La peur des nomades - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La peur des nomades

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Tout commence le 18 juillet. Un groupe de gens du voyage conduit une expédition dans la petite ville de Saint-Aignan (Loir-et-Cher). Réaction de colère après que l’un des leurs a trouvé la mort à l’issue d’une course poursuite avec des gendarmes. Les images d’arbres tronçonnés et de destruction de mobilier urbain tournent en boucle.

Prétexte ? Le président de la République annonce une réunion sur les « problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms ». Puis c’est le démantèlement par la force publique de campements illégaux de Roms issus de Hongrie ou de Roumanie. En échange de 300 euros par adulte, leurs occupants, s’ils l’acceptent, sont alors reconduits en avion dans leurs pays d’origine. Les Roms y constituent une minorité pauvre et victime de discriminations, souvent sédentaire. Y resteront-ils grâce aux programmes d’insertion économique que la France affirme négocier avec leurs gouvernements ? Angélisme répondent ceux qui pensent que les Roms préféreront toucher à plusieurs reprises la prime. Car la liberté de circulation des citoyens européens leur permet des allers-retours.

Le sentiment d’insécurité, la délinquance et la mendicité que génèrent les campements est au cœur du débat de même que, probablement, des relents de racisme…

« La délinquance qu’on accuse, c’est notre mode de vie » proteste un leader tsigane qui dénonce l’amalgame entre la question Rom et la problématique plus générale des « gens du voyage », dont beaucoup sont français. On parle de rafle et de dérive sécuritaire. Un prêtre confesse avoir prié pour que le président de la République ait une crise cardiaque ! La France est même tancée par plusieurs organisations internationales.

Le pape Benoît XVI a-t-il voulu aborder le sujet en exhortant des pèlerins français à l’accueil des « légitimes diversités humaines » ? Alain Minc, au moins, le pense puisqu’il se permet de contester que « ce pape allemand » puisse « parler comme il a parlé ». La saillie du conseiller du président fait sortir Christine Boutin de ses gonds. Échaudée par la stigmatisation d’une communauté, la présidente du Parti Chrétien Démocrate menace de faire sortir son parti de l’UMP. Les évêques également prennent le parti des Roms. Peu importe que les sondages d’opinion montrent des catholiques majoritairement favorables aux expulsions : les pasteurs tirent leurs brebis vers le haut. Et le cardinal Vingt-Trois dénonce « un climat malsain, une sorte de concours à celui qui paraîtra le plus sécuritaire et à celui qui paraîtra le plus moral », avant d’appeler à la sérénité du débat.

Au-delà de l’imbroglio social et politique, tout cela aura-t-il eu le mérite de mieux faire connaître les Tsiganes – mot choisi pour englober une réalité multiforme ? Sintis, Yéniches, Manouches, Gitans, Roms… La multiplicité des appellations révèle celle des origines et des façons de vivre. Certains restent nomades, au moins partiellement. Ils se reconnaissent dans l’appellation de « gens du voyage ». Ils sont commerçants, forains ou vivent d’expédients. D’autres sont sédentaires, ou « sédentarisés ».

Le mode de vie tsigane dérange : vie communautaire où la famille élargie conserve une place qu’elle a perdue dans la société individualiste, priorité à la liberté sur la propriété, déni des frontières, et parfois de certaines limites, sans oublier une foi chrétienne vive et expressive, et de solides traditions d’accueil. Certains clans vivent de juteux trafics, mais c’est souvent leur pauvreté – voire leur misère – qui tranche avec la société de consommation. S’ils n’ont pas la même conception de la pauvreté que les sédentaires, les gens du voyage ne sont pas insensibles aux mutations culturelles et économiques qui remettent en question leurs valeurs.

Les deux modes de vie sont-ils conciliables ? « Les gadjé font partie d’une sphère étrangère, non significative, hors de l’organisation sociale », lit-on chez un sociologue analysant la façon dont certains Tsiganes perçoivent les autres hommes.

Entre nomades et sédentaires, ce fut toujours la peur et l’incompréhension. Les nomades craignent d’être mal accueillis ou rejetés. Les sédentaires ont peur d’être envahis et volés. Les hordes de Huns peuplent encore notre imaginaire collectif.


L’évêque de Blois rend visite aux Roms

http://www.lanouvellerepublique.fr


Alain Minc se « met en colère » contre « le pape allemand »

Réponse de Bernard Debré à Alain Minc



"Un climat malsain dans notre société"
envoyé par Europe1fr. – L’info internationale vidéo.