Le célibataire Catholique en chemin

Jésus nous a dit qu’il est le Chemin vers Dieu (Jean 14, 6). Il y a quelque temps, ¹
j’ai présenté certains aspects de la vie conjugale en Chemin. La Vie en Chemin est très différente de ce que notre culture considère être la vie. Notre culture préfère nous voir prisonnier de deux ou trois religions, des fascinations qui absorbent notre temps, nos efforts, notre argent, mais, surtout, notre morale. Le Pape Émérite Benoît XVI appelait « religions » ces fascinations s’inspirant de la manière dont fonctionnent les païens depuis des siècles.

Au temps de Jésus, par exemple, les gens avaient cinq ou six « religions » ; ils payaient leur dû, accomplissaient leurs rituels, complétaient une liste de choses à faire. Les « dieux » étaient souvent choisis en fonction de la profession, par exemple un soldat sacrifiait au dieu Mars, ensuite au dieu du foyer pour avoir une maison paisible, peut-être également à Zeus, au dieu de sa cité, etc…, et vivait « en esclave, soumis aux éléments du monde. » (Galates 4,3)

Aujourd’hui, sans les appeler « dieux », les gens se trouvent liés aux mêmes éléments et développent une obsession quasi religieuse pour le sexe, le shopping, la culture de mort, la soumission aveugle au progrès, à l’amour de son propre confort, etc. Il est facile d’être tiré dans toutes les directions.
Les catholiques célibataires ne sont seuls que dans le sens ou ils ne sont pas mariés. Ils ne sont pas isolés. Les gens commencent généralement leur vie au sein de relations intenses en famille ou dans une communauté, y compris dans l’église. Les célibataires, espérons-le, se découvrent adultes dans l’Église ou « chacun individuellement occupe une place définie dans ce corps auquel il a été appelé. » (Léon le Grand). Et puis, du point de vue du clergé, « la paroisse n’existe que pour le bien des âmes. » On devrait donc exiger beaucoup d’une paroisse.

Ce n’est que dans une communauté paroissiale que les célibataires peuvent comprendre que, comme l’expliquait Vatican II, « toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. »² Les célibataires vivent ce drame tout comme les personnes mariées à l’intérieur d’un réseau de relations avec d’autres célibataires et avec des couples mariés.

Le Catholique célibataire approfondit sa connaissance des relations et de la manière d’agir en tant que Chrétien dans le monde. Une communauté d’Église qui fonctionne bien peut aider énormément, sur les plans spirituels et matériels.

De nombreuses paroisses accomplissent des oeuvres de charité sous une forme ou une autre. Le célibataire baptisé peut mieux comprendre ce qu’est l’amour désintéressé en se portant volontaire, ne serait-ce qu’une heure ou deux par semaine. Comme l’expliquait Vatican II : « La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. » ³

Un autre avantage, c’est d’appartenir à un groupe de gens ayant les mêmes aspirations, des gens qui veulent devenir des saints. Le groupe ne peut être un clan séparé de la paroisse, mais il peut aider ses membres à développer un esprit qui recherche la compagnie de Dieu.

Le célibataire en Chemin s’efforce de devenir comme le Christ, lui qui suit toujours la volonté de Dieu. Un saint ne devient saint qu’en faisant partie d’un « peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. » (Vatican II) ⁴ Quelle est cette sainteté ? Vatican II disait : »Cette sainteté de l’Église se manifeste en permanence et doit se manifester par les fruits de grâce que l’Esprit produit dans les fidèles ; sous toutes sortes de formes, elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite, dans leur ligne propre de vie, en édifiant les autres. » ⁵

Dans le cours normal des choses, aller à l’université, trouver un emploi, trouver un époux ou une épouse ne ressemblent pas à « marcher sur ses traces et se conformer à son image, accomplissant en tout la volonté du Père » (Vatican II) ⁶. Le « son » de la phrase, c’est Jésus lui-même.
Être en Chemin signifie se conformer au Christ, l’être humain parfait. Par exemple, les fonctions corporelles du Christ étaient ordonnées à ses fonctions spirituelles supérieures, qui elles-mêmes étaient totalement soumises au Père. Mettre en oeuvre ce type d’ordonnancement ne peut se faire qu’en s’entourant de bons compagnons, pour que la grâce puisse accomplir ses effets. Dans un tel groupe, les hommes et les femmes affinent leurs relations au sexe opposé pour qu’elles soient aimantes et respectueuses.

Le Christ qui s’épanouit dans l’individu fait rayonner l’amour et le respect pour les autres, et ceci reflète à certains égards l’union entre le Christ et son Église.

Saint Paul nous fait part d’une autre sorte de conformité au Christ : « Sous l’empire de la chair, on tend à ce qui est charnel, mais sous l’empire de l’Esprit, on tend à ce qui est spirituel. » (Romains 8, 5) ⁷

Être en chemin implique une mentalité totalement neuve, refaçonnée dans le Christ. Être en chemin, c’est compliqué au premier abord, mais simple en fin de compte.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-single-catholic-on-the-way.html

 
Le Père Bevil Bramwell, est Oblat de Marie Immaculée; il est en retraite et était auparavant doyen du premier cycle à la Catholic Distance University. Il a publié Les Laïcs : Beaux, Bons et Vrais et Le Monde des Sacrements.

1. NDT : voir : Le Mariage Catholique est un Chemin – http://www.france-catholique.fr/Le-mariage-Catholique-est-un.html
2. Traduction : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html
3. Traduction : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
4. Traduction : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html
5. Traduction : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
6. Traduction : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
7. Traduction : TOB