Sagesse sénatoriale - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Sagesse sénatoriale

PÉDOPHILIE

Copier le lien

Lorsque l’équipe de Témoignage chrétien, appuyée par quelques personnalités, proposa la constitution d’une commission parlementaire pour enquêter sur le dossier de la pédophilie dans l’Église de France, j’étais plutôt enclin à approuver l’initiative, sous réserve qu’il ne s’agisse pas que de la seule Église, mais bien de l’ensemble des institutions proches de la jeunesse et susceptibles d’avoir été touchées par la même pathologie. Cependant, la commission des lois du Sénat a rejeté cette proposition, la trouvant inadéquate à sa fonction, mais sans abandonner un dossier crucial pour le bien commun. Une grande mission d’information sera créée pour – je cite Philippe Bas, président de la Commission des lois – « dresser l’état des lieux des précautions, des garanties et des contrôles mis en place partout où les enfants sont accueillis, afin de mieux les protéger ».

Cette décision relève de la sagesse, et au demeurant des dispositions de la Constitution. Le Parlement ne saurait se substituer à la justice qui, d’ailleurs, dispose seule des moyens nécessaires à une investigation, avec le concours de la police judiciaire. La question de la séparation de l’Église et de l’État est aussi posée. Philippe Bas, dans une tribune au Parisien d’hier, fait à ce propos une remarque bien intéressante : « En mettant au jour les pratiques qui ont pu exister dans l’Église, accusée d’avoir systématiquement organisé la dissimulation de crimes de prêtres pédophiles, certains courants espèrent engager sa transformation à partir d’une plongée dans son histoire récente. Mais cet enjeu n’est plus celui de la protection de l’enfance, ni celui de la justice ou du Parlement ! »

Oui, la puissance publique ne saurait intervenir dans l’organisation interne d’une institution religieuse. Sans doute cette institution peut tirer elle-même les conclusions qui découlent des fautes commises et des dysfonctionnements observés. Ce n’est pas l’État qui lui dictera les réformes institutionnelles à entreprendre. En revanche, il y a tout intérêt à ce que la puissance publique ayant pris conscience de l’enjeu, communique à la société tout entière les fruits de sa réflexion pour une meilleure protection de l’enfance. Car il s’agit bien d’une pathologie qui affecte l’ensemble de la société. Sans doute y aura-t-il des conséquences législatives à envisager, mais elles relèvent de l’État, lui seul.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 octobre 2018.