Quelle enquête parlementaire ? - France Catholique
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Quelle enquête parlementaire ?

Pédophilie dans l'Église

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Nos confrères de Témoignage chrétien, appuyés par quelques personnalités, exigent la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la pédophilie dans l’Église. Christine Pedotti, directrice de la rédaction, explique que l’expertise d’un organisme d’État, neutre, aiderait à y voir clair. Elle met en cause cependant « le silence assourdissant de la hiérarchie catholique devant des souffrances qu’elle a, pour l’essentiel, sciemment ignorées ou même cachées pendant trop longtemps. » Interrogé à ce propos par Le Parisien, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit ne s’est pas opposé à cette initiative : « Pourquoi pas ? C’est vraiment une question de justice. Si la société juge que c’est important pour d’avantage de clarté, si la situation montre qu’on a besoin d’une intervention extérieure à l’Église pour aller au bout des choses, je ne vois pas d’entorse à la laïcité. »

Cependant des objections d’ordre juridique limitent le champ d’une telle initiative. Une commission parlementaire n’a d’autorité qu’en ce qui concerne les affaires de l’État. C’est pourquoi Alain Christnacht, haut fonctionnaire qui préside une commission d’expertise contre la pédophilie créée par l’Église de France, déclare à La Croix : « Une commission sur la pédophilie dans l’Église ou la manière dont celle-ci traite le sujet semble inenvisageable. On pourrait en revanche imaginer une commission sur la pédophilie en général, qui conduirait à regarder ce qui se passe dans l’Église, mais aussi dans l’Éducation nationale, dans le sport… Des responsables d’Église pourraient alors être entendus. »

Il n’y a pas de raison que le personnel de l’Église, s’il est coupable, échappe à la justice civile. Benoît XVI l’avait signifié très clairement en son temps. De même, s’agissant d’un fléau qui concerne la société tout entière, il convient que l’État s’en préoccupe au plus vite en enquêtant sur tous ses aspects. S’intéresser à la seule Église catholique risquerait de la désigner comme bouc-émissaire, concentrant sur elle toute la responsabilité d’une pathologie qui concerne bien d’autres institutions et d’abord la cellule familiale. Certes, le mal concernant le clergé est d’une singulière gravité, mais seule l’Église est en mesure de le comprendre en référence à sa doctrine, à sa mystique, mais aussi à sa propre expertise spirituelle qui concerne les tréfonds de l’âme. Ce qu’un Michel Foucault avait remarquablement défini en étudiant les textes de la Tradition chrétienne.

Il n’en reste pas moins que, pour reprendre les paroles de Mgr Aupetit : « Il y a un abcès, le pus doit être vidé. » Les chrétiens sont blessés par le drame. Mais il est visible que la colère commence à monter suite à l’exaspération qui résulte des scandales internationaux. Longtemps, c’est un silence douloureux qui a prévalu. Il laisse de plus en plus la place à l’impatience. Certes, cette impatience peut conduire à l’injustice. Une étude approfondie reste à entreprendre sur l’attitude de la hiérarchie, désorientée par un phénomène qu’elle ne comprenait pas et qu’elle dissimulait, non par calcul ou complicité, mais par impuissance. Ce qui est vrai des évêques l’est d’ailleurs aussi pour les autres autorités. Nous avons dépassé cette période. Il faut en tirer toutes les conséquences, du point de vue ecclésial et du point de vue du bien commun.