Spiritualité du désert - France Catholique

Spiritualité du désert

Spiritualité du désert

Après avoir été attiré par Dieu dans une foudroyante conversion, le bienheureux Charles de Foucauld a passé sa vie avec Lui au désert.
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Ermitage de Charles Foucauld sur le plateau de l'Asskrem à 2780 m, dans le Hoggar, à 80 km de Tamanrasset dans le sud algérien. Contruit en juillet 1911.

Ermitage de Charles Foucauld sur le plateau de l'Asskrem à 2780 m, dans le Hoggar, à 80 km de Tamanrasset dans le sud algérien. Contruit en juillet 1911.

CC by-sa : Patrick Gruban

«Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. C’est un temps de grâce, c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l’esprit intérieur : la vie intime avec Dieu, la conversation de l’âme avec Dieu dans la foi, l’espérance et la charité ». Dans cette lettre de 1898 adressée au Père Jérôme, se trouve parfaitement résumé ce qu’est le désert pour le Père de Foucauld. Qui ajoute : « Plus tard, l’âme produira des fruits exactement dans la mesure où l’homme intérieur se sera formé en elle. »

Une soif nouvelle

Dieu l’a attirée au désert, cette âme errante qui ressemblait à tant de nos contemporains, avant même sa conversion. Fasciné par les grandes étendues, l’explorateur découvrit la transcendance de Dieu et le goût de la prière. Revenu à Paris, il n’était plus le même : le désert avait creusé en lui une soif nouvelle, brûlante : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ! » Charles de Foucauld découvrit alors l’amour infini du Cœur de notre Sauveur. « Il m’est impossible de comprendre l’amour sans la recherche de la ressemblance », ce qui le conduira, au cœur du Sahara, à passer des heures au pied du tabernacle dans la fréquentation des Saintes Écritures.

Dépouillement

Notre conversion passe par cette ascèse du jeûne, plus large que la simple privation de nourriture. Pour le Père de Foucauld, l’imitation de Jésus demande de nous dépouiller de tout ce qui n’est pas Lui, de mener la vie cachée de Nazareth pour Le laisser totalement régner en nous. Grain de blé qui devait mourir pour germer, il écrit le jour de sa mort : « Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux âmes. » 

Le désert n’a jamais été pour lui une fin en soi. Il a cherché le lieu « le plus utile au prochain » et était prêt, pour l’extension de l’Évangile, « à aller au bout du monde. » Ayant parcouru l’Algérie et le Maroc, aucun peuple ne lui parut plus abandonné. Convaincu après sa conversion que « Jésus suffit ; là où il est, rien ne manque », il partit pour le désert, non pour assouvir un idéal personnel, mais pour vivre Nazareth en ces lieux et y porter le Christ : « J’ai le bonheur de placer − pour la première fois en pays touareg − la sainte réserve dans le Tabernacle. » Ce « petit frère universel » qui recevait jusqu’à 60 personnes par jour a vécu l’enseignement qu’il mit sur les lèvres de Jésus : « Je vous apprends d’abord qu’on peut faire du bien aux hommes […] sans paroles, dans le silence, et en donnant le bon exemple. »

Pendant le Carême, en suivant le Père de Foucauld au désert de la contemplation, le Seigneur nous aidera à repérer ce qui, dans notre vie, fait obstacle à l’union à Lui, invitera à nous « vider » de tout ce qui n’est pas Lui, pour nous remplir de Sa Présence et Le porter à nos frères par l’exemple. Ainsi entrerons-nous dans cette spiritualité du désert qui n’est autre que la vie cachée à Nazareth où nous tâcherons, dans la simplicité de notre quotidien, « d’être et de faire à chaque instant ce que Dieu veut que nous soyons et fassions ».