Depuis la sortie du film Sacré-Cœur, le sanctuaire de Paray-le-Monial connaît un afflux inédit : appels, mails, visites et demandes de confessions se multiplient, de toute la France. Chaque jour, lors de la messe des pèlerins, il n’est pas rare qu’une vingtaine de personnes, souvent aux « périphéries » de l’Église, indiquent être venues après avoir vu le film. Le dimanche 9 novembre, près de 80 personnes se sont présentées au sanctuaire en deux heures, un record exceptionnel pour la saison. Le sanctuaire a même dû s’organiser en conséquence, dispensant aux bénévoles et acteurs touristiques locaux un argumentaire spécifique et des clefs pour répondre aux nombreuses questions des visiteurs.
À Nantes, les Visitandines croulent sous les commandes de sauvegardes, et ne parviennent pas à toutes les honorer dans l’instant. La cadence est passée à 500 par semaine. Cet engouement ne retombe pas : grâce à l’incarnation du Sacré-Cœur, le film propose une expérience qui laisse peu de gens indifférents.
« Ce lieu est miraculeux »
Un jeune couple de 22 et 24 ans a fait le voyage de nuit pour se rendre à Paray-le-Monial, avant de repartir le soir même : « Nous venions de voir le film Sacré-Cœur. Nous ne sommes pas pratiquants, mais nous sommes venus à Paray pour tout vivre ! Nous avons participé à l’adoration, nous nous sommes confessés, nous avons suivi le parcours jubilaire. Avant de repartir, nous avons écrit deux lettres à Jésus et à sainte Marguerite-Marie. Ce lieu est miraculeux. »
Une mère de famille raconte : « Nous avons vu le film en famille, tous les cinq. À la fin de la projection, mon fils de 22 ans a acheté un billet d’avion pour se rendre à Rome. Mon deuxième de 19 ans a acheté une Bible. Et mon petit dernier de 13 ans m’a demandé de l’inscrire au catéchisme de son collège, et souhaite se faire baptiser. Mon époux allume désormais quotidiennement la chaîne KTO pour suivre les messes. Ce film a changé nos vies. »
Sacré-Cœur est diffusé jusqu’en Afrique. À Abidjan (Côte d’Ivoire), après la projection, un prêtre a décidé d’instituer l’Heure sainte dans sa paroisse.
« La puissance de Dieu »
Pour le Père Joël Guibert, qui a participé au film, « ce succès est inexplicable. Il est la signature de l’Esprit Saint. Dieu seul peut en être l’auteur. Nombreux sont ceux qui souhaitaient ardemment l’interdire, mais le film a conquis les âmes. » Notre-Seigneur n’avait-il pas promis à sainte Marguerite-Marie : « Je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer » ? « Jésus divulgue ses grâces par un moyen simple, ce film, poursuit le Père Guibert. Car la puissance de sa grâce n’a nul besoin de grands moyens pour éclater. Ce succès subit et inattendu montre clairement que la pastorale de Dieu échappe au maillage des plans parfaitement organisés et maîtrisés de l’institution. Le film évangélise la France et le monde : non, ce n’est plus ringard d’être catholique, cela devient même intéressant. Le Christ n’est plus une personne à piétiner. »
« Mes larmes coulaient »
Le dynamisme du Sacré-Cœur se manifeste également à travers les relais humains. Une femme a voulu se rendre à Paray-le-Monial pour constater de ses propres yeux. « Je souhaitais rester, jour et nuit, dans la chapelle, alors même que je ne savais pas ce qu’était le Saint-Sacrement. Mes larmes coulaient, sans s’arrêter. Je voulais que le Cœur du Christ me remplisse tout entière. Il y a quelque chose, ou même Quelqu’un qui m’a guidée à Paray : j’ai trouvé un hôtel tout de suite, et j’ai pu faire garder mon chien sans même chercher. Je devais venir. Et je me suis confessée. »
Les pèlerins, curieux et (re)convertis, affluent de l’autre bout de la France, ou même de l’étranger, comme cette jeune femme, venue de Suisse. « Je ne suis pas catholique. Lorsque j’ai vu l’affiche du film près de chez moi, j’y suis allée sans réserver, me disant qu’il n’y aurait que trois spectateurs. Lorsque je suis arrivée, il y avait 350 personnes dans la salle. J’ai dû attendre la séance suivante. Je suis allée à Paray. Je ne pensais pas rester aussi longtemps, je devais retourner travailler. Mais je suis repartie retournée. »
« Le langage du symbole »
« Jésus ne s’impose pas, parce qu’il est amour, explique le Père Martin Pradère, auteur des Trois appels du cœur de Jésus (Éditions du Carmel). Le Cœur en est le symbole par excellence. Le cinéma est un bon moyen de donner à découvrir le Cœur de Jésus : c’est le langage de l’image et du symbole, qui permet de parler au cœur. Il permet une expérience, qui prime sur le discours. »
Les expériences mystiques ne sont pas rares non plus, comme le raconte cette femme venue de l’Eure-et-Loir : « À mon arrivée à Paray, après avoir vu le film, je suis tombée devant la grande statue dorée du Sacré-Cœur, dans le jardin. Là, il m’est arrivé quelque chose d’inouï. J’ai perdu l’équilibre, je me suis sentie traversée de la tête aux pieds par quelque chose. C’est en pleurant que je me suis dirigée vers un prêtre pour me confesser. Je reviendrai. »
Pour le Père Pradère, « l’un des mérites du film est de montrer que la dévotion au Sacré-Cœur n’appartient pas au passé, mais au présent. Il ne s’agit pas de quelque chose de politique, idéologique ou sentimental, mais d’une rencontre avec le Christ. »
« Je souhaite que le Bon Dieu bénisse Steven et Sabrina Gunnell pour leur foi, conclut le Père Guibert. Il fallait être vraiment fou pour réaliser un film de ce genre dans notre monde actuel. Et ils l’ont fait, parce qu’ils ont cru. »














