Le grand retour des saints ! - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le grand retour des saints !

Comme tous les 7 ans depuis le Xe siècle, les Ostensions limousines reviennent dans le diocèse de Limoges. La dévotion populaire honore les saints du Limousin avec une fidélité exemplaire. Lever de rideau sur ces 73es Ostensions, lancées le 19 mars.

Ostensions limousines

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Si les pardons bretons ou les processions de la Semaine sainte en Castille et en Andalousie sont célèbres, les Ostensions limousines sont peu connues hors des limites de leur région, même si, en 2013, leur classement au patrimoine culturel et cultuel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, a braqué le projecteur sur cette tradition bien vivante.

Ostensions ? Le mot vient du latin ostendere, « montrer ». Ce sont des processions solennelles, uniques en France, en l’honneur des saints du Limousin depuis le Xe siècle, où l’on vénère les reliques dans leurs châsses, et où des figurants costumés évoquent, dans les rues pavoisées, la vie des saints et l’histoire de l’Église. Elles s’étalent sur plusieurs mois, car le principe est que chaque paroisse amène ses saints en pérégrination chez les autres, et reçoit les autres à son tour : il n’y a donc qu’une Ostension à la fois.

Le « Miracle des Ardents »

En 994, une terrible épidémie de mal des ardents – maladie endémique mortelle au Moyen Âge, provoquée par un parasite du seigle – ravage le Limousin, fauchant des vies par centaines. Le 1  novembre, 5 heures après minuit, à l’issue d’une messe, les fossoyeurs commencent à creuser sous l’autel de la basilique Saint-Sauveur, une des églises de la grande abbaye Saint-Martial, fondée en 848 et rasée à la Révolution. La population a supplié l’évêque et le père abbé de « relever » le corps du saint patron de la ville. Devant la foule anxieuse, on trouve un sarcophage de marbre, en contenant un plus petit en serpentine – une précieuse pierre dure de couleur vert jade –, d’où l’on sort un cercueil de plomb, celui de saint Martial, premier évêque de Limoges. À l’ouverture, un parfum suave se répand ; on place le corps dans une châsse en or que l’on a préparée, et plus de 7 000 malades sont instantanément guéris. C’est le « Miracle des Ardents ». En 1094, une nouvelle épidémie est à nouveau enrayée par l’ostension de saint Martial. Le village de Saint-Léonard se joint au mouvement ; ce sont les deuxièmes Ostensions les plus anciennes. Par la suite, on sortait les reliques lorsqu’un roi – Saint Louis, Louis XI, Henri IV – ou un pape – Clément V en 1307 – venait dans la ville et en cas de calamités, naturelles ou dues à la guerre.

Victimes de la Révolution

Le rythme septennal est adopté définitivement en 1519, après une première tentative en 1356. Les Ostensions ont été interdites de 1799 à 1806, pendant et après la Révolution. Elles ont ensuite été victimes de la persécution anticléricale de 1883 jusqu’à 1953, où les municipalités de gauche les confinèrent à l’intérieur des églises.

Aujourd’hui dans une région largement déchristianisée, où l’anticléricalisme a longtemps sévi, les Ostensions attirent plus que jamais les foules, acteurs, bénévoles et spectateurs, croyants ou non.

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