Le roi que la France aime - France Catholique

Le roi que la France aime

Le roi que la France aime

Henri IV (1553-1610) a réconcilié les Français, meurtris par les guerres de Religion. L’historien Jean-Christian Petitfils lui consacre une superbe biographie.
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L’abjuration d’Henri IV, devant l’évêque de Beaune Nicolas Baullery (1560-1630), musée d’art et d’histoire de Meudon.

L’abjuration d’Henri IV, devant l’évêque de Beaune Nicolas Baullery (1560-1630), musée d’art et d’histoire de Meudon.

Henri IV a changé six fois de religion au cours de sa vie… Quelle est sa part de sincérité ? Jean-Christian Petitfils : Il n’est pas simple en effet, de discerner en la matière sa part de sincérité et de calcul politique. Ballotté dans son enfance entre un père catholique, Antoine de Bourbon, et une mère devenue passionnément calviniste, Jeanne d’Albret, il avait été contraint de rentrer dans le giron de l’Église après la Saint-Barthélemy, puis, s’étant échappé de la Cour, il était revenu à la Réforme, tout en s’efforçant de se tenir à distance des fanatiques des deux camps. Chef des protestants, devenu l’héritier du trône de France en 1584, il devait constamment manœuvrer pour ménager l’avenir, sachant que s’il abjurait subitement, il serait abandonné de ses troupes, sans gagner nombre de catholiques attirés par les extrémistes de la Ligue. Sa conversion intervint en 1593, alors qu’étant roi de France depuis près de quatre ans, il ne parvenait pas à achever la conquête de son royaume ni surtout à entrer dans Paris. Il se résolut alors à faire ce qu’il appelait le « saut périlleux ». Sa foi en réalité se situait à mi-chemin entre catholicisme et protestantisme. Il admettait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, ce que niaient les calvinistes, alors que lui-même dira y avoir toujours cru. Il manifesta également une grande dévotion envers la Vierge Marie. En revanche, il n’adhéra jamais que du bout des lèvres au culte des saints ou des reliques, ou encore à l’existence du purgatoire. Il croyait que le protestantisme n’était pas une hérésie, mais plutôt un schisme destiné à réparer les abus de l’Église, sans comprendre probablement que la conception de l’Eucharistie est centrale dans l’existence de celle-ci. Cela ne l’empêcha nullement, sitôt après son sacre, solennisé à Chartres en 1594 – car Reims, lieu traditionnel, était aux mains des ligueurs –, de devenir pleinement catholique, d’incarner la fonction royale et la sacralité qui en découlait, se considérant dès lors comme le roi très-chrétien, ayant reçu l’onction du Très-Haut. Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
—  henriiv.jpgHenri IV, Jean-Christian Petitfils, Perrin, 2021, 700 p., 29 €.