Vendée : le débat doit être relancé - France Catholique
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Vendée : le débat doit être relancé

Vaincre ou mourir, le récit à l’écran de Charrette, pourrait permettre de discuter de la guerre de Vendée. Encore faudrait-il que la pensée officielle se débarrasse de toute esprit de vengeance, déplore l’historien et enseignant Sylvain Marcou.
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© Puy du Fou / Saje distribution

Il n’a pas fallu attendre longtemps ! Il ne faut plus s’étonner : la guerre de Vendée échauffe les esprits depuis bien des années…Un film et tout recommence, prouvant ainsi que le débat sur cette période sombre de l’histoire de France n’est absolument pas résolu. Des tonnes de livres, des tonnes d’interventions, des tonnes d’explications, pourtant, ne manquent pas ! Alors, quel est le problème ?

Clichés éternels

Le film, qui met en avant l’esprit du roi de la Vendée (Charette) face aux troupes républicaines (les bleus), a réalisé l’exploit de déclencher la haine, avant même sa sortie officielle, de celles et ceux qui – à mon avis – semblent confondre opinion et idéologie, créant ainsi toutes les ressources bien connues des clichés éternels. La Vendée se définit alors dans l’inconscient des haineux comme un camp retranché, accueillant uniquement de vieux catholiques passéistes et incapables de s’inscrire dans la modernité. Et la liste s’agrandit : la Vendée est forcément royaliste, donc d’extrême droite ! La Vendée a été manipulée par les nobles car dans l’esprit des « modernes », le paysan ne peut s’allier aux riches ! Ces concepts dignes d’une classe de sixième au collège sont pourtant bien présents et alimentent les antagonismes arrangeants (que certains historiens, pourtant, rejettent). Soutenez la Vendée de Charette et les insultes suivront ! Faites l’expérience ! Ce film peut pourtant relancer bien des débats utiles pour tous… Le génocide vendéen ? Le pardon dans l’histoire ? Le déterminisme de la violence ? L’idéologie régénératrice des Lumières ? Le rapport à l’Etat ? L’anarchisme chrétien ? Les femmes dans la guerre de Vendée ? Les femmes durant la Révolution ? La foi ? La réconciliation ?

Vengeance abstraite

Hélas, tous ces sujets essentiels pour la compréhension de la guerre de Vendée vont disparaitre au profit d’une vengeance politique abstraite et faussement moderne. D’ailleurs, qui sont ces faux modernes et ces nouveaux accusateurs d’un soir ?

Le film Vaincre ou mourir est directement rattaché au Puy du Fou ; et le succès du parc ne passe pas… Car celui-ci dérange les « fixations idéologiques » d’une partie de la société française qui rêve encore de la Révolution permanente, adversaire déclarée des valeurs familiales (et donc religieuses) et bercée par un universalisme paradoxalement plus autoritaire que républicain. Ici se trouve l’explication générale… La jalousie faisant certainement le reste.

Mais ce n’est pas l’unique raison. L’histoire de la Révolution française échappe de plus en plus à la pensée officielle, et la panique est observable : on relativise les vieilles archives… Notamment les archives familiales, bien trop gênantes pour être considérées. On fait de Robespierre un ange bienveillant et incompris, mettant ainsi en scène le nouveau mécanisme de la pensée dominante qui consiste à trouver une explication à tous les sujets qui pourraient éventuellement mettre à mal l’idéal révolutionnaire…

L’histoire a besoin de héros

Une fois de plus, cette même pensée dominante et révolutionnaire demeure aveugle : elle n’a pas compris que l’histoire ne se nourrit plus uniquement de concepts subjectifs ou d’approches argumentatives. L’histoire a besoin de héros, d’effets spéciaux et de spectacles pour intéresser ! Le Puy du Fou a compris ce bouleversement et en cela il est moderne. Vous, les accusateurs, avez des années de retard car ce qui anime vos « cœurs » c’est la nostalgie des vieilles barricades et des banderoles ! L’historienne ou l’historien de demain qui saura réconcilier blancs et bleus aura vu Vaincre ou mourir au cinéma et aura marché dans les allées du Puy du Fou, comme des millions de français de tous les horizons…

Pour ma part, je veux bien discuter du génocide vendéen, je veux bien discuter de la violence, des révolutionnaires, de Robespierre et de son rôle au Comité de salut public… Mais je veux le faire avec respect, avec écoute et d’une manière apolitique. Pour l’instant, cette envie n’est pas réalisable et de ce fait, comme l’historienne ou l’historien de demain, je choisis le camp qui me fait rêver.