UN PREMIER HOMME ? VOS CHROMOSOMES RÉPONDENT - France Catholique

UN PREMIER HOMME ? VOS CHROMOSOMES RÉPONDENT

UN PREMIER HOMME ? VOS CHROMOSOMES RÉPONDENT

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© Elias Sch. / Pixabay

Poursuivant son examen de nos origines1, Aimé Michel s’interroge sur « le premier homme », expression qui eût fait sourire Darwin dans son illustre barbe. Et pourtant, à l’écoute de la génétique et de la biologie moléculaire, Aimé Michel en arrive à ce constat : en remontant notre lignée, on tombe sur un être qui fut le premier à avoir 23 paires de chromosomes… Reste à évaluer le rôle du psychisme. PAPA Darwin a dû plus d’une fois, il y a un siècle, sourire dans son illustre barbe, quand un ignorant, un attardé, un étourdi, venait à prononcer devant lui l’expression de « premier homme ». Un premier homme, pensez donc, quelle absurdité, alors qu’il venait justement de prouver (en 1871) que l’homme était sorti de l’animal en changeant imperceptiblement par voie de sélection, essentiellement sexuelle ! On ne pouvait pas plus désigner un « premier homme » que dire à partir de quand un grain de blé ajouté à un autre forme un tas, ou quand un homme qui perd un cheveu par jour devient chauve (a). Évidence même. Darwin était un très grand savant à l’ancienne mode, comme Pline, par exemple, ou Buffon. C’est-à-dire que sachant avec précision une immensité de petites choses, il avait le génie de s’en servir pour construire un échafaudage cohérent qui explique tout. Il faut reconnaître que cette image de la science est encore très répandue, surtout en France, pays d’ancienne culture. La plupart de nos contemporains croient que la vocation de la science, c’est pour employer l’expression héritée des Lumières, d’« expliquer les mystères  de la nature ». Avec même souvent le sous-entendu qu’« expliquer » ces mystères, c’est « faire reculer le monstre de la superstition », entendez « détruire la religion » (« écraser l’infâme », comme disait Voltaire). D’où la méfiance obstinée de certains chrétiens. Il y a là, en passant, une remarquable aberration historique. L’histoire des idées s’est déroulée de telle façon que, Dieu sait comment, il est advenu qu’apprendre à connaître l’œuvre de Dieu serait une activité dangereuse pour la foi. Voltaire et les siens ont eu le génie de convaincre même beaucoup de croyants de cette absurdité2 (j’ai d’ailleurs une grande admiration pour Voltaire que je relis périodiquement avec délectation3). Mais revenons à Darwin4. Tandis qu’il souriait dans sa barbe indulgente et fleurie, un petit moine autrichien appelé Georg Mendel, qui cultivait les petits pois de son couvent, notait les variations annuelles de leurs couleurs et les consignait patiemment dans son petit carnet. En 1865, il publiait ses observations dans une revue savante de Brünn5 sous le titre de « Recherches sur les hybrides des plantes ». Ainsi naquit obscurément la génétique qui montre que, de quelque façon que nous définissions l’Homme, il y eut bel et bien un Premier Homme. A Dieu ne plaise que nous nous amusassions à faire du concordisme ! Le concordisme est cette manie de vouloir trouver dans la Bible les vérités scientifiques trop difficiles à trouver par la science ou déjà trouvées par elle. Dieu nous a fait deux (ou au moins deux) révélations. La première (dernière en ordre chronologique) est celle du Livre. Elle nous enseigne tout ce que ne pourra jamais nous enseigner l’autre, celle que tout homme porte en lui en naissant : la raison, l’esprit qui fait la science. Vouloir montrer que ces deux révélations se prouvent l’une par l’autre (le concordisme) reviendrait à dire qu’on n’a pas besoin de la Bible, puisque la science dit la même chose. Au diable donc le concordisme et fin de la deuxième digression6. Nous ne sommes pas seuls à en avoir vingt-trois… La génétique est née par le petit pois, elle a formidablement crû en volume par la fameuse mouche du vinaigre, et elle s’est étendue à tout ce qui vit. Notamment à l’homme. Tout être vivant porte en chacune de ses cellules, et plus précisément dans les chromosomes de chaque cellule, le plan de son organisation physique tout entière, y compris le programme de son vieillissement, souvent celui de ses maladies. Dans chaque jeu de chromosomes, identique en chacune des cellules du corps entier, il y a un assortiment de gènes qui se comptent par millions. L’ensemble des gènes contenus dans les chromosomes de chaque être décrit l’être qui en est porteur. Il est seul au monde à en être le porteur. Il est unique7. Nous avons vu dans un précédent article que du point de vue zoologique (c’est-à-dire par son corps), l’homme est un Primate8. Dans primate, il y a primus, premier, mais il faut reconnaître que l’homme partage cette primauté (physique) avec des dizaines d’espèces de singes, de tarsiens, de lémuriens, sans compter les innombrables espèces fossiles dont on ne possède que des débris, et le plus souvent rien du tout. Pour que deux être appartiennent à la même espèce, il faut premièrement qu’ils aient le même nombre de chromosomes et deuxièmement que le stock de millions de gènes portés par ces chromosomes soit disposé pareillement. Il y a encore d’autres conditions, mais tenons-nous-en là. Les chromosomes vont par paires, car dans la reproduction sexuée il faut que le stock puisse se diviser en deux, chacun des deux géniteurs transmettant la moitié de ses gènes. Il est excellent pour notre humilité de savoir qu’une bonne demi-douzaine de singes ont 23 paires de chromosomes comme nous. Dieu merci (c’est exactement le cas de le dire), ni Calluebus moloch, ni Cacajoa rubicundus, ni Leontideus rosatia (ce sont quelques-uns de ces singes ayant comme l’Homo sapiens, 23 paires de chromosomes) n’ont le même stock génétique. Quand on considère la table chromosomique des primates dans un traité de zoologie (b), on voit que le nombre de paires de chromosomes est très variable, 30 chez les Tarsiens, 17 chez les Atèles. Il est évident qu’une condition absolue pour appartenir à la même espèce est d’avoir le même nombre de chromosomes. Comme le nombre de chromosomes varie, que ce nombre est forcément entier et même pair, sauf anomalie, il est certain qu’en remontant notre lignée on tombe sur un être qui fut le premier à avoir 23 paires de chromosomes. Comment se fait une espèce nouvelle ? Les autres primates possédant comme nous 23 paires de chromosomes sont tous des platyrhiniens9, singes d’Amérique ayant évolué séparément de tous les autres primates. On trouve leurs fossiles, ou plutôt ceux de leur ascendance, de nombreux millions d’années avant que commence l’aventure humaine qui s’est déroulée de l’autre côté de la sphère terrestre. Ils n’ont rien à voir avec nous, puisqu’ils étaient engagés dans la voie où nous les retrouvons maintenant des milliers de siècles avant que s’ébauche la lignée humaine. La génétique et la biologie moléculaire sont des sciences passablement rigides, laissant peu de liberté à l’imagination non mathématique. Nous avons 23 paires de chromosomes. Selon les spécialistes, notre lignée animale en avait davantage. Sous quel effet, par quelle action, 24 ou 25 paires sont-elles un jour devenues 23, c’est ce qu’on ignore, car si la génétique sait beaucoup de choses, elle ne sait pas comment se fait une espèce nouvelle. Mais enfin, dit le Professeur Jacques Ruffié, qui a beaucoup étudié ce problème, « il a suffi que deux sujets à 47 chromosomes (c) se croisent entre eux pour voir apparaître de nouveaux individus à 46 chromosomes… »10 Ces « nouveaux individus » étaient assez bien réussis, pouvons-nous dire en toute modestie, puisque nous sommes là. 46 chromosomes, soit 23 paires, c’était la stabilité chromosomique, si l’être qui les portait possédait le flair de la survie. Nous touchons ici au psychique que l’on ne peut évaluer qu’à ses actes. C’est ce que font les préhistoriens, dont nous explorerons les découvertes après celles des paléontologistes. Aimé MICHEL (a) C’est l’aporie grecque appelée sorite11. (b) Comme d’habitude, je renvoie au Précis de zoologie de P.P. Grassé, vertébré, vol. lll, pp. 280-281, 2e édition. (c) Ce qui est une anomalie, puisque les chromosomes vont par paires. Il a fallu la rencontre très improbable de deux animaux anormaux pour qu’apparaisse le corps de l’homme. Chronique n° 355 parue dans France Catholique-Ecclesia – N° 1838 – 5 mars 1982. Un portait de Mendel illustre l’article avec cette légende : « J.-G. Mendel, moine chez les Grands Augustins, fut le fondateur de la génétique moderne. C’est en 1865 qu’il publia l’ensemble de ses observations. » [|Capture_d_e_cran_2014-11-10_a_12-28-10.png|]
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 20 février 2017

 

  1. Cette chronique poursuit une série dont la publication s’étendit de novembre 1981 à juin 1982. Huit d’entre elles ont été déjà mises en ligne, la dernière étant la n° 354, L’homme n’est pas le produit d`un bricolage – Les sciences et la Genèse – 8, 23.01.2017. Nous reprenons ici le cours de cette série (n° 355 à 360) en les intercalant avec d’autres.
  2. Oui, il est fort curieux que l’histoire des idées ait suivi ce chemin qui a fini par persuader certains croyants que l’étude scientifique de l’œuvre de Dieu puisse être dangereuse pour la foi en ce même Dieu, ce qui est logiquement absurde. Les torts en sont partagés entre scientifiques et croyants. Il arrive aux scientifiques d’être arrogants, de s’imaginer un peu vite qu’ils ont compris tout ce qu’il y a à comprendre et de mépriser toute conception religieuse du monde. Les croyants quant à eux peuvent avoir du mal à faire évoluer leurs conceptions pour les mettre en meilleure harmonie avec l’univers créé tel que la science le montre et en vouloir à celle-ci de remettre en question leurs idées préconçues. Aimé Michel renvoie les uns et les autres dos à dos pour la « folle présomption » des uns d’avoir compris l’univers et des autres d’avoir compris Dieu : « Il est une forme de raisonnement à laquelle il faudrait avoir une fois pour toutes l’humilité, ou plutôt le bon sens, de renoncer, écrit-il. C’est celle qui, supposant l’immensité divine mesurée, tire de cette folle présomption des connaissances séculières : “Dieu devait forcément… Dieu ne pouvait pas ne pas… Dieu étant ci ou ça, il s’ensuit que…ˮ. Vraiment ! Mais réfléchissons. Ne serait-il pas affreux que l’incommensurable fût mesuré par une petite cervelle ? Merci, Ô Créateur de toutes choses (y compris de ma petite cervelle) de m’avoir enseigné un Credo où Tu es appelé Père tout-puissant. Merci de m’avoir dit : “Où étais-tu quand je créais les étoiles ?ˮ Merci d’être insondable et de ne te montrer à tes enfants que quand il te plaît, et au terme d’une longue nuit. » (chronique n° 353, Darwin contre la Bible : un combat d’arrière-garde – La Bible ne dit que deux choses sur l’origine du corps de l’homme, 09.02.2015).
  3. Aimé Michel appréciait sans doute beaucoup le style et l’humour de Voltaire mais pas seulement : « toute sa vie il s’est élevé contre les faiseurs de système, dénonçant sans jamais se lasser leur sanglante influence, toujours il prêcha l’indulgence, la douceur des mœurs, la « tolérance ». (…) Personne ne lit plus Voltaire, et le lecteur aura peine à croire ce que je vais dire : il serait facile, de son œuvre immense, de tirer un livre profond sur l’amour de Dieu, sur la contemplation, sur l’adoration divine, presque aussi épais que les Pensées de Pascal ! » (chronique n° 305, Anniversaire 1778-1978 : Voltaire et Rousseau – Le railleur contre le faiseur de système, 12.08.2014). Quant à l’opinion de Voltaire sur les religions, voir la note 3 de la chronique n° 404, Errance – Après avoir chassé Dieu qui est en nous, nous l’accusons de son absence, 19.09.2016.
  4. Aimé Michel n’en admirait pas moins Darwin, ce « très grand savant ». La réserve qu’il émet porte non sur son « génie » mais sur sa tendance à « construire un échafaudage cohérent qui explique tout ». Donner à penser qu’on explique tout d’un sujet voilà bien le danger que courent le savant et plus encore ses élèves. Expliquer tout dans un système cohérent, c’est verser dans l’idéologie, faire de la science une idéologie. C’est un travers dans lequel il est très facile de tomber parce que l’idéologie exerce un puissant attrait et qu’il est souvent difficile d’échapper à sa logique. (Sur ce vaste sujet des idéologies je renvoie à la chronique mise en ligne la semaine dernière, n° 331, L’éternel péché des clercs – Trahison ou égarement de l’esprit, à propos de Julien Benda, 13.02.2017, notamment la note 5).
  5. Mendel, prêtre de l’ordre des Augustins au monastère de Brünn, aujourd’hui Brno en République tchèque, est né en Moravie en 1822 dans une famille de paysans pauvres de langue allemande. Il va au lycée puis en classes préparatoires à l’université, mais, faute de moyen, doit renoncer aux études universitaires. En 1843, il entre au monastère de Brünn réputé pour sa recherche et son enseignement en agronomie (agriculture, élevage, etc.) et devient enseignant tout en suivant des cours mais échoue à ses examens pour des raisons de santé. En 1851, il peut malgré tout faire des études scientifiques à l’université de Vienne en tant qu’auditeur libre avant de revenir à Brno en 1854. Là, il enseigne au lycée de la ville, conduit de multiples recherches à partir de 1856, contribue à fonder la Société de sciences naturelles de la ville en 1861, devient supérieur de son couvent en 1868. Ses recherches ne se limitent pas aux expériences sur l’hybridation qui le rendront célèbres après sa mort, il se passionne en particulier pour la météorologie comme on peut le voir en visitant son monastère aujourd’hui transformé en musée en son honneur. Il meurt en 1884. En choisissant le pois comme matériel d’étude, Mendel a la main heureuse car son hybridation est facile et obéit à des lois simples. Les variétés de pois se distinguent par des caractères peu nombreux et bien nets : graines lisses ou ridées, albumen jaune ou vert, position des fleurs, etc. Le génie de Mendel est d’avoir suivi un seul de ces caractères au cours des hybridations successives en traitant les résultats par la statistique sur le plus grand nombre d’observations possibles. Il comprend que les caractères résultent de « facteurs » transmissibles (qu’on appelle aujourd’hui gènes) dont les uns sont dominants (leurs effets sont visibles chez les individus qui les portent, l’ensemble des caractères visibles d’un individu étant son phénotype, par opposition au génotype), et les autres, récessifs. Il a moins de chance par ailleurs. Ses résultats publiés après dix ans d’efforts en 1865 et 1866 ne sont guère compris et donc peu cités, entre autres parce que leur formulation mathématique déconcerte les naturalistes de l’époque. Darwin lui-même, au courant de ses travaux, n’en fait pas grand cas. L’un des rares botanistes célèbres à correspondre avec Mendel, Carl von Nägeli, professeur à Munich, doute et même égare Mendel en le faisant travailler sur une plante peu favorable (les lois mendéliennes y sont masquées par une parthénogenèse alors inaperçue). Il faudra attendre 1900 pour que les « lois de Mendel » soient redécouvertes indépendamment par Correns en Allemagne (le premier à les nommer ainsi), de Vries aux Pays-Bas et von Tschermach en Autriche. Il s’en suivra une période de controverses avant que ces lois ne soient définitivement reconnues.
  6. Le concordisme « consiste à rechercher un accord direct, sans médiation, entre un passage des Écritures et une connaissance scientifique » (Dominique Lambert, Sciences et théologie. Les figures d’un dialogue, Éditions Lessius, Bruxelles, 1999). En règle générale c’est un piège dans lequel il faut éviter de tomber. On pourra prolonger la réflexion à ce sujet à l’aide de la chronique n° 319, Un petit caillou sur la berge : qui peut scruter au télescope le mystère divin ? – Une pensée scientifique libérée du concordisme, du dogmatisme et de l’athéisme (16.02.2015) et des réponses aux lecteurs du texte n° 379, À propos de la chronique « Du bon usage de la baleine » (04.05.2015).
  7. Chaque homme est unique en ce sens « qu’il n’existe aucune chance de le voir apparaître deux fois dans l’univers entier, considéré depuis son origine ». Un calcul grossier fondé sur le nombre de gènes (20 000 environ) et l’existence de plusieurs versions (allèles) de chaque gène montre qu’au moins 106000 êtres humains distincts sont possibles (voir la chronique n° 392, , « Plus intérieur que mon plus intime » – Les vérités les plus simples sont les mieux cachées, 30.05.2016, dont note 6). Je dis « au moins » parce qu’il y a plus de deux allèles par gène et parce que le développement embryonnaire n’est pas strictement déterminé, si bien que deux animaux génétiquement identiques n’ont pas exactement les mêmes caractéristiques, autrement dit n’ont pas le même phénotype. Il faudrait que l’univers soit considérablement plus vaste que l’univers observable pour abriter deux hommes génétiquement identiques – de même génotype. Par contre ce raisonnement cesse d’être vrai si l’univers est infini. Dans ce cas rien ne s’oppose non seulement à ce qu’il y ait un autre homme identique à moi-même quelque part ailleurs mais même qu’il en existe une infinité ! C’est ce qu’a bien compris le révolutionnaire Auguste Blanqui en 1871 alors qu’il est enfermé au fort du Taureau en baie de Morlaix et qu’il met par écrit ses méditations sur l’astronomie, méditations qui seront publiées l’année suivante sous le titre L’Éternité par les astres. Comme l’univers ne peut avoir de limite, pense-t-il, il en déduit qu’il est infini à la fois dans l’espace et dans le temps. Il comprend alors que ce qu’il est en train d’écrire, il l’écrira « pendant l’éternité, sur une table, avec une plume, sous des habits, dans des circonstances toutes semblables » (cité par Thomas Lepeltier, Univers parallèles, Seuil, Paris, 2010), car telle est la conséquence, troublante mais logique, de tout univers infini. Bien entendu reste à savoir si l’univers est infini, car nul n’en sait rien (voir à ce propos la note 3 de la chronique n° 319, citée ci-dessus).
  8. Allusion à la première chronique de cette série n° 347, Votre main : un passé plus vieux que le Mont-Blanc – La science et le récit de la Genèse – 1, 25.0.4.2016. Voir aussi la chronique n° 284, Les origines de l’homme ou des légendes qui s’écroulent – L’évolution buissonnante des Primates depuis 75 millions d’années (13.07.2015).
  9. On divise habituellement l’ordre des Primates en deux sous-ordres : les Prosimiens et les Simiens. Les Prosimiens sont les lémuriens (les plus primitifs, présents en Asie et Afrique, surtout à Madagascar) et les tarsiers (les plus petits, îles du Sud-Est asiatique). Les Simiens sont subdivisés en « Platyrhiniens » ce qui signifie simplement « nez large » et en « Catarhiniens » au « nez vers le bas ». Les premiers ont toujours une queue, parfois préhensile, et vivent uniquement en Amérique, de l’Uruguay au sud du Mexique. Les seconds ont parfois une queue mais jamais préhensile ; ils vivent en Afrique et en Asie.
  10. Tous les membres des hominidés, à l’exception des humains, des Néandertals et des Denisoviens, ont 24 paires de chromosomes. Les humains n’en ont que 23 paires car leur chromosome 2 est le résultat de la fusion de deux chromosomes ancestraux (voir la note 2 du texte n° 379 et aussi la note 5 de la chronique n° 284, cités plus haut). Il existe d’autres différences entre chromosomes humains et chromosomes de chimpanzé par exemple, différences qui rendent impossible leur appariement en conditions naturelles, ce qui interdit la création d’hybrides entre les deux espèces. Ces différences portent sur le découpage des segments chromosomiques et leur disposition relative. En effet, si, au lieu de comparer les chromosomes entiers, on compare leurs segments, on constate de grandes analogies qui dépassent 98% de la longueur totale des chromosomes.
  11. Sur cette notion d’aporie (qu’on pourrait traduire du grec par « voie sans issue »), voir la note 8 de la chronique n° 419, Une idée nouvelle : la providence… – Les quatre paradigmes et les trois formes de hasard, 07.11.2016.