Un nécessaire discernement - France Catholique
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Ces Papes qui ont fait l'histoire
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Un nécessaire discernement

Pour qui les catholiques doivent-ils voter s’ils veulent demeurer fidèles à leur foi et à leur morale ? Question qu’il est difficile de ne pas poser, mais qui mène souvent à l’impasse, faute d’identifier un candidat qui transpose dans son programme les enseignements de l’Église.
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Selon le politologue Guillaume Bernard, les Français se réclamant de l’héritage catholique représenteraient 15 % des électeurs, dont 2 % de catholiques pratiquants.

Selon le politologue Guillaume Bernard, les Français se réclamant de l’héritage catholique représenteraient 15 % des électeurs, dont 2 % de catholiques pratiquants.

© Pascal Deloche / Godong

Jamais une campagne présidentielle n’avait été aussi paradoxale que celle de 2017 pour l’électorat catholique. Alors que se poursuit le déclin de la pratique religieuse, les formes de militantisme nées de La Manif pour tous avaient influencé le débat. La primaire de la droite en novembre 2016 avait donné le ton en obligeant les candidats à se positionner sur l’identité chrétienne de la France, mais aussi sur l’avortement. Dans les derniers jours de sa campagne présidentielle, François Fillon fut sommé de s’expliquer sur l’éventuelle présence d’un membre de Sens commun dans son gouvernement s’il était élu.

Rien de tout cela en 2022. La campagne est dominée par la guerre en Ukraine, sans qu’aucun débat constructif ne soit envisageable. « Pour la première fois dans une élection, les questions sur l’euthanasie, la GPA et d’autres sujets de bioéthique, bien que présentes dans les programmes, ne sont abordées par aucun candidat dans les débats, constate l’universitaire et politologue Guillaume Bernard, tout simplement parce que ces questions ne les intéressent pas. Aucun n’a une position doctrinale cohérente. »

Le politologue souligne aussi le poids du tabou idéologique : « Il n’y a que des coups à prendre, et l’IVG et l’idée de “mourir dans la dignité” sont acceptées par une majorité de Français… Pourtant, si un candidat assumait de vouloir réduire le nombre d’avortements en France avec une politique adéquate, il serait entendu », assure-t-il.

Éric Zemmour, sans doute, aurait pu prendre ce risque. Non seulement il compte rallier les suffrages sur la politique civilisationnelle à mener pour que la France reste culturellement chrétienne, mais il assume ouvertement dans son entourage la présence de Jean-Frédéric Poisson, le président de VIA, la voie du peuple, et celle de Laurence Trochu, la présidente du mouvement Conservateur, ex-Sens commun.

Comment discerner ?

Difficile donc pour les catholiques de se faire un avis sur des candidats en fonction de critères programmatiques sur lesquels l’Église propose des éléments de discernement clairs et nets. Pour Loïc Simonet, auteur de Pourquoi les catholiques ne revoteront pas Macron : « Nous ne manquons pas de points de repère si nous voulons voter en conscience et en vérité. Il faut prendre en compte le respect de la personne humaine dans son intégralité, la promotion des liens familiaux, de la liberté d’éducation, d’une économie au service de l’homme, de l’écologie humaine au sens de l’encyclique Laudato sí… »

Pour l’essayiste, qui se réfère ainsi aux points « non négociables » indiqués en son temps par le cardinal Ratzinger, en 2002 (cf. aussi p. 17), il y a urgence à se servir de son bulletin de vote car Emmanuel Macron a raté son rendez-vous avec les catholiques de France. « La nouvelle loi de bioéthique de 2021 et la “PMA pour toutes” ont fait voler en éclats nos normes de civilisation, au mépris du débat démocratique et de l’avis des experts. L’allongement du délai d’accès à l’avortement adopté récemment par une Assemblée nationale aux ordres, a rodé la stratégie d’un Président
qui s’affiche “contre” à titre personnel, mais laisse le champ libre aux éléments les plus radicaux de sa majorité. »

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