Une loi de plus en plus contestée - France Catholique
Edit Template
L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
Edit Template

Une loi de plus en plus contestée

L’avant-projet de loi sur la fin de vie fâche les soignants et divise au sein même du gouvernement. Emmanuel Macron peine à imposer son soi-disant « modèle français » en matière d’euthanasie et de suicide assisté.
Copier le lien
seringue.jpg

© Diana Polekhina / Unsplash

C’est une véritable fronde. Quinze organisations de professionnels de santé ont écrit le 20 juin une lettre à Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, qui doit mettre en forme le projet de loi sur « l’aide active à mourir ». Outre l’exaspération de n’être pas entendus, les signataires de cette lettre – gériatres, oncologues, et spécialistes des soins palliatifs – refusent que ce projet figure dans le Code de santé publique. Car cela signifierait que l’euthanasie ou le suicide assisté font partie d’un parcours de soin, ce qu’ils ne peuvent pas admettre. Ils demandent que l’aide active à mourir soit inscrite dans le Code pénal, comme « une exception au principe de l’interdit de tuer ».

De son côté, le conseil national de l’Ordre des médecins, qui était convié à discuter avec Agnès Firmin-Le Bodo, a choisi de ne pas participer à cette réunion. « Nous ne pouvons pas être dans l’optique d’une co-construction […]. Ce serait une rupture du contrat moral vis-à-vis de la plupart des médecins que nous avons auditionnés pendant neuf mois », explique le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l’Ordre.

« Un message dangereux »

Au sein du gouvernement, plusieurs ministres ont manifesté publiquement leurs réticences. Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, estime dans le Figaro « que la loi envisagée par Emmanuel Macron risque d’envoyer un message dangereux aux personnes vulnérables qui les conduirait à l’auto-effacement ».

En avril, le ministre de la Santé, François Braun, avait déjà alerté sur une loi qui « changerait profondément notre société et notre rapport à la mort ». Le 24 juin, ce médecin urgentiste de formation est allé visiter à Antibes le service de soins palliatifs, avec le maire LR Jean Léonetti – l’auteur des deux dernières lois sur la fin de vie, hostile à l’euthanasie. Tout un symbole. Pilier de la macronie, François Bayrou dit, quant à lui, « s’opposer à un service public donnant la mort ».

10 000 euthanasies aux Pays-Bas

Emmanuel Macron peut-il rester sourd à ces avertissements ? Depuis les Pays-Bas, le professeur d’éthique Theo Boer – qui était pourtant un farouche partisan de l’euthanasie – met en garde la France contre les risques de dérive. Dans son pays, 10 000 euthanasies par an sont pratiquées aujourd’hui : cinq fois plus qu’il y a vingt ans. Désormais, ceux qui la réclament le font moins parce qu’ils souffrent que pour éviter à leurs proches de supporter leur déchéance physique… et le fardeau financier des soins ! À l’étranger, partout où l’euthanasie est légalisée, les lignes rouges sont chaque fois repoussées.