Des Sœurs et des masques - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Des Sœurs et des masques

Les Petites sœurs de la Consolation du Sacré-Cœur et de la Sainte Face, à Draguignan, fabriquent désormais des masques de protection pour la population. Un nouvel apostolat soutenu par une intense vie de prière, que détaille Sœur Isabelle de la Sainte Face, religieuse de la communauté.
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« Nous confectionnons plus de 200 masques par jour »

« Nous confectionnons plus de 200 masques par jour »

© La Consolation

Comment en êtes-vous venues à fabriquer ces masques ?

Sœur Isabelle : Dans cette période de désert qu’est l’épidémie – désert qui correspond à notre vocation héritée de la vie du bienheureux Charles de Foucauld –, nous n’avons rien cherché. Tout a été reçu !

Il y a eu une première demande de notre évêque, Mgr Dominique Rey, pour que nous puissions adorer chez nous le Saint-Sacrement de 9 h 30 à 22 h, et que les Sœurs se relaient dans la prière, avec une retransmission sur YouTube pour permettre aux gens de suivre nos offices et de s’associer à notre prière. Dans le même temps, le maire de Draguignan nous a demandé de pouvoir confectionner des masques, car il sait que nous avons un atelier de couture. La mairie nous a donné un patron, agréé par un épidémiologiste.

À qui sont-ils destinés ?

Aux commerçants, à la police de Draguignan pour le moment… Cette situation est comme une grâce parce que comme le dit le P. de Foucauld, même dans le désert, « il faut aller au lieu le plus utile pour le prochain ». Et là il me semble que c’est une urgence : notre tristesse est de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes !

De qui proviennent-elles ?

De personnes en contact avec d’autres, dans le commerce ou dans une œuvre d’aide sociale, etc. Les demandes affluent. Nous confectionnons plus de 200 masques par jour, mais nous ne pouvons aller plus vite. Nous nous réjouissons de voir d’autres communautés s’y mettre, car les besoins sont énormes, et il est assez frustrant d’entendre les appels de différentes villes sans pouvoir les satisfaire.

Un maire qui demande de l’aide à une communauté religieuse, c’est original…
Tout cela se fait grâce à Notre-Dame du Peuple, qui fédère à la fois la paroisse, la mairie, les communautés… C’est très visible dans notre ville : tous les ans, le 8 septembre, lors d’une messe en plein air, les consuls – désormais le maire –, remettent symboliquement les clés de la cité à la Vierge Marie, pour la remercier d’avoir protégé la population de Draguignan des épidémies de peste. Cette cérémonie a lieu devant la chapelle ex-voto Notre-Dame-du-Peuple, qui date de 1524 ! Le lien est si fort que le 6 septembre prochain, le cardinal Sarah sera parmi nous pour remercier Notre-Dame du Peuple de ses bontés maternelles.

Tous les Dracénois, même ceux qui ne mettent jamais les pieds à l’église, se tournent vers elle. Sur nos cartons de masques, il est inscrit : « Notre-Dame du Peuple, protégez Draguignan et le monde entier », avec une notice relatant tous ses bienfaits, afin de réveiller cette piété populaire qui nous paraît si importante.

Comment sont organisées vos journées avec ce nouvel apostolat ?

Nous maintenons notre vie contemplative avec tous nos offices et des permanences d’adoration où les Sœurs se relaient. Et puis les Sœurs se succèdent dans l’atelier de masques, où il y a différents postes pour les étapes de réalisation : découpage du tissu, des liens, la couture, etc. Des postes selon les compétences de chacune ! Quand nous avons produit notre millième masque, le jour de l’Annonciation, nous avons fait une sorte d’ex-voto sur un papier en inscrivant : « Notre-Dame du Peuple, protégez Draguignan et le monde entier et convertissez-nous ». Mille masques, ça fait beaucoup de temps, d’amour et de prière ! Ça dit tout. En faisant nos masques, qui sont d’ailleurs bénis, nous prions pour tous ceux qui vont les porter.

Finalement, c’est « ora et labora » !

Complètement ! Le P. de Foucauld disait que sa vocation était d’imiter le plus parfaitement possible « Notre-Seigneur dans sa vie cachée de Nazareth » : une vie de prière, de travail et, disait-il, de « soumission ». Cette soumission, nous la vivons à travers l’obéissance à la volonté de Dieu, manifestée par notre évêque et même par la demande du maire.

Comment votre activité de fabrication de masques est-elle perçue par la population ?

Nous recevons des messages très touchants. Récemment, nous en avons reçu un de la part d’une dame d’origine juive : « Bon courage à vous en ces temps bien difficiles. Vous faites rayonner votre belle religion. Cela met du baume au cœur. Je ne suis pas chrétienne, mais de tout cœur avec vous. » Sans parler de ceux qui font tout pour nous donner du tissu ou de nouvelles machines à coudre !

Comment qualifieriez-vous votre prière, lors de l’adoration ?

C’est une prière d’intercession, d’adoration bien sûr, pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, comme le dit la prière de Fatima. Une prière d’intercession pour toutes les personnes qui sont sur le front, pour ceux qui doutent, qui n’ont pas la foi. Intercession aussi pour tous ceux qui aimeraient avoir les sacrements mais qui ne le peuvent plus, qui aimeraient adorer mais qui ne le peuvent plus. Nous sommes des canaux entre les mains du Bon Dieu. Comme le P. de Foucauld, qui faisait l’adoration du Saint-Sacrement dans son désert, nous savons que Jésus rayonne sur la ville, sur notre pays. Nous ne sommes que des instruments, privilégiés !

Comment vivre chrétiennement son confinement ?

Il faut rester avec le Seigneur. Durant son agonie, Il a demandé de veiller et de prier. C’est à chaque famille de voir comment vivre cette vie de prière en famille, avec son organisation propre. Ce qui console aussi beaucoup Jésus, c’est la charité fraternelle, qui doit être vraiment déployée dans ce confinement. Car le confinement ne rend pas les choses faciles. Il faut que chacun essaye d’apaiser les uns et les autres en vivant le quotidien sous le regard de Dieu.
Et puis il existe beaucoup d’initiatives proposées sur Internet. La nôtre, mais aussi beaucoup d’autres, avec des prêtres présents sur les réseaux sociaux. Il faut maintenir le lien, c’est important. D’autre part, il est fructueux de faire une communion spirituelle et de rendre grâce pour ces sacrements qui nous sont donnés et dont on ne mesure pas forcément l’importance vitale. Surtout lorsque nous vivons dans une société très axée sur la consommation.
Enfin, il faut implorer le Ciel que ces secours nous soient toujours donnés, comme disait l’oraison de la messe d’il y a quelques jours.

Le climat anxiogène de l’épidémie a de quoi inquiéter…

Il faut entendre certainement, sans panique et avec beaucoup de confiance, ce qui peut être des avertissements. Il suffit de lire les Saintes Écritures. Et comme la Parole de Dieu est toujours vivante, cela veut dire que le Seigneur nous appelle constamment à la conversion.

Nous sommes persuadées que cette conversion passera par la Vierge Marie. La France doit redécouvrir que la Sainte Vierge est sa reine.