Où en est le film aujourd’hui ?
Hubert de Torcy : Nous en sommes à 452 000 entrées, et nous espérons franchir les 500 000 à la fin de l’année. À sa sortie, il était diffusé dans 155 salles. Nous sommes montés à 365 en septième semaine, malgré la concurrence : il sort une douzaine de films chaque mercredi, de sorte que le nombre de salles, habituellement, se réduit vite. C’est le documentaire qui aura fait – de loin – le plus d’entrées cette année. Et il n’y en aura guère que cinq ou six qui en auront fait plus depuis vingt ans ! C’est une lame de fond.
Il entame désormais sa carrière à l’étranger…
D’abord dans les pays francophones : en Europe, en Afrique, au Canada. Puis, l’an prochain l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, avant l’Amérique latine et les États-Unis que leurs évêques consacreront au Sacré-Cœur en 2026 ! C’est d’autant plus remarquable qu’un documentaire s’exporte assez mal. Celui-ci étant 100 % français – toutes les personnes interviewées sont françaises, – il n’était pas du tout certain qu’il fasse cette carrière internationale. Mais l’universalité du Sacré-Cœur le permet !
Est-ce le signe d’une attente spirituelle ?
Sans aucun doute. Le succès du film est le résultat de sa qualité cinématographique, mais aussi de sa capacité à provoquer une émotion spirituelle, et même la conversion de spectateurs transpercés par le message d’amour inconditionnel du Christ pour chacun. Les gens ont soif qu’on leur parle de foi, qu’on leur parle de Dieu. Des études américaines confirment cette attente. Il y a un fossé entre ce que proposent les producteurs et les distributeurs et la place que la foi tient dans la vie de tout homme.
Quelles leçons tirez-vous de ce succès ?
Sacré-Cœur clarifie les choses. La profession a tendance à penser que les films chrétiens sont une « niche ». Mais ce résultat prouve que le public chrétien, quand il se mobilise, notamment grâce au tissu ecclésial, peut assurer le succès d’un film. N’oublions pas qu’il y a 2 à 3 millions de personnes qui vont à la messe le dimanche ! L’autre leçon, c’est qu’il faut être spirituellement audacieux. Et répondre à cette soif de transcendance de manière authentique, sans diluer le message au motif d’atteindre le plus grand nombre. Le Pape a récemment exhorté les réalisateurs et les comédiens à faire du cinéma « un art de l’esprit ». Il ne faut pas être tiède !
Parmi vos projets figure un film sur sainte Thérèse de Lisieux…
Ce film s’inscrira dans cette veine. Thérèse, c’est un défi : une jeune femme qui passe sa courte vie entre les quatre murs d’un couvent, a priori, ce n’est pas très cinématographique ! Il y a plusieurs manières d’affronter ce défi : celle d’Alain Cavalier, aride et dépouillée, ou plus suave, comme l’ont fait les Américains. Le film de Vincent Mottez sera d’une grande exigence spirituelle. Nous avons hâte qu’il voie le jour. Mais nous sommes encore à collecter les financements.
Comment cela se passe-t-il à l’étranger ?
Les États-Unis ont plusieurs années d’avance sur nous. Il y a eu bien sûr, en 2004, La Passion du Christ, de Mel Gibson, qui demeure le film le plus rentable d’un producteur indépendant. Mais c’est surtout à partir de 2014 que Hollywood a renoué avec les thèmes bibliques : Exodus, Noé… Et des productions bien plus modestes ont connu cette année-là un grand succès, comme Dieu n’est pas mort (God’s Not Dead) qui a rapporté 65 millions de dollars pour un budget de 2 millions, ou encore : Et si le ciel existait ? (Heaven Is for Real). Depuis, plusieurs majors ont créé des structures dédiées au cinéma chrétien. Sans oublier The Chosen et Angel Studios, à qui l’on doit par exemple Sound of Freedom et Le Roi des rois, aujourd’hui à l’affiche.














