle et se ralliait à Nicolas Sarkozy. La présidente du Parti chrétien démocrate a su choisir son moment et sa manière pour annoncer quelque chose qui ne devait pas lui faire très plaisir.
Mais la politique étant l’art du possible, on comprend qu’il lui fallait faire un choix puisque, malgré de vigoureux efforts, les fameuses 500 signatures apparaissaient inatteignables et que, d’autre part, elle avait toujours dit qu’elle ne prendrait jamais le risque de faire perdre son propre camp au cas où celui-ci serait vraiment menacé (ce qui semble être le cas à ce jour).
Dès le lendemain il lui fallut avaler une couleuvre. Le candidat Sarkozy réactualisait sa promesse de faciliter le travail du dimanche. Alors qu’une telle « libéralisation » aura un effet nul en termes économiques, mais un effet pernicieux sur la société.
Et puis — cela n’avait a priori rien à voir avec Christine Boutin, mais concernait tout de même les catholiques et la droite — on vit les dirigeants de l’UMP réagir comme un seul homme, avec l’aval télévisé de Nicolas Sarkozy, contre le député UMP Christian Vanneste dont Le Monde venait de propulser une interview sur le site Internet de nos amis de la Fondation de service politique. Cette interview fut taxée d’homophobie et de négationnisme. Le plus grand reproche qu’on pouvait lui faire était que Christian Vanneste décrivait un lobby homosexuel imposant son idéologie par différents moyens dialectiques, notamment en se posant en victime jusqu’à concurrencer la mémoire de la Shoah. Y a-t-il eu une persécution de masse des homosexuels en France sous l’Occupation allemande ? Le député réfutait narquoisement cette affirmation. Les meilleurs historiens de la période lui ont donné raison sur ce point. On peut en revanche lui reprocher un ton mal ajusté… Mais la disproportion de la réaction de ses collègues parlementaires donne à réfléchir. On finit par se demander si des arguments historiques falsifiés n’auront pas une influence sur la politique familiale du prochain gouvernement (UMP ou PS).
C’est là que les catholiques engagés doivent faire des choix1. Se retirer sur leur Aventin ? Se laisser tenter par un quelconque extrémisme ? Ou bien tenter de peser, de l’intérieur, sur ceux qui dirigent le pays ? Lisons Gérard Leclerc dans notre dossier sur la présidentielle (pages 6 à 9 du n° 3295 de France Catholique, daté du 24 février et ici en extraits) et tâchons de ne pas mettre trop en désaccord nos engagements politiques, légitimement divers, et l’Évangile.
Pour aller plus loin :
- Ces considérations inhabituelles se veulent une réponse partielle à un certain nombre de courriers enflammés reçus ces derniers jours à la rédaction après des articles politiques (sur Christine Boutin ou sur ces « Poissons roses » qui veulent réintroduire un débat éthique au sein du Parti socialiste…).