La Vierge Marie, un modèle de contemplation - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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La Vierge Marie, un modèle de contemplation

Dans une civilisation qui s’apparente de plus en plus à une « conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure », selon la formule de l’écrivain Georges Bernanos, la figure de Marie rappelle le caractère indispensable de la contemplation.
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Dire que la Sainte Vierge fut une grande contemplative ne surprendra certainement personne. En effet, quand elle apparaît dans l’Évangile, à l’Annonciation, nous la voyons en prière (Lc 1, 26-38). Et, la dernière fois que nous la retrouvons, au Cénacle, elle en prière avec les Apôtres (Ac 1, 14). La Sainte Vierge est, par excellence, l’orante, la femme qui prie. En revanche, dire que la Sainte Vierge fut une grande active est plus surprenant. Et pourtant, ne serait-ce pas logique que celle qui fut la plus contemplative fût aussi la plus active ?

De l’Annonciation à la Visitation

Revenons au récit de l’Annonciation. La jeune Marie est seule, dans sa petite maison de Nazareth, l’esprit et l’âme occupés de celui qu’elle aime. C’est à ce moment que le Seigneur lui envoie son ange et lui révèle deux grandes choses : la première est que par son oui, elle devient la mère du Messie ; la seconde, que sa cousine Élisabeth, âgée et stérile, est enceinte depuis six mois.

Quand l’Ange la quitte et qu’elle se retrouve seule dans sa petite maison, que fait alors Marie ? « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda » (Lc 1, 39). Le Seigneur révèle à Marie la maternité d’Élisabeth, et elle comprend immédiatement qu’il l’invite, par là, à se rendre auprès de sa cousine pour l’aider durant les derniers mois de sa grossesse. Marie aurait pu dire « je vais prier pour elle ». Non. Elle, la grande contemplative, comprend qu’il lui faut agir, par charité, et répondre à l’appel du Seigneur.

Marie va donc ordonner ses actions d’après ce qu’elle a entendu et compris dans la prière. La prière, parce qu’elle est le lieu où la parole et la volonté de Dieu se manifestent, apparaît ainsi comme maîtresse de vie. C’est elle qui indique la voie à suivre. Et Marie se fait obéissante : elle ajuste sa volonté sur celle du Seigneur, elle part chez sa cousine.

L’obéissance suit la prière

Voici l’humble servante du Seigneur. L’obéissance permet ainsi d’actualiser ce qui a été contemplé. On voit ainsi que la prière n’éloigne pas du concret de la vie mais permet, au contraire, de mieux répondre à ses exigences.

Le cardinal Daniélou disait ainsi que « la contemplation est avant tout une certaine manière de pénétrer plus profondément dans la réalité ». On peut observer le même processus d’actualisation pour la première grande nouvelle que Marie reçoit dans la prière. Désormais, tous ses actes vont s’organiser et s’ordonner à partir de sa vocation de Mère du Dieu fait homme. De Bethléem au Calvaire, Marie agit toujours en fonction de sa vocation.

Sa prière rend ses actions fécondes

Comme la Sainte Vierge fait ce qui plaît au Seigneur, celui-ci bénit sa démarche. Elle part simplement pour apporter une aide matérielle à sa cousine et voici qu’elle lui apporte, à son insu, Jésus lui-même. En effet, sa prière l’a remplie de Jésus ; elle le porte désormais en son sein. Marie est devenue un ostensoir qui rayonne de l’amour de Dieu. C’est pourquoi quand elle salue sa cousine, Jean-Baptiste tressaille d’allégresse devant son Sauveur (Lc 1, 44). Or, cela n’était pas prévu par Marie.

Dieu se sert ainsi de nos actions pratiquées dans l’obéissance pour les sanctifier, les grandir bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. Mieux, ce n’est plus Marie qui agit, mais, en elle, c’est Dieu lui-même qui agit. Ainsi, une action enracinée dans la prière devient-elle action de Dieu.

L’action nourrit aussi la contemplation

Si les actions de Marie s’enracinent dans la prière, à l’inverse, sa prière se nourrit et se façonne à partir de son quotidien. Nous le voyons d’abord à la Visitation, avec la prière du Magnificat. Ici, Marie laisse éclater sa joie auprès d’Élisabeth, dans une prière de louange, pour rendre grâce à Dieu pour l’incarnation du Messie.

Nous le voyons également parce qu’elle est celle qui médite les événements qu’elle a vécus : elle « conservait toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19 ; 51). Cela se produit après la visite des bergers à la crèche et la recherche de Jésus au Temple, deux événements auxquels elle ne s’attendait pas. Saint Luc écrit même qu’elle et Joseph « ne comprirent pas » (Lc 2, 50) les paroles que Jésus leur adressa (Lc 2, 49). Vivant comme nous, dans la foi, Marie découvre, pas à pas, le plan de Dieu. Or, loin de rejeter l’inattendu, voire l’incompréhensible, elle les accueille et les médite, cherchant à y reconnaître le parler de Dieu. Car tout est grâce.

Nous le voyons enfin quand Marie prie pour demander de l’aide. Ainsi, à Cana, quand elle voit que le vin manque, elle se tourne vers Jésus : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Elle obtient alors le premier miracle de la vie publique de Jésus. Grâce à elle, le vin, symbole de la vie et de l’amour, rejaillit, meilleur qu’avant. Femme pleine de compassion, Marie ne peut voir une misère sans chercher à y remédier. Nous l’avons vue traverser la Galilée et la Judée pour assister Élisabeth. Ici, ne pouvant rien faire concrètement pour procurer du vin aux époux, elle demande à celui qui peut tout.

Sa vie détermine la qualité de sa prière

On pourrait se demander pourquoi la prière de Marie est toujours exaucée. D’aucuns diront que c’est parce qu’elle est la Mère de Dieu. Oui, mais en quel sens ? Quand une femme s’exclama face à Jésus : « Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés ! », Jésus lui répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent ! » (Lc 11, 27- 28). Et, il avait dit, quelque temps avant : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21).

Marie est, certes, la Mère biologique de Jésus mais, aux yeux de Dieu, cela ne semble pas l’essentiel. Plus que le lien du sang, ce que Jésus regarde, c’est la bonne volonté, l’union de volonté avec celle de Dieu. Si Jésus considère Marie de Nazareth comme sa Mère, c’est qu’il voit son cœur et sait qu’il est pur et qu’il ne veut plaire qu’à Dieu ; il n’a jamais fait que la volonté de Dieu. Elle est l’Immaculée conception, la femme telle que Dieu l’a voulue de toute éternité ; celle qui a été conçue immaculée et est restée, à la différence d’Ève, tout au long de sa vie, immaculée. Ainsi, de même qu’elle se soumet en tout au bon plaisir de Dieu, Dieu se soumet en tout au bon plaisir de Marie.

La vie entière de Marie était ainsi enveloppée de prière. Elle prie pour connaître la volonté de Dieu, pour aider son prochain et rendre grâce et elle agit d’après ce que Dieu lui dit dans la prière. Ainsi, elle a toujours une réponse adéquate pour toutes les circonstances de la vie. Elle a la réponse de Dieu parce qu’elle fait les actions de Dieu et le laisse agir en elle ; ce qui donne à toutes ses actions une valeur inestimable et en fait la plus grande active que la Terre ait portée. Mettons-nous ainsi à son école et vivons chaque instant de notre vie par elle, avec elle et en elle pour les vivre par Lui, avec Lui et en Lui.