LA MÈRE « STRESSÉE » - France Catholique

LA MÈRE « STRESSÉE »

LA MÈRE « STRESSÉE »

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Vous prenez deux mères rates en gestation, attendant chacune leur portée dans des cages identiques et menant la même vie. Vous laissez la première en paix. Quant à la deuxième, chaque jour, pendant quelques minutes, vous la persécutez, pas gravement, simplement comme on le fait dans les laboratoires : en l’effrayant, en la manipulant, en lui faisant subir quelques petites secousses électriques. Comme on dit, en lui imposant un stress, une épreuve sans douleur physique. Les deux rates mettent bas ensemble (on peut arranger ça, comme on sait), et on échange aussitôt leur progéniture, chacune adoptant celle de l’autre. Les ratons de la première grandissent donc avec la deuxième, et inversement. Et quand ils sont assez dégourdis, on leur fait passer toutes sortes de tests dont les résultats sont connus pour des rats normaux de leur âge. On a donc le tableau suivant : 1. Les résultats des tests passés par les ratons ayant eu une vie prénatale et postnatale normale ; 2. Les résultats de ceux ayant eu une vie prénatale agitée (mère malheureuse), mais élevés par une mère adoptive normale ; 3. Les résultats de ceux ayant eu une vie prénatale normale mais élevés par une mère « stressée ». Le rat et la Science En comparant ces résultats on fait des constatations bien intéressantes. D’abord, les ratons nés d’une mère « stressée » élevés par une mère normale ont un profil psychologique de « demeurés ». Ils apprennent moins vite, ils commettent plus d’erreurs, ils sont plus émotifs, moins entreprenants, plus timorés, et la fréquence chez eux des ulcères gastriques est supérieure à la normale. Quant aux petits normaux élevés par une mère névrosée, ils ont tendance à devenir, eux aussi, névrosés. Cela passe si les comportements anormaux de la mère s’améliorent et disparaissent assez vite. Mais, dans le cas contraire, les anomalies de la progéniture peuvent s’installer et persister à l’âge adulte. En lisant le compte rendu de telles expériences dans le dernier et excellent livre de notre ami Chauvin (a), on ne peut s’empêcher de penser que si l’homme n’est pas un rat, l’étude du rat cependant jette souvent plus de lumière sur les problèmes de l’homme que la psychologie spéculative des vieux programmes de philosophie1. L’homme n’est pas un rat. Cependant comme me l’a dit un jour Lorenz2, s’il est vrai que tout l’homme n’est pas dans l’animal, en revanche tout l’animal est dans l’homme. On a pu préciser par quels mécanismes les malheurs subis par la mère rate retentissent sur sa future progéniture : c’est par les hormones que le fœtus partage avec la mère. Or, cette communauté d’hormones entre la mère et son fœtus est identique chez les rats et dans l’espèce humaine. L’homme n’est pas un rat, mais, dans ce cas particulier, ce que l’on apprend sur le rat est aussi valable pour l’homme. Il y a là matière à réflexion, à d’innombrables réflexions ! D’abord, n’y aura-t-il pas lieu de revoir les conclusions que l’on a souvent tirées un peu vite des différences de quotient intellectuel constatées entre classes sociales ? Ces différences semblent avérées3. On les a jusqu’ici expliquées, soit par l’hérédité (les gens intelligents ont tendance à se marier entre eux, à grimper dans l’échelle sociale et à y rester), soit par l’environnement culturel (qui développe plus tôt, quand il est favorable, les facultés de l’enfant), soit plutôt par les deux, dans un rapport souvent déterminé par les préjugés sociaux et politiques (à gauche, on met l’accent sur l’environnement culturel, à droite sur l’hérédité). Seulement, si les épreuves subies par la mère marquent déjà le fœtus du point de vue « intellectuel » – ces guillemets parce que, ne l’oublions pas, dans l’expérience il s’agit de rats –, ne faudrait-il pas ajouter chez l’homme aux causes possibles de retard intellectuel des enfants les épreuves subies par la femme enceinte ? Chauvin souligne bien que les dégâts prénatals chez les rats ne sont pas durables, ils sont réversibles si les ratons sont élevés dans un milieu normal. Mais une des différences physiologiques les plus importantes entre l’homme et les mammifères à croissance et maturité rapides est le pourcentage de myélinisation du système nerveux du nouveau-né au moment de la naissance et le temps pendant lequel cette myélinisation se poursuit. On constate une très importante maturation différentielle du système nerveux (b). Le cerveau de l’enfant humain n’arrive vraiment à maturité que vers 15 ans4. D’autre part, il est certain que les désordres subis par l’enfant au cours de ses trois ou quatre premières années peuvent avoir des conséquences irréversibles, surtout au niveau des activités normalement apprises pendant cette période, en premier lieu desquelles il faut placer le langage. Et le langage, dans une certaine mesure, c’est la pensée (c) !5 Disons donc que ceux qui confondent la juste revendication pour la femme d’avoir les mêmes droits que l’homme avec la douteuse revendication de subir les mêmes « enquiquinements » que lui, ont toutes les chances de contribuer à fabriquer des générations psychologiquement affaiblies. Napoléon, Léonard, Pasteur Disons surtout qu’en construisant une société dans laquelle la future mère n’est protégée contre aucun stress (sous prétexte d’égalité), on ne sait pas ce que l’on fait. Peut-être est-ce ainsi que se mûrissent les grandes catastrophes historiques. L’helléniste anglais Gilbert Murray dit que la civilisation antique s’est effondrée sous l’effet d’une « failure of nerve », ou « défaillance nerveuse », opinion partagée par beaucoup d’autres hellénistes célèbres, comme M. P. Nilsson, E. R. Dodds. Mais pourquoi cette défaillance de caractère ? Peut-être les historiens devraient-ils examiner de plus près la condition de la femme à l’époque hellénistique6. Sans doute, aussi, les psychologues devraient-ils rechercher ce qui est « stress » pour la femme enceinte et ce qui ne l’est pas. Qui sait ? Nous avons peut-être là-dessus des idées complètement fausses. Du point de vue du rat la mère de Napoléon, celle de Léonard de Vinci, celle de Pasteur (qui toutes eurent une vie physique difficile pendant leur grossesse) étaient horriblement « stressées ». Qu’est-ce qui rend la future mère malheureuse ? Je parie que le manque d’amour, l’ennui, le vide spirituel sont de bien plus funestes épreuves que les fuites nocturnes à dos de mulet dans le maquis corse de Laetitia Ramolino, le travail exténuant de Mme Pasteur, le rejet social de la mère de Léonard7. Aimé MICHEL (a) Rémy Chauvin : l’Éthologie, étude biologique du comportement animal (PUF, Paris 1975). (b) Ouvrage collectif : Brain development and behavior (Academic Press, New York 1971), chap. II. (c) Dans une mesure cependant bien moindre que ne l’affirment certaines doctrines à la mode. Les recherches sur les sourds (muets) de naissance le prouvent, ainsi que la biographie de nombreux mathématiciens et calculateurs prodiges. Lacan serait moins prolixe s’il avait un peu étudié la psychologie. Chronique n° 219 parue dans F.C. – N° 1503 – 3 octobre 1975 [|Capture_d_e_cran_2014-11-10_a_12-28-10.png|]
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 19 janvier 2015

 

  1. Aimé Michel s’est beaucoup intéressé durant les années 70 aux expériences de laboratoire faites sur les rongeurs par les physiologistes et les psychologues. Sans jamais tomber dans une conception anthropomorphique du rat ni ratomorphique de l’homme, il s’est attaché à montrer que la physiologie et le comportement de ces mammifères pouvaient nous en apprendre beaucoup sur nous-mêmes. En voici quelques exemples. Dans Eschatologie de la drogue (n° 41, 28.06.10) il résume les expériences de John R. Nichols qui montrent qu’il existe une susceptibilité héréditaire aux drogues (alcool, morphine,…) et que l’on naît plus ou moins sensible aux drogues. Dans Cancer et société (n° 62, 17.01.2011), on apprend que l’évolution des tumeurs cancéreuses chez des souris dépend de leur environnement psychologique suivant qu’elles sont isolées ou groupées en cage de dix. « La teste bien faicte » (n° 182, 17.02.2014) et Dans la machinerie cérébrale (n° 183, 24.02.2014) montrent qu’on peut mettre en évidence des modifications biochimiques et synaptiques dans le cerveau à la suite d’un apprentissage. Les chroniques L’inconscient domestiqué ? (n° 204, 30.09.2013), La science imprévisible (n° 211, 15.09.2014) et Le témoin caché (n° 213, 22.09.2014) s’interrogent sur le biofeedback et la maîtrise consciente des activités inconscientes.
  2. L’étude en laboratoire des animaux est certes riche d’enseignements mais elle a donné lieu à une dérive, appelée béhaviorisme, héritière de la conception cartésienne de l’animal-machine, où le comportement d’un animal est compris comme une simple réponse à un stimulus. Depuis plusieurs dizaines d’années, on a bien compris que l’animal n’avait pas cette passivité et qu’il n’y avait pas lieu de mettre de côté l’activité de son cerveau et ses représentations internes. Les naturalistes quant à eux ont toujours été persuadés qu’il n’était pas suffisant d’étudier les animaux en laboratoire pour bien les comprendre, qu’il fallait aussi les étudier dans leur environnement naturel. Cette approche complémentaire, déjà illustrée au XIXe siècle par des naturalistes géniaux comme Jean-Henri Fabre, s’est constituée en discipline propre et s’est faite pleinement reconnaître sous le nom d’éthologie vers le milieu du XXe siècle. Le principal fondateurs de l’éthologie a été Konrad Lorenz, né à Vienne, dont l’essentiel de la carrière se déroula en Bavière. Il fut dès le début un adversaire des vitalistes et des béhavioristes. La grande différence entre les deux approches est que le psychologue de laboratoire pose des problèmes que l’animal doit résoudre tandis que l’éthologiste s’intéresse aux problèmes que l’animal se pose et résout pour vivre. D’un côté, Aimé Michel s’est toujours opposé à la conception de l’animal-machine (n° 10, Le coup de pied de Malebranche : « Cela crie, mais cela ne sent pas », 27.04.2009) et aux extrapolations hasardeuses d’un béhavioriste comme Skinner (n° 151, Les poux, les enfants et le lion – Skinner, Walden II et Twin Oaks : une société régie par les lois de la science, 29.04.2013). D’un autre côté, il s’est montré un vulgarisateur enthousiaste des travaux et idées des éthologistes, notamment de Lorenz auquel il se réfère souvent. Toutefois, sans doute dans le but d’intéresser son lecteur mais pas seulement, il s’en est rarement tenu à une présentation des résultats obtenus par les éthologistes mais s’est attaché, non sans prendre quelques risques, à montrer l’importance de leurs observations biologiques pour la compréhension de l’homme. Dans L’hormone de la contestation (n° 9, 28.09.2009) il rapporte la thèse de Lorenz selon laquelle la crise de la jeunesse résulte d’une contradiction entre l’évolution biologique (la puberté survient plus tôt) et l’évolution sociale (l’indépendance adulte arrive plus tard). Dans L’importance des premières années (n° 79, 20.06.2011) il analyse l’influence de l’éducation précoce à l’aide de l’empreinte découverte par Lorenz. Dans La grenouille au fond du puits (n° 90, 31.08.2011) il montre en se fondant sur les travaux de von Uexkhull que les animaux sont assujettis aux limitations de leur cerveau et il étend cette conclusion à l’homme (une idée qui depuis lors fait lentement son chemin). Dans La bête humaine (n° 92, 03.10.2011) il explique les stimuli déclencheurs découverts par les éthologistes et surprend le lecteur en montrant que nous-mêmes nous avons rarement conscience des vrais buts de nos actes. Le roi sans dents (n° 118, 18.10.2010) est l’occasion de montrer que la loi sociale qui règne dans les sociétés de singes n’est nullement la « loi de la jungle » et d’une façon générale que « La sécurité physique et morale, la tendresse filiale et parentale, l’estime des proches, le rang social, tout cela existe à l’état quasi pur chez les animaux supérieurs. ». Il estime donc que « les moralistes ne pensent pas assez aux animaux, avec qui nous partageons toute la part instinctive de notre être, et, en ce qui concerne les animaux supérieurs et surtout les singes, une partie de nos mécanismes mentaux. » Aimé Michel a très longuement médité tous ces faits. Je pense que sa méditation a atteint un point culminant en 1976 lorsqu’il écrit la chronique « Miaou ». et tout est dit ? (n° 262, 08.0.4.2013), là encore introduite par des propos de Konrad Lorenz. L’homme y apparaît travaillé de l’intérieur par la cruauté du passé pré-humain dont il hérite (l’antidécalogue) et les aspirations de son être profond à l’amour et à la vérité (le décalogue). Le monde où nous sommes est « mystérieux et cruel » mais il ne peut être compris sans l’amour qui en est la source et le point d’arrivée.
  3. Les différences de QI entre classes sociales ont été l’objet de controverses inextricables. On trouvera des indications sur cette question dans les chroniques n° 114, L’homme chiffré – Les sciences humaines aussi permettent de prévoir : l’exemple du QI (22.04.2012), et n° 190, Avortement et biologie – Les effrayantes perspectives ouvertes par les progrès de la biologie (11.07.2011).
  4. Chez les vertébrés la myélinisation est essentielle à la conduction rapide des potentiels d’action (influx nerveux) au long des axones, c’est-à-dire à la propagation d’un point à l’autre de l’information nerveuse à l’intérieur du cerveau et entre le corps et le cerveau (sur ce point voir la note 3 de la chronique n° 38, La petite lampe de Prague – La relation cerveau-machine, 12.04.2010, où ce qui est dit des neurones sensoriels s’étend en fait à tous les neurones). Chez l’homme, la myélinisation commence peu avant la naissance et se poursuit longuement après : elle ne s’achève qu’après les premières années de la vie. Au cinquième mois de la grossesse l’essentiel du cerveau, de la moelle épinières et des organes sensoriels est en place. Autour des neurones certaines cellules gliales migrent le long des axones, se mettent bout à bout et émettent des prolongements en nappe qui s’enroulent autour des axones. Cet enroulement, qui peut atteindre plusieurs centaines de tours, crée une gaine formée d’un mélange de lipides riche en cholestérol, la myéline, dont la résistance électrique est élevée. Chaque cellule gliale forme cette gaine sur une longueur variable qui peut atteindre un millimètre. Chaque gaine est séparée de la suivante par un interstice d’environ 1 micromètre de long, le nœud de Ranvier. La raison d’être de cette organisation est qu’un axone ainsi myélinisé conduit un potentiel d’action environ 10 fois plus vite qu’un axone non myélinisé tout en consommant moins d’énergie. En effet, dans un axone non myélinisé le potentiel d’action se propage de proche en proche assez lentement (quelques mètres par seconde) alors que dans un axone myélinisé il saute directement d’un nœud de Ranvier au suivant (avec la célérité de la lumière) si bien que sa vitesse de conduction peut atteindre 75 mètres par seconde. Cette vitesse a une importance vitale car d’elle dépend la rapidité avec laquelle un animal traite l’information dans son cerveau et réagit à la présence d’une proie ou d’un prédateur. Quant à l’économie d’énergie de la conduction saltatoire elle provient de la diminution de la surface d’axone où se produisent les potentiels d’action. En effet, chaque potentiel d’action résulte d’un échange d’ions (une entrée de sodium dans l’axone et une sortie de potassium) que le neurone doit compenser en permanence en consommant de l’énergie. Comme le maintien de l’équilibre ionique des neurones est l’une des principales dépenses énergétique de l’organisme chez l’homme, plus un neurone est économe en énergie, plus le nombre de neurones peut s’accroître. On a vu précédemment l’importance de ce fait pour comprendre l’évolution du cerveau humain (voir la note 2 de la chronique n° 237, L’homme dénudé par la machine – Tout ce qui n’est pas son âme sensible et contemplative sera bientôt évacué dans la machine, 08.12.2014).
  5. Sur l’importance des quatre premières années voir les chroniques n° 79 (L’importance des premières années, 20.06.2011) et n° 114 (L’homme chiffré, 22.04.2012) déjà citées. Dans cette dernière, Aimé Michel rapporte l’étude du psychologue Lee J. Cronbach qui montre « qu’à cinq ans tout est pratiquement joué, du moins en ce qui concerne le quotient intellectuel (Q.I.) : le Q.I. mesuré entre quatre et six ans ne varie plus, ou presque plus par la suite. À partir de neuf ans, il ne varie plus du tout. »
  6. La chute de l’Empire romain est un sujet de débat inépuisable chez les historiens depuis le XVIe siècle tant la nature et l’importance relative de ses causes externes, les invasions barbares, et internes prêtent à discussion. Pour Montesquieu (Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734) « une bigoterie universelle abattit les courages et engourdit tout l’empire ». Trente ans plus tard, Gibbon visitant les ruines du Capitole est saisi d’une mélancolie d’où sortira son œuvre célèbre Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain (1776) qui dépeint une Rome affaiblie par le christianisme avant d’être submergée par les Barbares. Aujourd’hui, les historiens sont plus nuancés. Ils sont partagés sur le rôle des « Grandes Invasions » entre la fin du IVe siècle et la fin du VIIe. Si les uns considèrent que les Barbares ont assassiné une civilisation en plein renouveau, les autres les dédouanent en remarquant que des signes de désorganisation sont apparus dès le IVe siècle avant les Grandes Invasions. Ils invoquent des causes essentiellement internes autres que l’essor du christianisme telles que: société sclérosée, poids excessif des villes, épidémies de peste, saturnisme dû au plomb des canalisations, impôts décourageants, administration tatillonne, désorganisation économique, séparation définitive des deux parties de l’Empire après la mort de Théodose (395). De toute évidence les causes sont multiples, se renforcent les unes les autres et concourent à l’effondrement démographique final. Dans ce contexte la suggestion d’Aimé Michel quant à une dégradation de la condition de la femme mérite certainement attention. Quoi qu’il en soit, depuis cinq siècles l’exemple de la chute de Rome suscite des spéculations sur le sort des civilisations. Notre époque ne fait pas exception qui craint les menaces à la fois internes, avec la crise économique et écologique, et externes avec les nouveaux Barbares djihadistes à nos portes. C’est la lecture en négatif de la période de mutations accélérées que nous traversons qu’Aimé Michel qualifiait d’Apocalypse molle.
  7. En 1768, la République de Gênes céda à la France sa souveraineté séculaire sur la Corse. Pascal Paoli, qui était parvenu en 1755 à libérer l’île de la domination génoise, résista aux troupes françaises avec, à ses côtés, Charles-Marie Bonaparte et sa jeune épouse, la belle Laetitia Ramolino. Cette dernière, femme de caractère, partagea souvent les périls de son mari et le suivit à cheval dans ses expéditions, même pendant sa grossesse. C’est encore souffrante des fatigues éprouvées dans la guerre qu’elle mit Napoléon au monde, le 15 août 1769. Léonard de Vinci naquit le 15 avril 1452 dans le village d’Anchiani près de Vinci à 30 kilomètres de Florence en Toscane d’une union illégitime. Sa mère, Caterina, était une paysanne qui pourrait même être une esclave venue d’Orient, tandis que son père, ser Piero (ser du latin senior qui donna signore en italien, seigneur, sieur, sire, monsieur en français, sir en anglais), était un notaire issu d’une famille de notables florentins. Bien que ser Piero considérât Léonard dès sa naissance comme son fils à part entière et le prit chez lui, il ne le légitima jamais. Les deux parents se marièrent séparément : Caterina épousa un paysan du village quand Léonard avait cinq ans et Piero la fille d’une riche famille de Florence. Cette dernière choya le petit Léonard (ce qui affaiblit les remarques de Freud sur la pénible condition du bâtard) mais elle mourut en couches à 21 ans.