Peut-on réparer les péchés d’autrui ? - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Peut-on réparer les péchés d’autrui ?

La spiritualité du Sacré-Cœur vise à « réparer » l’ingratitude des hommes à l’égard de l’amour divin. Mais comment « fonctionne » cette réparation ?
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La vallée de larmes, 1883, Gustave Doré, musée du Petit Palais, Paris.

La vallée de larmes, 1883, Gustave Doré, musée du Petit Palais, Paris.

© Pascal Deloche / Godong

Dans l’ordre juridique et moral, l’idée de réparation est assez claire : le responsable d’un dommage se doit de le compenser, c’est-à-dire de rétablir autant que possible la situation antérieure. La même logique s’applique dans l’ordre spirituel, puisqu’un pécheur se doit non seulement de confesser sa faute et de s’en repentir, mais aussi de la réparer par une pénitence. Jusque-là, tout va bien.

Les choses se corsent quand on entend dire que, dans l’ordre spirituel, il est possible d’effectuer des actes de réparation pour le compte d’autrui. Voilà qui paraît curieux. Aucun tribunal n’accepterait qu’une peine de prison soit exécutée par une autre personne que le coupable. Saint Thomas d’Aquin lui-même en faisait la remarque : « Il semble qu’on ne puisse pas prendre sur soi la peine due par un autre. La satisfaction – c’est-à-dire la compensation – exige en effet une œuvre méritoire, or l’on ne peut ni mériter ni démériter pour autrui, puisqu’il est écrit : “Vous rendrez à chacun selon ses œuvres” (Ps 61,13). On ne peut donc pas réparer pour autrui. » (Somme Théologique Suppl. 13, 2)

« Le devoir de réparation »

Comment comprendre, donc, que ceux qui aiment Jésus-Christ puissent, efficacement, se livrer à toutes sortes d’actes de réparation en lieu et place des pécheurs ? Dans l’encyclique qu’il a consacrée au Sacré-Cœur – Miserentissimus Redemptor  – Pie XI l’affirme pourtant avec force : « La créature doit offrir, à l’égard de l’amour incréé, une compensation pour l’indifférence, l’oubli, les offenses, les outrages, les injures qu’il subit : c’est ce qu’on appelle couramment le devoir de réparation. » Il y a là une véritable difficulté, dont l’examen nous mène au cœur du mystère de la Rédemption.

Nous le disions à l’instant, il paraîtrait absurde qu’un innocent se propose pour être puni à la place d’un coupable. Mais essayons tout de même de creuser cette idée. Admettons que l’innocent en question ne soit pas un inconnu mais un proche du coupable, son père par exemple. La justice des hommes refuserait assurément une telle démarche, mais, à bien y réfléchir, elle aurait tout de même un sens. Car s’il existait un lien affectif très fort entre le père et le fils, on pourrait estimer que le père accomplit une sorte de « procuration pénale » pour le compte du fils. On dirait quelque chose comme ceci : « Le coupable était trop faible, trop dégradé, trop indigne pour pouvoir exécuter sa peine, il valait mieux accepter que son père la prenne sur lui, c’était la seule voie pour que le fils, peut-être, soit touché et revienne dans le droit chemin. » Il faudrait supposer pour cela que le fils, attaché à son père, souffre avec lui de la peine que ce dernier subirait à sa place.

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